Je fais l’école à la maison (et oui j’ai des amis!)

25 septembre 2023 - Curium

Plusieurs se demandent s’il est possible de socialiser suffisamment lorsqu’on fait l’école à la maison. Je suis la preuve que oui. Ma mère m’enseigne depuis ma première année du primaire et je ne manque pas d’occasions de voir des gens!

Trois fois par semaine, je passe l’après-midi avec un groupe de jeunes qui font eux et elles aussi l’école à la maison. J’ai un groupe à Kamouraska et un autre à Rimouski. On joue à des jeux de société, on fait du théâtre, des ateliers de science, de programmation, de musique, des visites au musée ou à la bibliothèque. Parfois, on fait juste chiller entre ados.

Je fais aussi du bénévolat dans des festivals, des organismes communautaires et dans des fermes biologiques. Je vois donc beaucoup de monde, et de tous les âges.

Mes amis qui vont à l’école me parlent d’intimidation. Moi, je n’ai jamais été témoin ou victime d’intimidation. Tout le monde s’intègre facilement à nos groupes.

Une personne assise à un bureau devant un ordinateur qui écrit sur une feuille
Dreamstime

Mon coup de coeur dans toutes ces expériences collectives? L’école en forêt! Pendant quelques jours l’été, on est jusqu’à une quarantaine à faire du camping sauvage ensemble! Passer du temps en forêt, ça nous aide à mieux la connaître, et à la respecter.

En dehors de ces expériences de groupe, j’étudie avec ma mère, en suivant des manuels scolaires, de 8 h 30 à 13 h tous les jours. Quand j’ai terminé, je fais ce dont j’ai envie. Je joue de la guitare pendant des heures, je lis ou je vois un de mes groupes d’école à la maison.

Avant 2018, les examens du ministère de l’Éducation n’étaient pas obligatoires. J’avais encore plus de temps pour faire mes projets. Pas mal moins trippant maintenant! Je trouve que cette nouvelle obligation ruine ma curiosité et mon envie d’apprendre.

Je ne sais pas encore si je vais terminer mon secondaire en école à la maison, mais il y a de fortes chances que oui. Je prends la décision d’arrêter ou de continuer à chaque fin d’été. Ce que j’aime de cet enseignement, c’est que ça me permet de développer mes passions. J’ai du temps pour apprendre de façon autodidacte. Présentement, c’est la criminologie qui me fait tripper, et j’aimerais aller à l’université pour l’étudier.

Taïm (nom fictif), 14 ans

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La réflexion de Christine Brabant, professeure agrégée au Département d’administration et fondements de l’éducation à l’Université de Montréal :

Les jeunes comme Taïm doivent souvent se défendre contre le préjugé que l’école à la maison les empêche de socialiser. Il est vrai que la socialisation demande un effort particulier, mais en cherchant des occasions d’interagir, les possibilités sont équivalentes. Elles peuvent même être plus diversifiées qu’à l’école, voire plus harmonieuses, comme le souligne Taïm.

L’école, avec ses classes d’élèves du même âge et du même quartier, a effectivement peu en commun avec la vie en société. En école à la maison, les jeunes peuvent faire du bénévolat, des voyages ou des projets avec des groupes multiâges et hétérogènes. Taïm dit d’ailleurs beaucoup aimer ce type de socialisation et d’éducation.

Ce n’est pas le cas de tous et toutes. Des jeunes vivent de l’isolement dans ce cadre familial. D’autres se rendent compte que leur éducation est soit incomplète, soit trop facile ou trop difficile à leurs yeux. Ainsi, même si l’école à la maison offre la possibilité de mieux prendre en compte des difficultés d’apprentissage, une douance ou des intérêts particuliers, il y a aussi un risque que les parents ne comprennent pas ces spécificités.

Il arrive aussi que les parents croient tellement à la supériorité de l’école à la maison que leurs jeunes n’osent pas exprimer leurs doutes pour ne pas les décevoir. Dans tous ces cas, il peut être aidant d’en parler à une personne de confiance (autre membre de la famille, médecin, etc.).

Le gouvernement a mis en place des moyens pour s’assurer que chaque élève reçoive une éducation de qualité. Les examens sont un de ces moyens. Il en existe d’autres, comme les portfolios d’apprentissage et les rencontres de suivi avec une personne-ressource. Ces démarches permettent de discuter des besoins et des parcours éducatifs de chaque jeune.

On s’assure ainsi que l’école à la maison se passe bien. Et quand c’est le cas, les jeunes ayant reçu ce type d’éducation peuvent réussir leur vie aussi bien que les autres.

Lire plus d’histoire d’ados.

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