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Crise de panique? Pas de panique!

21 août 2023 - Philippe Marois

Une personne sur trois fera une attaque de panique dans sa vie. Ce malaise brutal apparaît sans crier gare, mais il ne faut pas trop s’en faire. Voici pourquoi.

Un jour d’été, Luna apprend par texto que son amie ne veut plus lui parler. «J’étais bouleversée de la perdre», se souvient-elle.

Les symptômes apparaissent aussitôt. Des pleurs, des sensations étranges, de l’hyperventilation. «J’étais perturbée parce que même si je respirais vraiment beaucoup, je sentais que je manquais d’air.»

Luna se sent submergée. Sa mère lui conseille de prendre de grandes respirations. Quelques minutes plus tard, l’adolescente retrouve son calme.

Luna venait de vivre sa première attaque de panique. Bien que ce soit déstabilisant, il n’y a rien de grave là-dedans.

Illustration d'une personne avec un gribouillage sur la tête
Dreamstime

Dans la tête

Quand une menace survient, le système nerveux sympathique (c’est vraiment son nom!) libère de l’adrénaline. Le corps entre dans un état de vigilance. Face au danger, trois réactions sont possibles : fuir, figer ou combattre.

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«C’est comme une alarme d’incendie qui nous garde en vie», explique la Dre Lila Amirali, cheffe du département de psychiatrie au CHU Sainte-Justine. «On veut que cette alarme s’active lorsqu’il y a un feu, mais pas pour une allumette.»

Or une attaque de panique, c’est un peu ça : notre cerveau déclenche une réaction d’urgence viscérale dans tout le corps. Le sentiment de terreur est intense. Comme si notre vie était en danger, alors que la menace est faible ou même inexistante.

Ce n’est qu’une fausse alerte

Les déclencheurs sont variés : un examen, une rupture amoureuse, un simple regard… Les crises de panique peuvent arriver dans toutes sortes de situations ou d’événements stressants, peu importe le lieu ou le moment. Elles surviennent toutefois davantage chez les personnes vivant beaucoup d’anxiété.

Dans le corps

Pendant l’attaque de panique, l’adrénaline libérée affecte plusieurs fonctions, comme le rythme cardiaque et la respiration. En parallèle, l’hyperventilation modifie légèrement le pH du sang. Tous ces changements entraînent des sensations inhabituelles, intenses et franchement désagréables :

  • Palpitations ou accélération du rythme cardiaque
  • Transpiration
  • Tremblements
  • Étourdissements
  • Bouffées de chaleur, frissons ou une alternance des deux
  • Nausées, maux de ventre
  • Sensation d’oppression à la poitrine, difficulté à respirer

On peut avoir l’impression d’être gravement malade, de perdre la raison ou même de faire une crise cardiaque. Bien sûr, ces pensées ne font qu’alimenter l’anxiété, ce qui amplifie les symptômes. Un redoutable cercle vicieux.

Aucun problème médical grave ou urgent ne se cache derrière une attaque de panique.

Attaque de panique = Crise de panique = Crise d’anxiété

Anxiété
Stress ou préoccupation pour quelque chose qui pourrait survenir. À peu près tout le monde en vit, à différents degrés.

Troubles anxieux
Il existe différents types de troubles anxieux : agoraphobie, anxiété sociale, trouble d’anxiété généralisée… et le trouble de panique! Leur point en commun : ils nuisent au fonctionnement quotidien.

Trouble de panique
Si des crises de panique à répétition nuisent à votre qualité de vie, il s’agit d’un trouble. Celui-ci affecte environ 2 % de la population. Certaines personnes ont des crises de panique tous les jours.

Ne fuyez pas!

Les attaques de panique sont désagréables. Un réflexe normal est donc d’éviter les lieux ou les situations qui les déclenchent. Mauvaise idée! Plus on évite une situation, plus on craint les attaques de panique, plus on vit de l’anxiété… et plus on augmente les risques de nouvelles attaques!

Un tel évitement peut aussi bouleverser notre vie, en nous empêchant de mener certaines activités. Il peut même empirer les choses, l’anxiété se transformant alors en agoraphobie (la peur des lieux publics) ou en phobie sociale (la peur lors de situations sociales). Bref, l’évitement ne règle rien, au contraire.

Reprendre le contrôle

Que faire quand les premiers symptômes apparaissent? Dans l’idéal, on prend de grandes respirations en se rappelant que l’attaque de panique n’est pas dangereuse.

On peut également détourner son esprit des pensées angoissantes en se concentrant sur des détails qui nous entourent. Chacun·e a ses trucs : se concentrer sur la sensation du plancher sous ses pieds, observer un objet dans la pièce, penser aux paroles de notre chanson préférée…

Par contre, quand on est en pleine crise, il est souvent difficile d’appliquer ces trucs, voire même de comprendre ce qui nous arrive. C’est normal.

«Les stocks d’adrénaline de notre corps sont limités, rappelle la Dre Amirali. Après quelques minutes, il n’en reste plus.»

Conclusion, même si on n’arrive pas à prendre de grandes respirations ou à se changer les idées, l’attaque de panique passera par elle-même. Le corps reprendra naturellement le contrôle. Une crise ne dure en général que quelques minutes.

Ça se guérit?

Il existe des façons de réduire les attaques de panique :

La thérapie
Avec une aide professionnelle, on apprend à maîtriser l’anxiété et à reconnaître les premiers signes d’une attaque, afin de se raisonner avant de perdre le contrôle.

L’exposition
Il faut confronter, peu à peu, les éléments anxiogènes déclenchant une attaque. Ça nous permet de les apprivoiser, et de constater rationnellement qu’ils ne représentent pas une menace réelle.

Le mode de vie
Qualité du sommeil, saine alimentation, activité physique, relaxation… Il importe d’adopter des habitudes qui contribueront à réduire notre anxiété
au quotidien.

La médication
Elle est parfois nécessaire pour diminuer l’anxiété.

Merci aux lecteurs et lectrices qui nous ont livré leur témoignage.

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