Le sucre aussi addictif que l’héroïne? Pas si vite.
De nombreuses études sur des rongeurs comparent la consommation de sucre à celle de drogues dures. Le sucre altère l’humeur des rongeurs qui en veulent toujours plus.
Or, des résultats comparables ont aussi été obtenus avec de la saccharine (un substitut du sucre). L’attrait serait-il pour le goût sucré plutôt que pour le sucre en lui-même ?
Chose certaine, la dépendance n’est pas suffisamment forte pour que les rongeurs persistent. Si on associe le sucre à un stimulus négatif, comme une décharge électrique, ils cessent d’en consommer, ce qui n’est pas le cas avec la cocaïne.
Une récente revue de littérature scientifique publiée dans Frontiers in Psychiatry avance plutôt que le sucre induirait une dépendance comparable à celle de la caféine ou de la nicotine. On parle d’une dépendance « faible », à ne pas confondre avec celle qu’on peut développer à un médicament.
Si on utilise le mot « dépendance », c’est parce que le sucre agit véritablement sur le circuit de récompense du cerveau, libère de la dopamine et renforce la sensation de plaisir. Bref, un effet similaire à celui de la cocaïne, l’héroïne, l’alcool, la nicotine et le cannabis.
Le hic, c’est que plus nous consommons des aliments qui suscitent du plaisir, comme le sucre, plus les récepteurs de dopamine s’affaiblissent. Il faut donc plus de sucre, pour plus de dopamine. On parle alors d’accoutumance. Une habitude dont on peut se départir en diminuant notre consommation, contrairement à la dépendance, qui provoque un état d’intoxication et de manque.
(Il est question ici du sucre libre, ce qui exclut celui naturellement présent dans des aliments comme les fruits ou le lait.)
Texte: Catherine Crépeau
publiez votre commentaire
dites-nous ce que vous en pensez