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La sexualité ? Bof…

18 février 2022 - Margot Boudreau

Les papillons qui chatouillent le bas du ventre, les pensées qui vagabondent, le rouge qui monte aux joues… Tout le monde a déjà ressenti ce vertige devant une personne qui lui plaît. Tout le monde, vraiment?

Pour certaines personnes, les sensations liées à l’attirance sexuelle sont aussi énigmatiques que le triangle des Bermudes. Elles se désignent souvent comme asexuelles, c’est-à-dire qu’elles n’éprouvent pratiquement aucune attirance sexuelle pour d’autres personnes. L’asexualité est encore peu représentée au cinéma, dans les séries ou dans la culture populaire. Quand une personne asexuelle en parle à son entourage, elle fait souvent face à des idées préconçues. Et si on débroussaillait un peu le terrain?

5 MYTHES À DÉCONSTRUIRE SUR L’ASEXUALITÉ

1. L’ASEXUALITÉ EST UNE MALADIE
FAUX !  L’asexualité n’a rien d’un problème de santé. Il s’agit d’une orientation sexuelle qu’on ne choisit pas, au même titre que l’hétérosexualité, l’homosexualité ou la pansexualité. Il y a les personnes qui s’intéressent aux hommes, celles qui penchent pour les femmes, celles qui sont attirées par les
deux et… celles qui ne s’intéressent à personne!

Cette distinction de l’asexualité en tant qu’orientation est toute récente: elle remonte à la Conférence internationale des droits de l’homme de la WorldPride, à Madrid, en 2017. C’est également à ce moment que la lettre A de LGBTQIA2+ a été ajoutée, afin d’inclure la communauté asexuelle.

À l’instar de l’homosexualité, l’asexualité a longtemps été considérée comme une maladie. Depuis 1977, elle était désignée comme un trouble du désir sexuel hypoactif dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Récemment, on y a précisé que le diagnostic peut être posé uniquement si cette particularité cause de la détresse.

La petite histoire du DSM
Le DSM, c’est la bible diagnostique du domaine
psychiatrique. Il est publié par l’American Psychiatric Association
et il est reconnu à l’échelle internationale. Sa cinquième
et plus récente édition est parue en 2013.

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2. LES PERSONNES ASEXUELLES N’ONT PAS DE LIBIDO
ATTENTION ! L’attirance sexuelle et la libido sont deux choses bien différentes.

«L’attirance sexuelle, c’est quand on a envie d’avoir des relations sexuelles avec une personne en particulier, explique Estance Delclaux-Hammon, coresponsable de l’Association pour la visibilité asexuelle. La libido est une
envie de rapport sexuel, mais qui n’est pas forcément dirigée vers une personne en particulier.»

L’asexualité n’est donc pas synonyme d’une absence de libido. On peut avoir envie de certaines choses, en solo ou pas. Elle se différencie également de l’abstinence sexuelle, qui est un choix conscient et délibéré.

Savais tu que?
En 2012, le créateur de Bob l’éponge annonce
que son célèbre personnage est asexuel.

 

3. L’ASEXUALITÉ EST UNE TENDANCE
FAUX ! Même si plusieurs d’entre nous ont découvert cette notion tout récemment (merci TikTok), l’asexualité ne date pas d’hier. On trouve même sa définition dans la pièce de théâtre Les Amours, de Lucien de Samosate, créée aux alentours de l’an 120.

L’asexualité, ce n’est ni une phase ni une mode passagère.
Si une personne de votre entourage se définit comme asexuelle, laissez tomber les phrases plates comme «Ça va te passer» ou «Tu ne peux pas savoir, tu n’as jamais embrassé quelqu’un!». Et surtout, évitez de lui faire passer un interrogatoire sur sa vie intime. Ça vous gênerait qu’on vous pose ces mêmes questions? C’est un signe: mieux vaut les garder pour soi!

Des mots pour le dire (ou pas)
L’asexualité, c’est un terme auquel on peut s’identifier pour
se sentir validé·e dans notre identité, ou encore, pour mieux
expliquer à d’autres la façon dont on se perçoit. Mais ça ne
veut pas dire qu’on doit absolument l’utiliser. Comme tous les
autres mots conçus pour définir les orientations sexuelles, on a
le droit de ne pas vouloir s’y rattacher. Si l’étiquette impose des
barrières plutôt que d’ouvrir des portes, laissez-la tomber!

 

4. LES PERSONNES ASEXUELLES NE PEUVENT PAS ÊTRE EN COUPLE
FAUX ! Ce serait confondre asexualité et aromantisme, soit l’absence d’une attirance sentimentale pour qui que ce soit.

Une personne asexuelle peut tout à fait être dans une relation émotionnelle et amoureuse. L’amour dans un couple peut être fort et épanouissant. Les valeurs communes, les intérêts partagés, les projets emballants… C’est tout aussi important que la sexualité! D’ailleurs, rien n’empêche une personne asexuelle de former un couple avec une autre qui ne l’est pas. Comme dans n’importe quelle relation, la réussite repose sur la communication. «Il est très important de définir ses limites et ses attentes, de parler de la place de la sexualité dans le couple», dit Philippe Girouard, intervenant au JAG, un organisme communautaire de sensibilisation et de soutien.
Pas de pression!

 

5. ON L’EST OU ON NE L’EST PAS
PAS TOUT A FAIT! En 1948, le docteur Alfred Kinsey prétend pouvoir mesurer l’orientation sexuelle d’une personne sur une échelle de 0 (exclusivement homosexuel·le) à 10 (exclusivement hétérosexuel·le). Et pour les autres? Kinsey les met toutes dans le même panier: le groupe X. Aujourd’hui, on s’entend pour dire que l’échelle de Kinsey est plutôt dépassée.

Selon Léa Serra Vandekerckhove, qui s’intéresse à l’asexualité dans le cadre de sa thèse en sociologie à l’UQAM, il s’agit plutôt d’un spectre. Il regroupe des personnes qui ne ressentent jamais d’attirance sexuelle, mais aussi des personnes qui en ressentent rarement, parfois ou dans certaines conditions. Peu importe la place qu’occupe une personne sur le spectre de l’asexualité, ce n’est pas à nous de décider si elle devrait y être ou pas. L’essentiel, c’est qu’ELLE trouve sa place.

 

LES RESSOURCES
Vous voulez en savoir plus, ou encore
discuter avec d’autres personnes issues
de la communauté LGBTQIA2+?

En ligne: Le forum d’Aven
fr.asexuality.org

Sur Facebook: Le groupe
Asexualité – une version francophone

À Montréal: L’Astérisk
facebook.com/LAsterisk

En Montérégie: Le JAG
lejag.org

Dans Lanaudière: Le Néo
le-neo.com

En Outaouais: Jeunesse Idem
facebook.com/jeunesseidem

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