SLM: Curium rencontre Victoria Grondin
Curium: Dans quel contexte as-tu écrit Dépourvu?
Victoria Grondin: C’était mon projet final de secondaire 5 ! Je devais faire une expérimentation en autisme et quelques mois avant la remise, ça a complètement planté, je n’avais plus de sujet, je n’avais plus d’autorisations, je n’avais plus de fonds. J’étais vraiment dévastée, mais je tenais fermement à mon sujet ! J’ai paniqué pendant deux jours. Puis, je suis allée voir mon professeur et je lui ai dit que j’avais plusieurs idées : je pouvais faire un CD de chansons, je pouvais faire des conférences, je pouvais même faire un roman. Il m’a dit que j’étais folle, mais je l’ai fait! [Rires]
Curium: D’où te vient cet intérêt pour l’autisme?
Victoria: J’avais fait les Expos-sciences en 2013 sur l’autisme. Habituellement, un projet d’Expo-Science demande gros 40 heures de recherche. J’ai tellement tripé que j’ai dû en faire au minimum 140 heures. Je tripais vraiment.
Curium: Tu viens de recevoir le prix Cécile-Gagnon pour ton livre. Qu’est ce que ça te fait?
Victoria: Je capote ! Je ne m’attendais pas à le gagner parce que j’ai 19 ans, j’ai écrit ça à 16 ans. Je voyais les autres finalistes à côté de moi et je me disais que c’était impossible qu’à mon âge je reçoive un prix comme ça. Même ma mère me préparait psychologiquement à ce que je perde. Mais j’étais déjà tellement honorée d’être finaliste que quand j’ai gagné, je me pouvais pu! (Rires)
Curium: Est-ce que tu envisages un autre livre ou une suite à Dépourvu?
Victoria: C’est un roman tellement court et tellement compressé qu’il n’y a pas de suite possible. Mais je viens de commencer l’université et je fais de la recherche sur la transsexualité et c’est très intéressant parce que je découvre que l’éventail de possibilités de genre est très grand !! Genre, moi, je suis une fille, mais je suis super masculine. Je tripe sur le hockey, je tripe sur le soccer (mais je ne suis pas très bonne) et j’aime, par exemple, la boxe, j’aime m’entraîner avec des gros poids. Je ne me verrais pas me promener avec une petite jupe. Je pense donc écrire un roman sur le fait de ne jamais être complètement fille ou complètement gars. On est tous un peu entre les deux, à différents degrés.
Curium: Est-ce que tu aurais des conseils à donner aux jeunes qui voudraient écrire, comme toi?
Victoria: Le seul conseil que j’ai c’est : finis ton texte ! Chez nous, j’ai des dizaines de petits cahiers que j’ai achetés alors que je me sentais full inspirée, pis que j’ai jamais finis. J’en ai tellement, j’ai tellement d’idées… Dépourvu, c’est le premier que j’ai terminé. Quand tu finis un livre, tu peux repasser dessus des dizaines de fois après, c’est pas grave. L’idée c’est de le compléter. Et là, tu peux te dire : « j’ai écrit un roman. Je l’ai fait ! ».
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