L’anxiété de performance : vivre avec la peur de l’échec
Stresser quelques heures avant un examen, un match de hockey ou un concert de piano ? Rien de plus normal. Mais certaines personnes ont si peur de se tromper qu’elles en perdent tous leurs moyens.
Elles visent les plus hauts sommets. Ne supportent pas la défaite. Voient la moindre erreur comme une catastrophe.
Si l’anxiété de performance ne figure pas dans les diagnostics du manuel DSM, la bible officielle des psychiatres, les spécialistes de la santé mentale estiment tout de même qu’un nombre croissant de jeunes souffrent de ce trouble anxieux.
Un simple match de soccer peut empoisonner la vie d’une personne atteinte. Un test de routine représentant 10 % de la note finale occasionne le même trac qu’un examen d’admission en médecine.
« Être fébrile avant une compétition ou un examen, c’est nécessaire, affirme Geneviève Marcotte, psychologue. Le stress permet de se mobiliser, de bien se préparer. Mais dans l’anxiété de performance, le stress est démesuré par rapport aux implications réelles. Il n’est pas ancré dans la réalité et produit une détresse excessive. »
L’anxiété de performance, c’est aussi…
• Paniquer avant, pendant ou après une situation de performance.
• Ressentir un important malaise physique : « Crampes, bouffées de chaleur, tremblements, maux de tête, insomnie, nausées et vomissements, transpiration excessive, palpitations… C’est la malaria, docteur ? ».
• Avoir des pertes de mémoire : « Je connais mes notions, mais devant ma copie, je fige comme une marmotte devant les phares d’une voiture. »
• Allonger les heures d’étude pour des détails : « Et si j’étais interrogé sur les notes en bas de page ou la table des matières… »
• Multiplier les pensées négatives et dévalorisantes : « Je vais tout rater, j’ai le quotient intellectuel d’un bok choy ! »
Qui est le plus à risque ?
« L’environnement familial peut peser dans la balance, affirme Geneviève Marcotte. Les parents perfectionnistes et exigeants peuvent causer de l’anxiété chez les enfants qui ont peur de décevoir. Un frère ou une soeur qui se démarque de manière époustouflante peut également donner l’impression que les autres membres de la fratrie doivent eux aussi surperformer pour mériter leur place dans la famille. »
Pour soulager leur inconfort, les personnes anxieuses développent différents mécanismes. Certaines deviendront hyper perfectionnistes. D’autres opteront plutôt pour la procrastination.
LE PERFECTIONNISTE
Il a si peur de commettre une erreur qu’il travaille comme un forcené. Ses attentes sont excessivement élevées, voire irréalistes. Du coup, ses objectifs personnels ne sont jamais atteints. Éternel insatisfait, il se dévalorise et se promet de travailler en double la prochaine fois…
« J’ai eu 98,5 % dans ma dissertation de philo. Ma vie est foutue ! »
LE PROCRASTINATEUR
La tâche à accomplir est si terrorisante qu’il la reporte indéfiniment. « Sur le coup, la stratégie fonctionne, il engourdit son stress, il est dans le déni, explique la psychologue. À long terme, toutefois, le manque de préparation produit inévitablement de mauvais résultats, ce qui alimente la peur d’échouer la prochaine fois… et donc le réflexe de procrastiner pour apaiser l’inconfort ! » Le refus de passer à l’action doit s’enraciner dans la peur de ne pas réussir.
Reporter sans cesse le ménage de sa chambre, ce n’est donc pas de l’anxiété de performance, mais de la paresse ! Héhé.
Texte: Julie Champagne
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