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L’art crypto ou les NFT

21 octobre 2021 - Charles Prémont

69 millions de dollars. C’est le prix payé pour le NFT de la mosaïque Everydays —the First 5000 Days de l’artiste Beeple, alias Mike Winkelmann.

Les NFT, c’est quoi? En version courte, le NFT est un lien unique et crypté qui pointe vers une oeuvre. Il agit comme un certificat d’authenticité. Ce que vendent les artistes comme Beeple, ce ne sont pas leurs oeuvres comme telles, mais plutôt un jeton non fongible (non-fungible token).

On a longtemps cherché un moyen de commercialiser des objets numériques. La solution est venue avec la blockchain. Une chaîne de blocs, c’est comme un registre où toutes les transactions concernant un objet numérique sont compilées. Comme ces chaînes sont cryptées et distribuées (elles se trouvent sur un réseau d’ordinateurs et non sur un seul), il est pratiquement impossible de les pirater. On s’assure ainsi que le bien échangé est vraiment celui qu’on croit.

Jeton non fongible :

Représente quelque chose d’unique, comme une oeuvre d’art. La valeur du jeton est liée à sa singularité. On ne peut pas en échanger une pour l’autre. Il importe donc d’être capable de les différencier.

Jeton fongible :

Les bitcoins, par exemple. Que l’on possède le bitcoin A ou le B, peu importe. La valeur reste la même.

Le NFT nous certifie donc la propriété d’un fichier original, dont l’historique est conservé et accessible grâce à la technologie de la chaîne de blocs. Les artistes touchent ainsi des redevances chaque fois que le NFT est revendu.

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Alycia Rainaud, alias Maalavidaa, est une designer graphique et artiste numérique de Montréal. Elle partage son art sur les réseaux sociaux et collecte les likes. Elle a également une boutique où elle vend ses oeuvres imprimées sur des objets physiques, pour quelques dizaines de dollars. Puis un jour Alycia Rainaud s’intéresse aux NFT. Sa vie change du tout au tout : elle vend maintenant ses oeuvres numériques pour plusieurs milliers de dollars.

Une communauté tissée serrée

Grâce aux revenus provenant des NFT, Alycia Rainaud peut aujourd’hui prioriser son art. Elle travaille sur des concepts qui lui trottaient en tête depuis longtemps, mais qu’elle ne pouvait jamais entreprendre, faute de temps.

Ce qui a le plus changé pour elle ? Le sentiment de communauté. « Avant, ma vie d’artiste était assez solitaire. Maintenant, j’ai l’impression de faire partie d’un mouvement. La collectivité des NFT est composée de gens qui viennent de milieux très différents. Comme tout est nouveau, on s’entraide, on se donne des conseils. »

Un échange d’information primordial, car même si cette technologie est prometteuse, les NFT ne sont pas une voie royale vers le succès. Les artistes ne réussissent pas tous et toutes à tirer profit de leurs oeuvres. Une fois les divers frais payés aux plateformes d’enchères, certains ne perçoivent que quelques dollars pour la vente d’une oeuvre.

Alycia a également cofondé l’organisme 0x Society (prononcé « zéro-x society »). La mission ? Aider les artistes à comprendre le monde des NFT, à exposer leurs oeuvres et à peaufiner leur stratégie afin d’améliorer leurs ventes.

Un côté sombre

Comme le système des NFT repose sur la même technologie que les cryptomonnaies, et que souvent, les artistes sont payé·e·s avec celles-ci, l’art cryptographié demande d’énormes quantités d’énergie. Pas super écologique, donc.

Sans surprise, on recense aussi des cas de fraudes. Des hackers créent des répliques de galeries NFT pour avoir accès aux numéros de cartes de crédit de leurs utilisateur·trice·s. Des artistes se sont aussi fait usurper leur identité par des escrocs qui vendent leurs oeuvres sur les différentes plateformes. Un pirate a même réussi à s’introduire dans les comptes de collectionneur·euse·s pour voler leurs NFT.

Mais… pourquoi ?

Pourquoi investir une petite fortune dans un certificat d’authenticité numérique ? On ne peut tout de même pas encadrer notre NFT pour décorer le mur de la chambre ! Pour la même raison qu’une personne férue d’art investit des millions de dollars dans une oeuvre de Banksy, plutôt que d’acheter une reproduction : pour posséder l’original. Et espérer qu’il gagne en valeur…

COLLECTION NUMÉRIQUE

La technologie ne s’applique pas seulement aux oeuvres d’art : tout bien numérique peut être frappé d’un NFT. Un exploit sportif, une photo, un clip vidéo, même un tweet ! En mars dernier, le patron de Twitter, Jack Dorsey, a vendu son tout premier message pour 2 millions de dollars américains.

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