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Je serai (probablement) aux prochains Jeux olympiques

11 janvier 2018 - Curium

 

 

Par Benjamin, 17 ans. (Nom fictif)

 

Je suis un espoir olympique de patinage artistique. J’ai commencé à quatre ans  parce que mes parents m’ont entraîné là-dedans, mais je détestais ça ! C’était un sport avec juste des filles. Moi j’aimais le hockey et le soccer. Ce sport-là ne m’intéressait pas du tout. Mais mes parents me parlaient d’opportunités et je n’y comprenais rien. C’est normal, j’étais trop jeune pour comprendre.

C’est juste à 12 ou 13 ans que j’ai commencé à vraiment aimer ça. J’ai commencé à regarder des championnats du monde junior (pour les 18 ans et moins). L’ambiance avait l’air géniale. Quand tu regardes des juniors, tu les vois tenter de réaliser un rêve. Tu vois tout le travail. Et tu t’identifies. Là, j’ai vraiment embarqué pour vrai.

C’est sûr que ma vie est différente. Elle tourne autour de trois choses : le patin, le piano et l’école. Je me fais un emploi du temps assez serré. En Sport-études, j’avais école juste le matin. Mais pour être un athlète de haut niveau, il faut, en plus du patin, faire du gym, des préventions chez le physio trois fois par semaine, et aussi des séances de psychologie. Il y a aussi des cours de ballet et de danse contemporaine. Sans compter les quatre heures d’entraînement sur la glace par jour. C’est pas toujours facile.

Le patinage est très dur psychologiquement. Tu es tout le temps à la recherche de la perfection, mais tu n’y arrives jamais, en fait. Tu fais tout pour être meilleur que les autres, et quand tu te regardes sur vidéo, tu vois que tu en es tellement loin…

C’est souvent décourageant. Je travaille comme un fou, et le résultat n’est toujours pas à la hauteur de ce que je veux.

Une fois, j’ai eu le goût de tout lâcher. Ma mère me disait : c’est trop tôt pour lâcher. J’ai continué. Et maintenant, je suis à deux doigts des Olympiques. Parce qu’être sur un podium en 2022, c’est très, très possible pour moi. En ce moment, ma partenaire de patin et moi sommes premiers dans les juniors, et 5e au pays. Et nous allons tout faire pour monter dans le classement. Techniquement, on devrait être top 2 senior dans 4 ans. (Si tout se passe bien et qu’on continue de s’améliorer.) Mais tout peut arriver. C’est pour ça que la force mentale est super importante.

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C’est sûr que j’ai un rêve. Je voudrais que mon nom frappe l’imaginaire même 50 ans après ma retraite. Comme c’est arrivé pour les grands patineurs. Pour la gloire !

 

Réflexion
Le rêve olympique… La probabilité de s’y rendre serait équivalente à gagner le gros lot à la loterie ! En effet, il ne suffit pas d’exceller dans un sport. Plusieurs facteurs vont influencer le jeune athlète dans sa quête, dont son état psychologique, ses aptitudes scolaires et son encadrement parental et sportif. Benjamin a donc toute notre admiration d’être si près du but.

Mais qu’en est-il du revers de la médaille ? Son témoignage rend compte des nombreux sacrifices à faire et de la pression constante à supporter. Cette situation particulière, où se mélangent constamment le « wow » (valorisation personnelle, familiale et sociale) et le « ouach » (quête sans fin de l’excellence, critiques, mode de vie restrictif), peut générer divers niveaux d’ambivalence. Elle se retrouve aussi dans d’autres milieux (ex. : artistique, médical, affaire).

Pour garder le cap, donner un sens à sa démarche est aidant, idéalement, en fonction de ses valeurs. Et vivre pleinement l’instant présent, tel qu’il se présente. Enfin, cibler des moments pour faire le point : Est-ce que cette route me convient toujours ?

Sophie Leroux, psychologue

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