Les centrales nucléaires ont-elles toujours raison d’exister?

25 juin 2019 - Curium

 

Dans un monde préoccupé par les changements climatiques, le nucléaire présente certains avantages. Particulièrement écologiques. Oui, vous avez bien lu! 

L’argument de ses défendeurs?

Aucune technologie ne pourra à elle seule remplacer les énergies fossiles. Mais…. «La production d’énergie nucléaire est constante, ce qui n’est pas le cas pour l’énergie solaire ou éolienne, dit David Hess, de l’Association nucléaire mondiale. Elle génère également peu d’émissions polluantes. Pour enrayer les énergies les plus polluantes, il faudra une combinaison de plusieurs sources d’énergie, dont le nucléaire.»

L’industrie souhaite fournir 25 % de la production mondiale d’électricité d’ici 2050, alors qu’elle en assure aujourd’hui près de 15 %. Elle pourrait ainsi remplacer plusieurs centrales au charbon, dont les émissions polluantes tuent des dizaines de milliers de personnes chaque année.

Pour atteindre cet objectif, un nouveau type de réacteur a été développé. Plus abordable, plus efficace, plus petit – on peut même le transporter par camion, ce qui permettrait d’alimenter des régions éloignées. Un seul réacteur pourrait alimenter des milliers de ménages en électricité.

Autre avantage: ils sont plus faciles à décontaminer à la fin de leur utilisation. Intéressant pour les pays qui n’ont pas une grande expérience avec cette technologie.

COMMENT ÇA MARCHE, L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE ? 

Le réacteur nucléaire ressemble à une grande piscine en béton contenant un combustible, l’uranium ou le plutonium. Une réaction nucléaire contrôlée – dite de fission nucléaire – est enclenchée et chauffe le réservoir d’eau. La vapeur créée sert ensuite à faire tourner des turbines, qui produisent de l’électricité. Tout déchet radioactif est ensuite minutieusement entreposé pour plusieurs siècles, dans un site spécialement prévu pour cet usage.

PAS DANS MA COUR

Un des problèmes, c’est que la technologie nucléaire produit justement ces résidus radioactifs dont certains resteront toxiques pour l’humain et l’environnement durant des millénaires. Par exemple, le curium (l’élément atomique, pas le magazine!) peut mettre plusieurs centaines de milliers d’années avant de perdre sa radioactivité.

Les déchets nucléaires doivent être entreposés en respectant des règles de sécurité très strictes. Certains peuvent être stockés en surface, mais les plus dangereux doivent être enfouis et disposés dans des couches géologiques profondes. La roche forme alors une barrière naturelle entre les déchets et l’environnement.

La Finlande construit justement le premier site d’enfouissement permanent de déchets nucléaires à haute activité. Dans ce site prévu pour 2020, les déchets seront spécifiquement conditionnés, dans des étuis en fonte et des silos en cuivre, puis logés entre 400 et 450 mètres de profondeur. Ils devraient pouvoir y rester à l’abri, le temps de perdre leur toxicité… soit pendant 100 000 ans!

Les géologues hésitent d’ailleurs à marquer l’entrée du site, redoutant que cette inscription attire les curieux davantage qu’elle ne les repousse. Ils se questionnent aussi sur la langue à privilégier pour leur avertissement. Après tout, il y a 100 000 ans, l’homme de Néandertal chassait le mammouth…

De nombreux pays se montrent intéressés par la technique d’enfouissement de la Finlande: la France, l’Allemagne, les États-Unis, mais aussi le Canada, qui envisage actuellement un site d’enfouissement en Ontario.

ET LA SÉCURITÉ?

Les incidents sont rares, mais ils sont redoutés. Si le Canada en a connu deux dans les années 1950, sur le site de Chalk River, en Ontario, les plus graves ont eu lieu en avril 1986, à la centrale de Tchernobyl en Ukraine, et à Fukushima, au Japon, en mars 2011. La centrale avait été gravement abîmée par un tremblement de terre, suivi d’un tsunami. Des eaux contaminées s’étaient écoulées dans la nature.

Évidemment, au fil des erreurs passées, les mesures de sécurité se sont resserrées, mais les risques restent présents. Des groupes de défense de l’environnement demeurent d’ailleurs sceptiques quant à l’avenir de l’énergie nucléaire. L’erreur étant humaine, il y aura toujours un risque d’incident.

DE LA FISSION À LA FUSION

Les chercheurs explorent aussi des technologies qui permettront de recycler l’uranium ou le plutonium déjà utilisés, afin qu’ils alimentent de nouveaux types de centrales.

Une autre piste d’avenir: la fusion nucléaire, une méthode qui produit autant d’énergie, sans former de déchets. Le principe? Fusionner des petits noyaux pour en former des plus gros. C’est l’inverse de ce qui se passe actuellement dans les centrales, dans lesquelles de gros noyaux sont brisés en plus petits, formant ainsi des déchets radioactifs. Simple en théorie, mais extrêmement difficile à atteindre en pratique.

EN CHIFFRES: 

447 réacteurs nucléaires sont dédiés à la production d’électricité en activité dans le monde

19 réacteurs sont en activité au Canada, répartis dans quatre centrales en Ontario et une au Nouveau-Brunswick.

Ils génèrent 15 % de l’électricité du pays.

CEUX QUI REFUSENT MAINTENANT LE NUCLÉAIRE

Le Québec a aussi eu sa centrale nucléaire à Bécancour, près de Trois-Rivières. Mise en opération en 1983, elle a cessé sa production en 2012. Elle nécessitait des rénovations trop coûteuses. Le combustible radioactif est toujours immergé dans l’eau des réacteurs et devra être relocalisé dans des sites d’enfouissement d’ici quelques décennies.

La centrale sera complètement démantelée… d’ici 2062! Confrontée au vieillissement de ses centrales nucléaires, la France se lance aussi dans le démantèlement de certaines de ses installations.

Les matières radioactives impliquent des mesures draconiennes de radioprotection pour les personnes intervenant sur le chantier, et pour le confinement, le conditionnement puis l’évacuation des déchets dangereux.

C’est également le cas de l’Allemagne, qui a décidé de fermer toutes ses centrales d’ici 2022. En mars 2011, quelques jours après la catastrophe de Fukushima, l’Allemagne annonçait ainsi la sortie progressive de l’énergie nucléaire d’ici 2022.

Texte: Marion Spée

 

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