Ma meilleure amie a des idées noires
J’ai toujours considéré ma meilleure amie comme un rayon de soleil. Elle me faisait sourire, elle me faisait rire et elle était toujours là pour moi. Ce fut un choc lorsqu’elle m’a montré ses cicatrices. En dépression, elle a passé plusieurs semaines à l’hôpital, en psychiatrie. Lors de ce séjour, j’ai eu le temps de réfléchir.
Tout d’abord, je culpabilisais. Je me reprochais de ne pas avoir vu les signaux qui auraient pu me faire voir que mon rayon de soleil perdait de son éclat. Comment avais-je fait pour ne pas voir ses cicatrices ?
Pourquoi je n’avais pas posé de questions lorsque je la voyais écrire ses pensées suicidaires ?
Ensuite, je me suis inquiétée. J’ai commencé à faire de l’anxiété, à avoir peur de recevoir une mauvaise nouvelle et je faisais énormément d’insomnie. Mes notes baissaient parce que je ne pensais qu’à elle, et puisqu’elle était à l’hôpital, je ne pouvais pas avoir de nouvelles.
Finalement, je lui en ai voulu. De ne plus me faire rire et sourire. Je lui en ai voulu de ne pas vouloir se faire aider, de me causer de l’anxiété et de l’insomnie.
Avec le recul, je me rends compte que mes pensées n’étaient pas parfaites, mais humaines. Oui, j’ai refusé de voir les signes qui montraient que ma meilleure amie n’allait pas bien, mais maintenant, je ne suis que plus attentive à ces signaux. Oui, j’ai fait de l’anxiété, mais ça m’a permis de découvrir que j’avais un TAG (trouble d’anxiété généralisée) et de prendre une médication qui m’aide beaucoup. Oui, je lui en ai voulu, mais ça m’a permis de découvrir que je rejetais la faute sur elle à tort. Ça m’a permis de mieux me comprendre.
Maintenant, ma meilleure amie va beaucoup mieux, elle est forte et elle combat courageusement sa dépression. Donc, à toutes les personnes qui souffrent de dépression ou qui ont des idées suicidaires et à leurs proches, affronter cette épreuve peut être bénéfique pour vous.
Après avoir lu le témoignage d’Alex, Sophie Leroux, psychologue, propose cette réflexion :
On peut parler ici de résilience (ou comment, à partir d’un citron, faire de la limonade!). Encore ce mot à la mode, me direz-vous ? Oui, parce que la résilience, conceptualisée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, permet aujourd’hui à Alex de poser un regard constructif sur son expérience. Cela, sans rien enlever aux moments difficiles.
Apprendre qu’un ami ne va pas bien, ça peut être déroutant. D’ailleurs, différentes émotions et réactions sont possibles. Certaines personnes veulent maintenir le lien d’amitié, mais se sentent coupables de ne pas avoir détecté la détresse ou se considèrent comme non outillées pour y faire face. D’autres coupent le lien, de façon permanente ou non, généralement parce que les émotions sont difficiles à gérer.
Reconnaître ce vécu, puis faire preuve de bienveillance envers soi et envers l’autre, cela fait partie du cheminement. On ne réagit pas toujours comme on le souhaiterait ! Selon l’importance de l’amitié, il s’agira alors de déterminer comment vous pouvez aider votre ami·e tout en respectant vos limites. Vous n’avez pas à porter la détresse de l’autre sur vos épaules. N’hésitez pas à demander de l’aide (ex : intervenant·e scolaire, professionnel·le de la santé ou Tel-jeunes) pour vous guider dans ce processus.
Il est possible de tenir le coup dans l’adversité ou de se reconstruire positivement après l’épreuve. Alex en fait d’ailleurs un beau témoignage.
Aide disponible teljeunes.com 1800 263-2266 texto 514 600-1002
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