Doit-on s’inquiéter de la diminution de certains groupes d’insectes ?

17 juin 2021 - Curium

Au début des années 2010, à Porto Rico, aux États-Unis, des entomologistes ont installé des pièges à insectes afin d’en mesurer l’abondance dans la forêt tropicale. Ils ont pesé les quantités recueillies, puis surprise : leurs pièges contenaient entre 10 et 60 fois moins d’insectes que 40 ans auparavant !

Une autre étude préoccupante, menée en Allemagne, a noté une  diminution de 76 % dans l’abondance des insectes volants entre 1989 et 2016, toutes espèces confondues. Que se passe-t-il ?

Les insectes sont-ils vraiment en déclin ?

Certains groupes, oui, comme les papillons monarques ou les pollinisateurs. Mais actuellement, il est impossible de brosser un portrait global. « C’est comme si j’avais un casse-tête de 1 000 morceaux, mais qu’on me donnait seulement 50 pièces pour reconstituer l’image », illustre Michel Saint-Germain, chef de division aux collections et à la recherche à l’Insectarium de Montréal.

Car le monde des insectes est extrêmement diversifié ! « Les insectes, c’est un million d’espèces décrites et plusieurs autres millions encore inconnues », poursuit Michel Saint-Germain.

Pas partout pareil

L’étude allemande a été menée en région agricole, où les pesticides et les monocultures (quand on remplace une mosaïque de boisés, de ruisseaux et de prairies fleuries par des kilomètres de soya) nuisent aux insectes.

Mais tout n’est pas noir. « En Europe et en Amérique du Nord, beaucoup de populations d’insectes aquatiques sont en croissance, car la qualité des cours d’eau s’améliore grâce à des lois de protection de l’environnement », souligne Michel Saint-Germain. Et si le réchauffement climatique nuit aux insectes tropicaux (comme à Porto Rico), ceux des régions nordiques étendent leur territoire. Enfin, comme les insectes ont un cycle de vie rapide, leurs populations peuvent rebondir rapidement quand on améliore leur habitat.

Texte : Raphaëlle Derome