YouTube et burn out

5 décembre 2018 - Curium

Lilly Singh

 

Elle est suivie par 13 millions de fans. Et vient d’annoncer qu’elle se retire de YouTube pour protéger sa santé mentale. Lilly Singh est en burn out. Comme Elle Mills, Alisha Marie, Grace Helbig…

Toxique, YouTube? Un fait demeure : de plus en plus de youtubeurs et youtubeuses sonnent l’alarme. Anxiété, burn out, dépression… la plateforme use ses créateurs.

Au Québec, on note aussi le phénomène. «  Tout est en place pour la tempête parfaite! » affirme d’ailleurs Gabrielle Madé, directrice de l’agence de youtubeurs Slingshot sur les ondes de Radio-Canada ici.  Selon elle, plusieurs facteurs expliquent cette épidémie de burn out :

  • Les youtubeurs sont des travailleurs autonomes. Ils sont donc souvent seuls, écrivent seuls, font le montage seuls. C’est un métier qui isole. Et qui dit isolement…
  • Bien sûr, être son propre patron a ses avantages mais une insécurité est toujours reliée à ça. Le métier stable avec une paye qui rentre toujours aux deux semaines, oubliez ça.
  • Les youtubeurs sont aussi des artistes dont la matière première, c’est eux! Ils se projettent, se mettent en avant. C’est par le fait même très impliquant émotivement.
  • Souvent très jeunes (18-20 ans) YouTube est leur première expérience de travail, avec tout le stress d’adaptation et la gestion de la pression que ça implique.
  • Enfin, leur succès est mesuré en temps réel. Ce qui contribue à l’anxiété.
Emile Roy

 

« Il n’y a aussi pas de jours fériés, on travaille tous les soirs, la fin de semaine. On répond aux commentaires, on essaie de nourrir l’audience qui nous demande constamment : c’est quand la prochaine vidéo? » -Émile Roy

Le youtubeur sent qu’il doit satisfaire cette audience, car c’est elle qui détermine la popularité de la chaîne dans les algorithmes. Méchante pression, en effet.

 LA FAUTE DE YOUTUBE? 

Doit-on blâmer le géant de ne pas en faire assez pour soutenir ses créateurs et de favoriser la mise en ligne effrénée? Selon Gabrielle Madé de Slingshot, c’est peut-être exagéré de reporter toute la faute sur le dos de l’entreprise. Mais selon elle, YouTube pourrait au moins lever le voile sur son mystérieux algorithme, et mieux expliquer les raisons pour lesquelles une vidéo sera plus ou moins vue. Est-ce le fait de publier des vidéos régulièrement? Est-ce que ce sont les métadonnées qui changent la donne? (Le titre, la vignette, la description)? La durée d’écoute? « À l’heure actuelle, tout ceci n’est que de la spéculation et c’est très insécurisant pour le créateur. Avoir l’heure juste aiderait beaucoup! » souligne-t-elle.

Matt Lees, un youtubeur anglais qui s’est récemment ouvert sur sa dépression, va encore plus loin. « Le cerveau humain n’a pas ce qu’il faut pour interagir avec des centaines de personnes chaque jour! Quand des milliers de personnes commentent en direct ton travail, tu as, à un moment donné, l’impression que quelque chose en toi se casse d’un coup. »

Matt Lees

UNE AFFAIRE DE GÉNÉRATION? 

Selon Madé, il est vrai que la jeune génération est beaucoup plus encline à parler de santé mentale. Elle a donc beaucoup moins de tabous sur ces questions. Plutôt normal que le sujet soit abondamment traité. Et YouTube est justement une plateforme qui permet de nommer les choses.

Enfin, youtubeur, c’est aussi un nouveau métier. « Y a pas de mentor! Ce métier, on le découvre nous-mêmes en temps réel » exprime Émile Roy.

Avec ses splendeurs et ses misères, en effet.

 

 

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