La dépendance, c’est quoi?
Drogue, alcool, jeu… Comment et pourquoi devient-on dépendant ? Être dépendant à Facebook, ça se peut ? On a interrogé des spécialistes.
Notre cerveau est fait pour rechercher le plaisir. Le plaisir, c’est le moyen qu’a trouvé l’évolution pour nous pousser à l’action : manger quand on a faim, boire quand on a soif et trouver un partenaire sexuel pour nous reproduire…
En répondant à ces besoins, on assure notre survie et celle de notre espèce. Pour nous « récompenser », notre cerveau sécrète de la dopamine et on ressent du plaisir.
Le circuit de la récompense
La dopamine est relâchée au centre du cerveau, dans une région appelée le noyau accumbens. Plus la concentration de dopamine y est élevée, plus le plaisir est intense. « C’est aussi là que se produit le renforcement positif qui va nous motiver à répéter le comportement agréable dans le futur », explique Josiane Bourque, étudiante au doctorat en science biomédicale.
Autrement dit, grâce à la dopamine, on apprend à se faire plaisir !
Josiane Bourque étudie l’effet du cannabis sur le cerveau des adolescents dans le cadre d’un doctorat en sciences biomédicales à l’Université de Montréal.
Quand ça dérape
Les drogues stimulent le circuit de la récompense en augmentant artificiellement la libération de dopamine dans le noyau accumbens.
« Normalement, le lobe frontal du cerveau agit comme un frein. Il dialogue avec le noyau accumbens, pour le sensibiliser aux conséquences à long terme d’une consommation abusive. Et nous empêcher de prendre de la drogue sans arrêt. Mais si la connexion est déréglée, le frein ne fonctionne pas correctement et la dépendance survient », explique Jean-François Morin, spécialiste de l’effet des drogues sur le cerveau.
Avec une consommation régulière, la drogue modifie l’équilibre chimique du cerveau, qui ne sait plus comment fonctionner sans elle. À jeun, le toxicomane se sent mal.
« Au début, les gens consomment par plaisir. Après, ils consomment pour éviter le déplaisir », note François Noël, psychiatre spécialisé dans le traitement des dépendances.
Dépendant sans drogue, ça se peut?
Dans certains cas, ce n’est pas une drogue, mais une activité qui enclenche le circuit de la récompense : le sport, le travail, Facebook, les jeux en ligne. Certains sont même accros au ménage !
« La personne devient obsédée, toute sa vie tourne autour de cela. Dès qu’elle se lève le matin, elle pense à aller sur Facebook. Elle va manquer l’école pour continuer à interagir sur les réseaux sociaux. Elle va chatter en cachette et même oublier de manger ! » explique Jean-François Morin.
Mais… ça nous est tous déjà arrivé, non ? Doit-on s’en inquiéter ? Pas nécessairement.
« En santé mentale, il y a beaucoup de nuances, explique Jean-François Morin. Si on veut tracer une ligne (de normalité), le plus utile n’est pas de regarder le comportement, mais ses impacts sur la vie de la personne. Si le comportement crée un sentiment de détresse ou empêche de fonctionner normalement, c’est plus inquiétant.»
Actuellement, les spécialistes hésitent à classer les comportements pathologiques dans la même catégorie que les dépendances aux drogues, car ils n’engendrent pas de dépendance physiologique. Un maniaque de World of Warcraft qui arrête de jouer sera irritable et agité pendant quelque temps, mais il ne ressentira pas de symptômes de sevrage physiques (sueurs, tremblements, douleurs, diarrhée…).
La dépendance psychologique, par contre, peut être comparable. « À mon avis, ce n’est qu’une question de temps pour que les comportements pathologiques soient considérés comme des dépendances », estime Jean-François Morin.
Un texte de Raphaëlle Derome
j’trouve que la drogue ça masacre la vie de tous ceux qui sont proches ❗ ❗ ❗ ❗