La pandémie me vole-t-elle mon adolescence?
L’automne dernier, ma grande soeur est partie de la maison. Ça s’est fait en un claquement de doigts. Elle a terminé le cégep, a été accepté à l’université et a trouvé un appart. Je me rappelle avoir pensé : « Déjà ? On est déjà rendues là ? » J’avais pourtant l’impression qu’une minute plus tôt, on jouait aux Barbies ensemble, et puis tout à coup, ses boîtes étaient empilées dans notre voiture, et sa chambre était vide.
« Ça va être ton tour bientôt ! », m’ont dit mes parents. C’est là que la réalité m’a rattrapée. Je me disais que je n’avais pas à m’inquiéter pour ma vie adulte, que j’avais le temps d’y penser.
Mais maintenant, je comprends que l’avenir lointain n’est pas si lointain que ça finalement ! Mon secondaire tire à sa fin et tout ce qui vient après m’angoisse : études supérieures, travail, maison, enfants, impôts et tout le tralala de la vie adulte. Même le fait d’acheter mon propre frigo m’effraie !
Parfois, je me dis que je ressemble un peu à Peter Pan. Pas que je sois amie avec une fée et que ma passion soit de jouer de la flûte, mais parce que le fait de grandir et de devenir adulte m’inquiète. Comme si, arrivé au milieu de la vingtaine, la « vraie vie » nous rattrapait avec ses 1 001 responsabilités, sa routine réveil-travail-dodo et ses 5 à 7 un peu malaisants. Ça ne me réjouit pas, disons.
J’aimerais parfois mettre le temps sur pause pour pouvoir tout cocher sur ma bucket list d’adolescence. Avec la pandémie en plus, je ne sais pas pour vous, mais je me suis souvent sentie piégée. Comment profiter de mes 15 ans avec un virus dans les pattes ?
J’aurais envie d’utiliser cette liberté qui m’appartient encore pour découvrir, m’amuser, expérimenter… sans toujours anticiper le futur. Après tout, c’est ça la meilleure façon de vivre à fond notre jeunesse : faire confiance à la vie pour voir où elle nous mène !
En tout cas, malgré tout, je me réjouis à l’idée que même si on ne cesse de vieillir, il reste toujours en nous une part d’enfant perdu qui rêve sa vie en couleurs, car c’est le secret du bonheur.
Et vous ?
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