Trois clés pour dialoguer sur les vaccins

8 novembre 2021 - Marie-Hélène Croisetière

S’ouvrir aux arguments de l’autre, c’est le socle d’une bonne communication, même sur un sujet confrontant comme celui des vaccins. Comment faire quand ces arguments s’éloignent des faits établis, comme on le voit dans la BD Conversation avec des antivax de Richard Vallerand?

Pour s’éviter des prises de bec au sujet des vaccins lors de dîners de famille, nous avons demandé conseil* à une experte de la psychologie sociale, Roxane de la Sablonnière. Son premier constat : il est difficile de convaincre une personne déjà campée sur sa position, mais ça vaut la peine de dialoguer. « Tout le monde peut changer d’idée, dit-elle. Et si l’environnement est bienveillant, c’est beaucoup plus facile. » Pour la spécialiste, le mot d’ordre est d’éviter la division, la catégorisation en deux groupes (« eux » et « nous »), la confrontation. Mais comment?

1 – Valider l’émotion

« On peut d’abord identifier ce que l’autre vit, reconnaître et nommer son émotion, son inconfort ou ses réticences », conseille la professeure.

Votre cousine se plaint que le masque est une violation des libertés ? Vous pourriez dire que cette règle est contraignante et que visiblement, ça la rend inconfortable.

Votre beau-père juge que la vaccination va profiter aux conglomérats pharmaceutiques ? Vous pouvez admettre que les compagnies pharmaceutiques feront beaucoup d’argent !

2 – Trouver des points de rencontre et apporter des nuances

« On essaie ensuite de trouver ce qui nous rapproche, ce qui nous unit à l’autre, et on le mentionne, tout en apportant des nuances. » Ainsi, on évite de créer deux clans et on se rappelle, à nous-même comme à l’autre, que nous sommes tous dans le même bateau.

À votre cousine, vous pourriez dire que vous trouvez ça fatigant vous aussi de porter le masque, mais que vous le faites pour diminuer la transmission du virus.

Vous déplorez certaines pratiques des pharmaceutiques ? Mentionnez-le à votre beau-père, tout en reconnaissant que ces compagnies vont aussi sauver des vies.

3- Questionner, sans être moralisateur

Il est préférable d’y aller en douceur et d’amener l’autre à se questionner par lui-même, pour qu’il fasse sa propre réflexion, sans jugement de notre part. Ça évite qu’il se braque, s’obstine… et que ça devienne gênant pour lui de revenir sur ses paroles.

Votre beau-père a-t-il été vacciné enfant ? Quelle différence voit-il entre ces vaccins et celui contre le coronavirus ? Avec ce genre de questions, vous l’amenez à approfondir sa réflexion. Vous pouvez aussi lui rappeler qu’à une époque, la rougeole infectait des communautés entières, et que le vaccin a réglé ce problème.

Votre tante exprime de la méfiance envers le système de santé ? Vous pourriez lui demander ce qu’elle ferait si ses artères étaient bouchées. Irait-elle se faire opérer ? En quoi la vaccination serait-elle différente ? On peut aussi demander « qu’est-ce que tu ferais toi, pour sauver des vies » ?

Pas de recette magique, donc. Il faut de la patience, de l’écoute… et une bonne dose de bienveillance !

*Ces conseils proviennent d’une réflexion entamée par Roxane de la Sablonnière et son équipe dans le cadre du projet InterCom, qui vise à aider les adolescents et les jeunes adultes à sortir de la crise pandémique.

Dissonance cognitive                                                 

Avez-vous déjà acheté un truc très dispendieux alors que vous vous promettiez d’économiser ? Nous n’agissons pas toujours en accord avec nos valeurs. Quand ça arrive, ça crée un inconfort. Les experts parlent d’une dissonance cognitive, ce qui peut aussi survenir quand deux pensées ou attitudes s’opposent en nous, explique Roxane de la Sablonnière. Par exemple, une personne convaincue que les vaccins sont mauvais pour la santé pourrait ressentir un inconfort en voyant que les vaccinés sont moins nombreux aux soins intensifs.

Une manière de réduire cet inconfort est de changer sa cognition : les vaccins seraient-ils finalement mieux, car ils sauvent des vies? « Ce processus peut être difficile, car la personne doit en venir à internaliser la nouvelle attitude ou pensée. Il faut donc y aller en douceur, en posant des questions et en semant le doute. »

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