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Les désirs réciproques

12 juin 2018 - Curium

Par Célestine Uhde

 

Vous est-il déjà arrivé de ressentir du désir? Il y a bien des chances que votre réponse soit oui. Ceci dit, vous est-il déjà arrivé de manifester vos désirs? De baser vos expériences sexuelles sur ceux-ci? Si vous êtes un garçon et avez été élevé comme tel, encore une fois, vous avez probablement répondu oui à ces questions. Néanmoins, si vous êtes une fille et que avez reçu l’éducation habituellement réservée à nous, humaines dotées d’un utérus, les chances sont plus faibles.

Pourquoi n’osons-nous pas faire resplendir nos envies? Avons-nous peur de vivre tant d’émotions physiques? J’essaierai, en me basant sur mes expériences et connaissances, de répondre à ces questions intrigantes et de décortiquer avec vous les réalités différentes du consentement sexuel, mais également de la réciprocité sexuelle, un sujet trop souvent gardé sous silence.

Avant d’aller plus loin, je souhaite préciser que le texte qui suit aura un point de vue exclusivement ciscentré, car je me baserai sur mon vécu et sur mes connaissances. Je ne possède malheureusement pas le bagage nécessaire pour parler au nom d’humain.e.s non-conformes dans le genre. Je parle également de généralités, nous ne pouvons traiter de tous les sujets et de tous les cas en un seul article, ce qui me contraint à m’en tenir aux cas les plus fréquents et répandus.

L’AUTOPHILIE

Parlons d’autophilie. Qu’est-ce que l’autophilie, vous demanderez-vous? (Sauf, bien sûr, si vous avez eu la chance de lire Le principe du cumshot de Lili Boisvert, un livre puissant comme le monde.) Eh bien, l’autophilie part du principe que les filles et femmes modernes sont plus portées à désirer des prétendant.e.s plutôt que de désirer une personne qui ne leur démontre pas d’intérêt. Un peu comme si nous tombions amoureuses de l’idée que nous nous faisons d’être aimées.

D’où vient cette étrange tendance -alors que chez les animaux, c’est plutôt le contraire, le mâle doit séduire et la femelle doit désirer- ? Elle vient du fait que nous considérons, en tant que société, le corps de la femme comme un objet de convoitise et non comme une entité qui peut également convoiter.

C’est ancré trop profond dans notre société que le gars doit faire le premier pas, que la femme doit être pomponnée, coquette et séduisante, sans être une femme facile, alors que l’homme ne doit que saisir le sujet de son désir, et ce, peu importe l’envie que la femme a de lui. Voilà ce qu’est l’autophilie, l’incapacité de la femme en 2018 à désirer une autre personne qui ne la désire pas d’abord.

CONSENTIR OUI. DÉSIRER, ENCORE MIEUX! 

La réciprocité sexuelle est le concept qui cherche à détruire notre autophilie féminine, et nous permettre de profiter de notre libido, de la partager et de la manifester autant qu’un gars ose naturellement le faire, sans avoir peur d’être considérées comme des filles faciles ou pire, comme des salopes.

Depuis la montée du mouvement #metoo, nous parlons de consentement. Nous osons de plus en plus dénoncer les relations ou actes sexuels qui n’ont pas été clairement acceptés par tous les partenaires impliqués. C’est bien, très bien même et j’applaudis cette prise de conscience. Toutefois, je ne la crois pas suffisante. Il y a une marge entre une relation sexuelle consentie et une relation sexuelle voulue! En encourageant les femmes à être fières de leur libido, de leurs désirs, de leurs fantasmes, j’ai également l’espoir fou que ça se transpose dans la vie sexuelle de ces femmes ’’désirantes’’. J’encourage les femmes à ne plus céder aux demandes insistantes et donc de ne plus donner leur consentement sans que leurs envies à elles soient impliquées.

C’est gros, de parler de filles qui aiment le sexe, surtout sur le blogue d’un magazine pour ados. Mais c’est important. Je comprends la raison pour laquelle nous avons tendance à attendre que le désir vienne de l’autre pour en ressentir nous-mêmes, car on se fait dire et répéter depuis toujours qu’une fille doit être sage, ne doit pas avoir une vie sexuelle explosive, car la sexualité d’une femme, c’est sacré. Je dis sacré pour utiliser des beaux mots, mais dans la bouche de plusieurs, on entend plutôt ‘’sale’’.

Souvent, on reproche aux filles et aux femmes avec beaucoup de désirs et une forte libido de ne pas se respecter. Mais je vous le demande, une fille se respecte-t-elle moins lorsqu’elle s’embarque dans une relation sexuelle dont elle a envie que lorsqu’elle évite de le faire ? Car non, la sexualité féminine n’est pas plus sacrée ou sale que celle des garçons.

Nous n’avons pas besoin d’attendre d’être amoureuses pour explorer notre sexualité, nous n’avons que besoin d’attendre d’en avoir envie. D’ailleurs, nous avons quand même le seul organe du corps humain à ne servir qu’au plaisir! Et ça, c’est quelque chose que les gars ne peuvent pas nous enlever!

Je crois en une société où tout.e. humain.e non-asexuel.le (et donc, pouvant ressentir du désir) puisse répondre OUI haut et fort à mes questions de début de texte. Je rêve d’une société où parler de désir féminin ne serait pas tabou, où le monde de la tendresse et de la sensualité serait décrit comme beau et simple.

En bonne féministe un peu hippie, je vous appelle à vivre dans un monde d’amour, libéré.e.s de toutes les pressions sociales qui nous interdisent d’acclamer nos envies et qui nous font croire que nous avons besoin d’être désirées par autrui pour pouvoir désirer à notre tour. Car c’est si excitant de ressentir ces retournements dans notre corps lorsque nous convoitons un.e bel.le inconnu.e qui ne sait rien de nous, mais qui anime nos rêves.

Célestine Uhde

Post-Scriptum: Je ne crois pas avoir déjà écrit autant le mot ’’désir’’ en si peu de phrases, mais c’est un beau mot et un beau concept, n’est-ce pas?

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5 réponses à “Les désirs réciproques”

  1. Anonyme dit:

    Sur une échelle de 1 à 10, la douleur de la première fois?

    • Curium dit:

      Beaucoup de jeunes craignent de vivre de la douleur lors de la première fois. En fait, je ne pourrais pas te donner un chiffre exact puisque les sensations (la douleur ou le plaisir) sont différentes pour chaque personne. On ne le vit pas de la même façon selon notre seuil de tolérance, selon notre corps, selon les circonstances de notre première fois et selon notre niveau de confort au moment de l’acte. Lorsqu’on parle de douleur à la première fois, souvent, on fait référence à la première pénétration vaginale. Il peut y avoir un inconfort et une douleur, que ce soit parce que les parois vaginales ne sont pas nécessairement habituées à vivre une pénétration ou parce que l’hymen se dilate. Habituellement, cette douleur ne persiste pas, ou très peu, après la pénétration. Il est bien important d’écouter son corps, de prendre son temps et de surtout ne pas se forcer à continuer si l’on ne se sent pas bien. C’est une bonne question que tu poses et il y a plusieurs choses à dire à ce sujet! Je t’invite donc à explorer cette page pour en savoir plus ou pour répondre à d’autres questions, par rapport à cela, qui pourraient te trotter dans la tête. ? https://www.teljeunes.com/Tel-jeunes/Tous-les-themes/Sexualite/Les-premieres-experiences

  2. J dit:

    Généralisation un peu abusive quant à la société. Avant d’en venir à débattre tes arguments, il faudrait que tu prouves ta prémice(le corps de la femme est un « objet de convoitise »), parce que ça exclu implicitement que le corps de l’homme de ce status. La vue d’un beau corps stimule le désir sexuel, peu importe le sexe. Je crois donc que tu dénonce des standards sociaux en réalité inexistants.