Je suis dans les cadets
À 13 ans, je savais pas ce que c’était. Une de mes amies m’en parlait, mais ça me disait rien, moi l’armée, les push up, ark ! Mais c’était gratuit, je faisais rien de ma vie, j’avais rien à perdre. J’ai essayé par curiosité.
Mon amie m’avait dit : t’aimeras pas ça au début. Et c’est vrai pour certaines personnes, comme dans mon cas. Arrivée au régiment, tout le monde se connaissait, et on devait faire de la marche militaire. Je comprenais pas trop ce que je faisais là. Mais avec le temps, j’ai compris que c’était comme une famille. On dit un « corps » de cadets, c’est pas pour rien. On forme un tout. La fraternité est très puissante. Ça été une révélation pour moi. Après environ un mois.
Les gens ont de la misère à comprendre c’est quoi. Ils pensent qu’on est des soldats.
J’ai gardé des enfants qui jouaient à Halo et ils étaient bien déçus d’apprendre que j’avais pas d’armure ! Ça fait trois ans que je suis dans les cadets, et je fais toujours pas de push up. (Sauf deux fois par année, pour un test de conditionnement physique.) Et ce n’est pas l’armée. Nous ne sommes pas déployés en cas de catastrophe !
C’est plutôt un groupe qui te permet de développer ton leadership. Moi, je suis dans les cadets de terre (il y a aussi ceux de l’air et de la marine) donc nous faisons des activités d’orientation et des expéditions. Il y a aussi un système de pointage et de badges. Faire du bénévolat, par exemple, te donne des points qui permettent d’être accepté ensuite pour des activités dans les Montagnes Rocheuses, au Yukon, en Grande-Bretagne, et bien plus. Moi ça m’a permis d’aller faire un camp d’été en Alberta où j’ai pu faire du canot sur la rivière Red Deer et escalader un glacier en Colombie-Britannique…
C’est drôle parce que les gens sont intrigués. Un soir, lorsque je revenais d’une soirée avec mon corps de cadets, j’ai traversé le quartier des festivals et j’ai dû ouvrir mon sac pour entrer sur le site. Dès que le gars a vu les trucs de cadets, il a retiré ses mains du sac en me disant : Oooooh ! pis en me laissant passer sans me fouiller. Ça m’a fait rire. Aussi, on se fait dire de ne pas porter notre uniforme dans les lieux publics. Mais quand je reviens d’une parade en métro, des fois, ça arrive. Les gens ont un regard respectueux.
Dans l’avion, on était un groupe de cadets qui revenions de l’Alberta. Et l’agente de bord nous a dit : « Merci de servir notre pays » et nous a offert des écouteurs. Bon, cette fois-là, j’ai pas dit : ben en fait on sert pas… j’ai juste souri et j’ai pris les écouteurs !
*nom fictif par souci de confidentialité
Réponse de la psychologue Sophie Leroux :
L’appartenance à un groupe procure plusieurs bienfaits. À l’origine de l’humanité, il permettait la survie. Aujourd’hui, on l’associe à un meilleur état psychologique puisqu’il brise l’isolement, diminue le stress et augmente l’estime de soi et la motivation. À l’adolescence, en pleine quête d’identité, la recherche d’un groupe d’appartenance peut être un défi . Certains feront de meilleurs choix que d’autres. Dans le cas de Bianka, son expérience est positive. En général, plus les valeurs du groupe correspondent aux vôtres, plus l’association est gagnante. Des valeurs axées sur l’entraide, le respect et l’ouverture auront davantage d’effets bénéfiques et favoriseront l’échange en cas de désaccord.
Les préjugés sur les regroupements sont fréquents, souvent dus à un manque d’informations. Bianka permet de clarifier plusieurs points sur les cadets. Maintenant, ce qui est bon pour un ne le sera pas nécessairement pour vous, ni même à travers le temps. Et vaut mieux s’informer avant de faire confiance à un regroupement. Encore une fois, vos besoins, vos valeurs et vos priorités devraient guider votre choix. Chose certaine, un bon groupe d’appartenance, c’est précieux !
Moi aussi je suis dans les cadets, mais de l’air. Ça m’a permis d’accumuler de nombreuses connaissances et expériences que j’aurais jamais pu voir ailleurs. C’est une des plus belle décisions que j’ai prise, ça m’a fait grandir. J’avais des difficultés avec les relations sociales, à prendre ma place, à parler en public et à rencontrer de nouvelles personnes. En participant aux activités, j’ai rencontré de nouvelles personnes, maintenant je donne des cours et j’ai ma licence de pilote de planeur. Je continue à voler les fins de semaine, c’est fantastique! Je pourrai jamais redonner assez pour tout ce que ce beau programme là m’a permis d’accomplir et d’apprendre.