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Lettre aux finissants

16 juin 2020 - Curium

Par Élisabeth Bisaillon

 

À demain! Ce sont les derniers mots que j’ai dit à mes camarades le 12 mars dernier. À demain. Des mots porteurs d’espoir qui nous disent qu’il y aura un lendemain. Malheureusement, ce lendemain n’aura jamais lieu.

Je pensais revoir mes camarades, mes amies le lendemain. Rire, parler, travailler avec eux. La classe de chimie-physique, dont je fais partie, a laissé ses cahiers et cartables dans notre local de science au quatrième étage. Nous avions fini en chimie le 12 mars et nous devions recommencer en physique le lendemain, en finissant le labo de la veille. Ça fait deux longs mois maintenant que nos cahiers prennent la poussière dans un local qui n’a vu personne y entrer. Deux mois. C’est l’équivalent de nos vacances d’été. Deux mois.

Au début du confinement, nous devions en avoir que pour deux semaines. Mais le retour en classe a été reporté au 4 mai. Pour ensuite être reporté à une date inconnue, pour tous les établissements secondaires, les cégeps et les universités. Techniquement, on revient en classe en septembre, si tout va bien. Mais quand en septembre exactement? Telle est la question…

Le mois de septembre n’est pas si loin. Mais c’est le neuvième mois de l’année et mars, le troisième. On aura donc passé six mois loin de l’école, l’équivalent de trois vacances d’été, l’équivalent d’une demie-année. Six mois, ça ne parait pas beaucoup. En six mois, dans une année scolaire, on a fait deux étapes et 60% de notre année. Ça, c’est comme si on passait l’année scolaire 2019-2020 que nous avons eu en ‘’vacances’’. Mais six mois, pour des finissants, c’est beaucoup. Il ne nous manquait que quatre petits mois pour avoir notre diplôme, quatre mois pour avoir notre collation des grades, quatre mois pour notre mythique bal, ce moment tant attendu. Ce sont des moments que nous ne vivrons jamais, du moins pas tous ensemble. Certaines écoles ont déjà reporté le bal, d’autres l’ont complètement annulé.

J’aurais aimé passer les derniers moments de mon secondaire avec ceux que je connais depuis des années, parfois même depuis la maternelle. J’aurais aimé vivre d’autres moments de fous rires avec eux, me créer davantage de souvenirs. Je sais que nous avons toujours été là les uns pour les autres et je le vois présentement, avec tous les messages qu’on s’écrit. Mais cette chimie, cette petite étincelle qui se créait quand nous étions ensemble, va sincèrement me manquer. C’est comme un casse-tête qu’on fait. La fin de notre secondaire 5, c’est comme une pièce en coin. Même si elle n’est pas là, on comprend le sens du casse-tête, mais il manque quand même une pièce, même si elle n’est  »pas importante »…

C’est actuellement le sentiment des finissants-finissantes du Québec : la tristesse. Je suis moi aussi triste de ne pas avoir les événements qui ferment la page de notre passage au secondaire. Je suis triste de ne pas pouvoir fêter ces années de dur labeur avec ceux et celles qui ont fait ce chemin avec moi. Cependant, je me dis que si on protège nos camarades et leur famille qui sont à risque, si on sauve des vies en n’ayant pas de bal, ça en vaut la peine.

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