Une forêt en ville

31 août 2022 - P-Léa Karantounis et Carla Hamla-Tournier

En collaboration avec l’école secondaire Soulanges, Curium est fier de partager avec vous, une fois par mois, des textes du projet Environnement : un monde de solutions.

Ville de Montréal vue du Mont-Royal
Photo : Nathalia Segato, Unsplash

Le début de l’industrialisation à la fin du XVIIIe siècle est notamment marqué par une hausse de la pollution atmosphérique. Malheureusement, depuis, celle-ci a continué d’augmenter en majeure partie à cause de la consommation de combustibles fossiles, des pratiques agricoles et d’élevage à grande échelle, de l’activité industrielle ainsi que des nombreux autres facteurs contribuant au relâchement de gaz (notamment du dioxyde de carbone) néfastes pour l’environnement.

Ce type de pollution est en partie responsable de l’augmentation de l’effet de serre qui entraîne un réchauffement climatique. Les pluies d’acides, les dommages à la couche d’ozone et la contamination alimentaire (causés par les gaz et les particules nocifs transportés par le vent qui atteignent les aliments) sont aussi des conséquences dévastatrices pour notre planète et ses habitants liées à ce type de pollution.

Mais quelles conséquences pour notre santé?

On se doute bien que respirer de l’air pollué est nuisible pour notre santé, mais à quel point? Parmi les dangers directs engendrés par l’inhalation d’air contaminé, on relève notamment des cancers et maladies respiratoires (asthme, cancer du poumon, pneumonies, allergies).

Viennent aussi les effets sur la santé dus à l’intoxication par l’eau et les aliments (vertiges, maladies cardiovasculaires, maux de tête). L’amincissement de la couche d’ozone dont est responsable la pollution atmosphérique est aussi une cause de cancers et de maladies de la peau.

La pollution atmosphérique est une cause majeure de décès dans le monde : on estime qu’elle entraîne environ 4,2 millions de décès prématurés par année.

Au Canada, ce chiffre s’élève à 15 300 morts prématurées par année.

Un problème en Serbie

En Serbie, la pollution de l’air est un grave enjeu pour ses habitants : un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a révélé qu’en 2016 pour ses 7,058 millions d’habitants, 6 592 sont morts de conséquences directes de la pollution atmosphérique, 600 personnes ont été hospitalisées en raison de maladies respiratoires et cardiovasculaires et environ 1000 ont souffert de bronchites chroniques. D’emblée, en 2010, le HEAL (Health and Environnement Alliance) a estimé que 10 000 personnes sont mortes prématurément de conséquences en lien avec cet enjeu.

La pollution dans Belgrade, la capitale du pays, est en partie due au trafic routier, mais également aux méthodes de chauffage utilisées par ses habitants, à l’usage intensif de charbon et d’autres combustibles fossiles en plus des conditions météorologiques particulières à cette région comme le manque de vent et de pluies, ce qui favorise l’accumulation de smog. La population enchaîne d’ailleurs les protestations pour inciter les gouvernements à changer leurs façons de faire.

Bojan Simisic, membre d’Eko Straža et organisateur de récentes protestations, déclare: « Le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement indique que le taux de mortalité (lié à la pollution) en Serbie est le plus élevé d’Europe, et Belgrade est la grande ville la plus polluée d’Europe». Ses paroles reflétant celles de toutes les personnes affectées par cette catastrophe.

« Au moins 15 villes de Serbie sont plus polluées que les villes les plus polluées de l’UE. Ils (le gouvernement serbe) nous ont conduits à ce stade. 15 000 personnes sont mortes à cause de la pollution. Cela signifie 50 décès par jour, soit plus que la COVID-19. Et nous ne disons rien et ne faisons rien à ce sujet» revendique-t-il.

La solution

Pour remédier au problème de pollution de l’air, le docteur Ivan Spasojevic, un des chercheurs du projet, aide la capitale à trouver une solution. À l’aide de ses collègues, le «LIQUID 3» ou bien «Liquid Tree­» fait son apparition. Cet « arbre » permet de lutter contre l’augmentation de gaz à effet de serre (CO2). La santé des arbres est compromise par le taux énorme de pollution de l’air dans cette ville. De plus, il est difficile de trouver l’espace dans une telle ville pour y planter des arbres, donc cette invention a un énorme avantage : sa superficie moins importante. Cette machine est déjà en fonctionnement dans les rues de Belgrade depuis septembre 2021 et a remporté la 7ième place pour le »Green Concept Audience Award 2022. »

Et donc, comment ça fonctionne?

Cette invention fonctionne comme un arbre qu’on retrouve dans une forêt. Le Liquid Tree fait de la photosynthèse à l’aide d’eau et de microalgues.

On utilise en fait des photobioréacteurs. Des microalgues sont mélangées avec six cent litres d’eau et les chercheurs du projet affirment que cette solution est 10 à 50 plus efficace que les arbres de nos forêts. On constate qu’elle absorbe le CO2 (dioxyde de carbone) et produit du O2 (oxygène). Ce dispositif requiert un entretien mensuel de 90 minutes.

Le dr. Spasojevic déclare : « Les microalgues remplacent deux arbres de 10 ans ou 200 mètres carrés de pelouse. Le système est le même parce que les arbres et l’herbe effectuent la photosynthèse et lient le dioxyde de carbone».

Voici une vidéo internet pour vous permettre de voir cette invention : 

En plus d’être bénéfique pour l’environnement, cette invention permet de sensibiliser les gens au problème de pollution de la ville tout en créant un point de rencontre et de promouvoir les innovations pour l’environnement. D’un point de vue économique, le LIQUID3 représente une utilisation efficace de l’espace en plus d’offrir des services : un banc pour les habitants et une charge pour alimenter des téléphones. Le LIQUID3 produit aussi du biofertilisant.

Conclusion

Comme vous avez pu le constater la pollution atmosphérique est un danger pour notre planète et tout ce qui l’habite. Il est donc urgent de trouver des solutions pour remédier à ce fléau. En ville, les solutions se font particulièrement rares à cause notamment du manque d’espace. Le LIQUID3 a justement comme objectif d’être placé dans des lieux où il n’y a pas d’espace pour planter des arbres. Comme l’a dit le docteur Ivan Spasojevic, un des auteurs du projet :

« Notre objectif n’est pas de remplacer les forêts, mais d’utiliser ce système pour remplir ces poches urbaines où il n’y a pas d’espace pour planter des arbres. »

Et le LIQUID3 semble être la solution à ce problème.

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P-Léa Karantounis
Carla Hamla-Tournier

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