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Je voulais devenir invisible

17 février 2023 - Curium

« Mon coeur fait tic-tac dans ma poitrine comme une bombe prête à exploser. Un regard se pose sur moi. Je l’évite et je prie pour qu’on ne me juge pas. Je dois réussir ce panier de basketball. Ça y est, je tremble comme une feuille. J’espère que ce moment ne durera pas trop longtemps, que tous ces regards posés sur moi se détourneront rapidement. La pression de bien performer embarque. Après un panier désastreux, je cours vers la sortie. Et comme une vague inattendue, les larmes coulent. Je pleure.

Je suis atteinte d’anxiété sociale et d’anxiété de performance depuis ma 2e année du secondaire. Au début, ça n’a pas été facile. J’ai commencé à me faire très petite.

Silhouette personne isolée du groupe

Je rêvais d’une cape d’invisibilité pour que personne ne me remarque.

Quand tu fais de l’anxiété sociale et que tu évites les situations stressantes, ça peut devenir rapidement l’enfer. Moi, j’ai décidé d’être courageuse et d’affronter une de mes plus grandes sources d’anxiété : les cours d’éducation physique et à la santé (EPS).

L’EPS a été un vrai défi pour moi. Il y a de la compétition entre les élèves et souvent, quand tu rates une passe, les gens te jugent. Ce qui m’arrivait souvent. En traversant la porte du gymnase, je tremblais jusqu’à en claquer des dents, je rougissais et mon coeur battait la chamade.

 

Heureusement, j’ai des trucs pour calmer mes symptômes. Le chocolat, par exemple ! Remus Lupin a raison : le chocolat, ça fait du bien ! J’en mange souvent après l’EPS pour me récompenser. Je prends le temps de savourer chaque bouchée.

Malgré mes deux types d’anxiété, je me suis lancée dans le karaté et j’ai rapidement pris confiance en moi. J’ai aussi commencé à aimer le basket parce que je voyais que je faisais plein de swish**. Et cette année, je suis dans l’équipe de badminton de mon école. Qui aurait pu l’imaginer ? ! J’ai réussi tout plein de choses qui me rendent fière, et que je n’aurais jamais cru possibles avec mes deux types d’anxiété. J’ai réussi à les surmonter et je continue de le faire !

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Comme le dit cette maxime célèbre : « Vivre, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. »

Vira (nom fictif), 15 ans

Vous voulez répondre ? Vous avez une histoire à raconter ?

Après avoir lu le témoignage de Vira, Sophie Leroux, psychologue, propose cette réflexion :

Vira décrit bien les défis quotidiens associés à l’anxiété sociale, souvent combinée à l’anxiété de performance. La personne qui en souffre craint d’agir de façon embarrassante ou humiliante. Elle est préoccupée par le jugement des autres.

D’origine biologique et environnementale, la phobie sociale prend de l’ampleur à l’adolescence. À cette période, le besoin d’acceptation nous rend plus vulnérables au regard des autres. Par ailleurs, le milieu scolaire regroupe un nombre élevé de jeunes au même endroit, créant un laboratoire d’observation.

À moins de porter une cagoule sur la tête, on s’y sent observé·e ! Cette sensation est plus forte chez la personne anxieuse. Elle a l’impression qu’un projecteur est braqué sur elle, exposant ses moindres gestes. Hyperconsciente d’elle et des autres, elle en devient paralysée. D’autant plus que des pensées catastrophes l’envahissent (ex. : tout le monde va rire de moi, je vais tout rater).

Vira utilise plusieurs bons outils pour gérer cette anxiété. La technique d’exposition, qui consiste à faire face à la situation malgré la peur, serait la plus efficace selon les études scientifiques. Bien en comprendre le but est utile, car s’exposer à sa peur est contre-intuitif. En s’exposant graduellement, la personne constate que rien de grave ne survient. Elle s’habitue aussi à l’inconfort, qui s’atténue avec la pratique. Pour s’aider à le faire, Vira se donne une petite récompense.

Il est possible aussi de travailler sur les pensées catastrophes. On peut par exemple diriger son attention sur autre chose, comme des détails concrets
de l’environnement (ex. : combien y a-t-il d’objets bleus ?). Ça permet un certain détachement. On peut aussi se remémorer des pensées aidantes, choisies en fonction de nos propres valeurs. Voici quelques suggestions :

• Je ne suis pas dans la tête des autres. Mieux vaut vérifier ce qu’ils ou elles pensent au lieu de m’imaginer des choses.

• Une personne qui n’a jamais commis d’erreur n’a jamais rien essayé de nouveau. (dicton populaire)

• Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. (Nelson Mandela) Cela dit, l’anxiété peut découler d’autres types de difficultés sur le plan des relations
sociales. On pourrait par exemple ne pas savoir quoi dire en contexte social ou être victime d’intimidation. Dans ces cas, il est indiqué de pratiquer ses habiletés sociales, de consulter le personnel scolaire, ou encore, d’obtenir du soutien auprès des lignes d’écoute. Si l’anxiété sociale nuit au fonctionnement quotidien ou cause une détresse, une aide professionnelle est recommandée.

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