On a fait 100 Génies. Je vous en présente deux exceptionnels.
Il y a des rencontres qui nous marquent plus que d’autres. Lors du mois d’août dernier, j’ai participé au tournage du quiz 100 GÉNIES à Radio-Canada. J’y ai fait la connaissance de Marc-Antoine et Andrea, 14 et 16 ans.
Ils ont pris un vol d’une durée totale de 22 heures le 22 septembre dernier ( ! ) pour Abu Dhabi, dans le cadre du MILSET Expo-sciences International 2019. J’ai eu la chance de leur poser quelques questions.
En gros, expliquez-moi vos projets.
Marc-Antoine : Il y a plusieurs maladies des yeux, et actuellement, le diagnostic est tardif. L’oxymétrie oculaire est une technologie qui permet de mesurer le taux d’oxygène dans l’œil en envoyant de la lumière sur la rétine et en analysant les rayons lumineux qui vont y être réfléchis.
Chez les patients atteints de maladies, on remarque parfois des variations du taux d’oxygène. On peut donc diagnostiquer de façon précoce les maladies des yeux et peut être même le Parkinson, l’Alzheimer et quelques maladies neurodégénératives.
Ce diagnostic rapide et efficace est possible grâce à l’hémoglobine, qui est la protéine responsable de cette variation du taux d’oxygène dans l’oeil en raison du fait que c’est elle qui transporte le sang dans tout le corps.
Andrea: Mon projet consiste à présenter une nouvelle technique pour produire plus rapidement des vaccins. Pour les vaccins conventionnels, on fait incuber ce dont on a besoin pour le créer dans de vrais œufs de poule, mais le tout prend de 4 à 6 mois.
C’est pas si pire pour des maladies ou infections telles que le tétanos et la varicelle, mais lorsqu’on parle d’épidémies, de pandémies, le temps presse. On n’a souvent pas des mois pour guérir tout le monde, ce qui fait que plusieurs personnes finissent par mourir alors qu’on aurait pu les aider avec une méthode plus rapide.
J’ai découvert qu’une plante cousine du tabac, la Nicotiana Bentamiana, aidait grandement à accélérer l’incubation, la faisant passer de 4 à 6 mois à seulement 6 à 8… semaines!
Qu’est-ce qui vous a amenés à penser à ce projet en particulier?
M-A.: Un de mes oncles connaissait la personne qui a développé la technologie. J’ai eu accès aux appareils, j’ai pu les tester, poser des questions. J’ai commencé ce projet en secondaire 2 (NDLR: Marc-Antoine est maintenant en secondaire 4).
A.: Pour ma part, j’ai commencé ce projet en secondaire 3 (NDLR: Andrea est maintenant en secondaire 5). Cette année-là, on a eu une grande campagne de vaccination dans les écoles. Je n’avais cependant aucune idée que ça prenait de 4 à 6 mois pour les produire! C’est en faisant des recherches sur ce qu’est un vaccin (car j’aime savoir ce qu’on m’injecte) que je m’en suis rendu compte. J’ai voulu savoir s’il y avait un moyen de réduire le temps de production.
J’ai voulu aller dans un labo de Québec pour poser des questions et expérimenter un peu, mais je me suis butée à des refus. J’ai fait des recherches sur Internet et je suis tombée sur un chercheur en Grande-Bretagne qui m’a aidé pour le projet avec des documents. Cependant, la Grande-Bretagne, c’est loin. J’ai donc essayé dans d’autres labos au Canada d’avoir un rendez-vous, mais c’est vraiment le chercheur britannique qui m’a fait une référence pour le labo de Québec. Étant donné que j’avais fait mon projet sans aller dans un labo, j’y suis allée uniquement pour approfondir davantage mes connaissances et comprendre les sujets mal vulgarisés sur Internet.
Lorsque vous avez eu votre idée, est-ce que vous aviez l’espoir de vous rendre à Abu Dhabi?
M-A.: On se dit tous, lorsqu’on arrive à l’Expo-sciences régionale, que le but ultime (aller à l’Expo-sciences internationale) est tout simplement inatteignable, parce que c’est l’échelon le plus haut! Malgré tout, on a toujours l’espoir d’y aller.
A.: Tu ne t’attends jamais à gravir tous les échelons les uns après les autres pour finalement te rendre parmi d’autres jeunes scientifiques du monde entier! Me rendre à Ottawa pour l’Expo-sciences pancanadienne était déjà surréaliste en 2018. Imagine Abu Dhabi!
Comment avez-vous vécu toutes ces étapes?
M-A.: Je me suis fait plusieurs amis au fil du temps aux provinciales et pancanadiennes. Tu rencontres des dignitaires de pays étrangers qui t’écoutent attentivement. De plus, tu te fais le plein d’amitiés exceptionnelles, car ce sont des personnes qui ont les mêmes intérêts que toi, qui aiment vraiment la science. On partage une passion commune et ça crée de belles amitiés, qui sont plus plaisantes que des amitiés normales (un peu comme 100 Génies !)
A.: On apprend beaucoup des autres, il y a un partage de connaissances, de cultures. Quand on quitte les autres, on est vraiment triste. On espère toujours les revoir l’an prochain, même si on sait que ça peut ne jamais se produire.
Malgré toutes ces bonnes émotions, on vit quand même beaucoup de stress et de pression de performance, surtout avec tout le temps et tous les sacrifices que tu as dû faire pour te rendre là, avec un projet de tel calibre. Cependant, apprendre des autres et le fait qu’il y a un merveilleux partage des connaissances scientifiques et de culture est en quelque sorte notre récompense.
Aimeriez-vous vous diriger dans le domaine des sciences?
M-A.: Je suis vraiment un gars curieux, ce qui est, je pense, la qualité d’un bon scientifique. J’aimerais me diriger en médecine, car je m’intéresse beaucoup à notre corps ou devenir astronaute, parce que je m’intéresse à l’univers, aux planètes depuis mon enfance. Sinon, le domaine de l’ingénierie me passionne beaucoup aussi.
A.: L’an prochain, je vais au cégep en sciences naturelles profil santé. C’est clair que j’aimerais aller en médecine. Je voudrais surtout travailler en milieu hospitalier, mais même si je ne suis pas acceptée en médecine, je travaillerai en pharmacie, par exemple. De plus, la recherche scientifique m’intéresse beaucoup et j’aimerais pouvoir continuer à en faire <<on the side>>, comme on dit. Et peut-être qu’un jour, et vraiment peut-être, que j’irai en politique, mais c’est vraiment un rêve farfelu que j’ai.
Est-ce que d’autres projets sont sur la table?
M-A.: J’aimerais approfondir le sujet (NDLR: l’oxymétrie) en voyant si ça peut s’appliquer à toutes les maladies neurodégénératives et s’il y a un lien avec l’œil. Il y a un certain lien qui a été fait à date entre les commotions cérébrales et le taux d’oxygène dans l’œil et plusieurs tests sont présentement positifs. Cependant, ce genre de projet prend beaucoup, mais vraiment beaucoup de temps.
A.: J’aimerais revoir la belle gang, ça c’est clair. Cependant, j’abonde dans le sens de Marc-Antoine, car mon projet sur les vaccins m’a pris environ 200 heures, entre le moment où je l’ai commencé et celui où je l’ai présenté au MILSET. Je préfère de loin prendre un an de sabbatique face à l’Expo-sciences pour perfectionner un projet et le connaitre sur le bout des doigts, plutôt que d’en présenter un à chaque année de moins <<bonne qualité>>.
M-A.: Pour ma part, je trouve que les projets aux Expo-sciences étaient moins complexes au début, mais qu’ils se sont complexifiés au fil des ans. Et selon moi, ceci s’explique par la saine compétition entre nous qui y règne.
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QUI SONT-ILS ?
Marc-Antoine Gobeil: Marc-Antoine se voit comme un gars curieux, plein d’intérêt et sportif. Il pratique le soccer, le tennis, mais surtout le hockey, sport pour lequel il évolue avec les Spartans de Stanstead College, dans la Ligue de Hockey Interscolaire du Québec. Il aime les sciences et la musique, raison pour laquelle il joue du piano. Récemment, il a été reçu membre de l’Ordre de Drummondville. Aux Expo-sciences, Marc-Antoine a remporté la médaille de bronze à l’Expo-science pancanadienne, ainsi que le premier prix Hydro-Québec pour l’Expo-science régionale Mauricie-Centre-du-Québec en 2018, ainsi que la médaille de bronze à cet événement un an plus tôt.
Andrea Sarah Lo: Elle monitrice de natation et sauveteuse. Elle pratique le karaté, le badminton et fait de la natation depuis 13 ans. Côté musique, elle fait de la flûte traversière et du piano. Andrea aimerait vraiment apprendre à surfer et à jouer de la guitare. À ce jour, elle en est à sa troisième Expo-sciences. Andrea a gagné l’argent en 2016 avant de remporter l’or en 2018 à l’Expo-sciences régionale de Montréal. Elle est aussi récipiendaire d’une bourse d’études de 1000$ de la part de la Faculté de Médecine et de Sciences de la vie à l’Université de Sherbrooke. Cette jeune scientifique a participé à l’Expo-sciences pancanadienne à Ottawa en 2018. Elle se décrit comme étant quelqu’un aux multiples qualités, que ce soit de l’altruisme, de la débrouillardise, de la persévérance, de la dévotion et de la minutie. Andrea a participé à la 17ème législature du Parlement des Jeunes de l’Assemblée nationale, où elle a siégé en tant que députée de Lotbinière-Frontenac. Elle fait aussi du bénévolat à l’Institut de Recherche du Centre Universitaire de santé McGill depuis plus d’un an. Son goût pour travailler dans les hôpitaux lui vient à la fois de son côté analytique et débrouillard, mais aussi d’un des premiers épisodes de Grey’s Anatomy, où elle a eu de l’empathie pour une mère qui n’arrivait pas à se faire comprendre des médecins en raison de la langue qu’elle parlait. Andrea s’est sentie inspirée dans le but d’aider les autres, peu importe leur statut social.
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