Mon sexe est-il normal?
Trouver des dildos, des films pornos, même des condoms sur des bananes, c’est facile. Trouver des modèles d’organes génitaux diversifiés ? Quasi impossible, même pour les spécialistes en santé!
« C’est complètement fou, personne ne savait de quoi avait l’air le clitoris il n’y a pas si longtemps ! », s’exclame l’éducatrice en sexualité Magaly Pirotte. Briser les tabous entourant le corps est devenu sa mission.
Pour y arriver, la chercheuse se met aux fourneaux. Ce ne sont pas des muffins qui sortent de ses moules, mais plutôt des organes génitaux en trois dimensions. Des pénis circoncis ou non, au repos ou en érection. Des vulves et des clitoris complets (à titre de rappel : 90 % de cet organe se situe à l’intérieur du corps). Des anatomies de personnes transsexuelles ou d’autres ayant subi une mutilation génitale. Des organes de toutes sortes, moulés sur de vraies personnes. Et pas de discrimination raciale : tous les moulages de silicone sont en couleurs fluo !
Son entreprise Sex-Ed+ est l’une des seules au monde à produire ce genre de moulages. Ses produits éducatifs sont livrés aux quatre coins du globe. Au Québec, des dizaines d’écoles ont acheté ses kits. En manipulant ces outils inusités, les jeunes parlent de sexualité de façon plus inclusive et respectueuse ; les enseignant·e·s abordent la diversité des corps, des identités, et des expériences.
Besoin de références
Selon Magaly Pirotte, un des besoins majeurs en éducation à la sexualité est de répondre à deux grandes questions : « Est-ce que mon corps est normal ? Est-ce que mes réponses sexuelles sont normales ? »
Plusieurs jeunes n’ont qu’une référence en matière de sexualité : la pornographie. Or, on le sait, elle est rarement représentative de la réalité. En exposant la diversité de l’intime, on réduit l’anxiété et on ouvre la porte à une sexualité plus saine et épanouie. En enseignant la biologie du clitoris, par exemple, on comprend mieux les sensations, le plaisir et le désir au féminin.
Plus encore, lever ces tabous facilite le consentement éclairé : « Si tu penses que ton corps est répugnant, l’affirmation de soi sera peut-être plus ardue, dit Magaly Pirotte. Il est beaucoup plus difficile de poser ses limites et de dire non lorsqu’on n’accepte pas son corps. »
La chirurgie? Un mirage!
Chez bien des femmes, les petites lèvres de la vulve dépassent des grandes lèvres. C’est normal ! Mais on n’en parle pas… Dans l’espoir de ressembler à des actrices pornos ou à des femmes retouchées sur Photoshop, des jeunes femmes de moins de 25 ans subissent des chirurgies de la vulve ou l’ablation des petites lèvres.
Le phénomène est en croissance dans certains pays, comme la France et l’Angleterre. Or ce type de chirurgie intime comporte des risques : mauvaise cicatrisation des plaies, lésion des nerfs pouvant entraîner un engourdissement ou une perte de sensibilité permanente.
Pour que les femmes apprennent à connaître et à accepter leur corps, plusieurs initiatives éducatives ont vu le jour. Sur Instagram, l’artiste queer Hilde Atalanta a créé une page de dessins faisant honneur à la diversité des vulves (@the.vulva.gallery). De la même façon, le sculpteur Jamie McCartney a créé une oeuvre nommée The Great Wall of Vagina (Le grand mur du vagin) comptant plusieurs centaines de moules plâtrés.
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