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Cocktail dangereux : La drogue du viol

19 mai 2023 - Sophie Mangado

La «drogue du viol», ou GHB, est un peu l’arbre qui cache la forêt. En réalité, toutes les drogues peuvent mettre K.-O. Effets, conséquences et protection: on démêle le tout!

Imaginez cette histoire. Élie se rend à une fête. Elle prend un verre, peut-être deux. Assez vite, elle perd le contrôle de son corps. Ses jambes deviennent molles, elle a très chaud, les battements de son coeur s’accélèrent.

Elle se rend à la salle de bain. Quelqu’un la suit, lui demande si elle a besoin d’aide. Elle est consciente, mais impossible de lui répondre.

Puis, le trou noir.

Élie se réveille des heures plus tard, partiellement dévêtue, dans un parc résidentiel près du lieu de la fête. Elle ne se souvient de rien. Ses ami·e·s n’ont rien vu.

Comme bien des victimes de soumission chimique, Élie garde un sentiment de culpabilité exacerbé par son amnésie. Elle ne connaîtra jamais le fil des événements ni l’identité de son agresseur.

Illustration: Laurianne Choquette

Party risqué

Bien que fictif, ce scénario témoigne d’une réalité. La soumission chimique est un acte criminel. Il consiste à profiter des facultés affaiblies d’une personne pour obtenir quelque chose qu’on n’aurait pas eue si elle avait été à jeun.

Dans les années 1990, le GHB est sous les projecteurs. Cette drogue produit des effets semblables à ceux de l’alcool, mais décuplés. Des personnes sont droguées à leur insu, par le biais de leur boisson et des agressions sont rapportées. L’expression «drogue du viol» s’inscrit dans la culture populaire.

Toutefois, il n’existe pas une seule drogue du viol, souligne Maïté Fournel, formatrice au GRIP (Groupe de recherche et d’intervention psychosociale, ayant pour mission la réduction des risques associés à la consommation de drogues). Cette croyance fort répandue comporte des risques : «Elle vient avec l’idée que si je ne consomme pas de GHB, je vais être correcte», poursuit-elle.

Or toutes les drogues altèrent les facultés. Il existe toujours un danger, quelle que soit la substance.

La première substance en cause dans les agressions? L’alcool.

Les substances utilisées dans les cas de soumission chimique appartiennent principalement aux catégories des dépresseurs et des perturbateurs (GHB, mais aussi alcool, cannabis, kétamine, ecstasy, champignons magiques, LSD, PCP et opioïdes).

Leurs effets secondaires sont nombreux: engourdissements, désorientation, amnésie, perte de conscience, problèmes respiratoires, modifications de la vue ou du toucher… Certains médicaments provoquent des effets similaires. En cas de mélange, les effets sont multipliés et difficilement prévisibles.

 

Pour que le party reste le fun

  • Bien se préparer.
    Où allez-vous? Avec qui? Sortir dans un lieu connu, avec des personnes de confiance, c’est un facteur de protection.
  • Prévoir le retour à la maison.
    Tard dans la soirée, c’est plus compliqué.
  • Désigner une personne comme gardienne de la soirée.
    Elle sera responsable de ne rien consommer et de veiller sur les autres.
  • Prendre soin de votre gang.
    Votre amie a consommé et s’éclipse avec une personne inconnue? Vous craignez qu’il se passe quelque chose? Allez la trouver! Un ami a consommé et ne se sent pas bien? Ne le laissez pas seul.
  • Rester à l’écoute de vos sentiments et de vos limites.
  • Vous vous sentez mal?
    Dites-le sans attendre à une personne fiable.

Consentir et consommer?

Altération du jugement, de la mémoire ou de l’inhibition… Sous l’effet d’une drogue, il est plus difficile d’agir conformément à nos valeurs ou de respecter nos limites et celles des autres. Le consentement n’est valide que si la sobriété est au rendez-vous pour toutes les personnes impliquées. Point barre.

Détecter l’invisible? Pas si simple!

Inodore, incolore, insipide et très puissant à faible dose, le GHB est facile à dissimuler. Des établissements fournissent des sous-verres permettant de détecter sa présence dans une boisson. Pas bête, mais efficaces uniquement avec le GHB.

En 2014, l’entreprise américaine Undercover Colors a développé un vernis à ongles, des pastilles de plastique et des bandelettes capables de détecter certains médicaments, comme le Xanax, le Valium et le Rohypnol. Après un buzz médiatique, et des millions de dollars investis en recherche, les tests n’ont pas été concluants. À ce jour, ces tranquillisants ne sont toujours pas détectables.

Reste le capuchon de verre. Certaines marques ont même créé des chouchous à cheveux qui se transforment en couvercles textiles! «Le problème, c’est que ces accessoires ne sont pas infaillibles, prévient Maïté Fournel. Ils créent un faux sentiment de sécurité.»

Que faire, alors?

La responsabilité ne devrait jamais reposer sur les victimes. La clé passe par l’éducation et la sensibilisation. «On explique tout le temps comment ne pas se faire agresser, mais il faudrait surtout rappeler que profiter d’une personne en situation de vulnérabilité, ça ne se fait pas», souligne Marie-Claude Sauvé.

 

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