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L’école, c’est trop facile!

19 mai 2023 - Curium

Depuis que j’ai commencé le secondaire, j’ai cessé de m’appliquer dans ce que je fais. Je procrastine énormément. L’école est devenue ennuyante. Tout est trop facile. Ça me fait vivre de l’anxiété, parfois même des symptômes dépressifs!

Je fais partie d’un programme enrichi, mais nous passons les mêmes tests que les autres. Plusieurs enseignant·e·s trouvent cela absurde, et moi aussi. La seule vraie différence avec le programme régulier, c’est que nous avançons plus vite dans la matière et que nous avons plus de temps libres.

Créature poilue orange avec un air découragée
J’ai pris la mauvaise habitude de ne plus étudier. Je ne révise plus mes travaux avant de les remettre.

 

Je sais que ce sera problématique dans le futur, quand les études deviendront plus difficiles. J’essaie de me corriger, mais c’est excessivement difficile.

Plus jeune, j’étais très dissipée. Je créais énormément de problèmes parce que je m’ennuyais. Résultat: je passais un dîner sur deux en retenue au secrétariat. Mais j’étais contente: il y avait des livres de niveau plus avancé que je pouvais lire.

Plus récemment, j’ai eu des soucis de santé qui m’ont fait manquer plusieurs jours d’école. J’ai appris la matière par moi-même, en consultant les notes de cours.

Je n’ai pris aucun retard. J’ai même obtenu 100 % à un test de mathématiques et mes résultats étaient au-dessus de la moyenne pour quatre autres tests.

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J’en parle pour montrer à quel point on peut manquer de stimulation quand on apprend vite. Mes nombreuses absences m’ont aussi démotivée à aller à l’école. N’étant pas très sociable, je ne vois pas l’intérêt d’y aller quotidiennement si je me débrouille autrement.

Ce manque de stimulation ne concerne peut-être pas la majorité, mais il a un impact. J’ai l’impression que ce problème est souvent oublié, et que le système
d’éducation baisse constamment la barre.

Je sais que les ressources manquent, et qu’on les attribue en priorité aux élèves en difficulté. Et nous, les élèves qui apprennent vite? On ne trouve rien pour satisfaire notre soif de connaissances. Je trouve qu’il y a un manque flagrant de ressources, du moins en Ontario, là où je vis.

Juliette (nom fictif), 13 ans

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La réflexion Anne Brault-Labbé, psychologue:

Dans plusieurs milieux scolaires, les connaissances sur la douance, qu’on appelle aussi haut potentiel intellectuel (HPI), sont très limitées. Les gens l’associent souvent à l’excellence, à la réussite ou à la facilité. On croit à tort que les personnes douées sont toujours premières de classe et qu’elles peuvent très bien s’organiser toutes seules.

Or, la douance, c’est bien plus complexe que cela! Les élèves doué·e·s n’apprennent pas au même rythme ni de la même manière que la majorité. Comme d’autres élèves neuroatypiques (personne dont le fonctionnement du cerveau présente des particularités (ex. : TDAH, autisme, etc.)), cela les
différencie des jeunes de leur âge, parfois même de façon très importante.

Pour plusieurs, il est difficile de fonctionner dans un programme régulier sans adaptation à leurs besoins. C’est un peu comme si on demandait à une patineuse de vitesse de s’entraîner avec les patins qu’elle portait toute petite. Ceux-ci ne sont ni à sa pointure ni du modèle correspondant à ses capacités actuelles.

Elle risque de devenir frustrée et possiblement triste de sentir qu’elle n’évolue pas comme athlète. Elle pourrait aussi perdre sa motivation et son intérêt pour son sport. Pire encore: elle n’apprend pas à surmonter les obstacles ou à fournir des efforts pour atteindre ses objectifs (des apprentissages très importants dans la vie !).

Malgré plusieurs initiatives récentes pour sensibiliser les milieux scolaires aux besoins des élèves HPI, beaucoup reste à faire. Pour ceux et celles qui aspirent comme Juliette à améliorer leur expérience scolaire, il faut souvent faire preuve de proactivité.

Un point de départ est de comprendre sa douance le mieux possible et d’en discuter avec une personne de confiance (parent, enseignante, psychologue, psychoéducateur de l’école, etc.). On peut alors lui expliquer en quoi on se reconnaît dans ce qui est décrit dans la documentation portant sur le sujet.

Et avec son aide, tenter de trouver des idées pour améliorer sa situation. Par exemple, on peut réfléchir à la manière d’en parler à l’école, imaginer des mesures d’adaptation dans certains cours ou se demander si un soutien professionnel est nécessaire.

Il faut demeurer optimiste! Des témoignages comme celui de Juliette, ça ouvre les esprits et ça sensibilise!

 

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