Les « animonstres » sont parmis nous
Chien ultra puissant, mammouth ressuscité, porcelet miniature… Les découvertes de la génétique ont donné un coup d’accélérateur aux modifications sur les animaux. Comment ces mutations transforment-elles le règne animal ?
Hulkdog
Depuis toujours, on influence l’évolution des races canines en procédant par croisements. Aujourd’hui, on peut faire rapidement en laboratoire ce qui nécessitait autrefois plusieurs générations. Des chercheurs chinois ont ainsi doublé la masse musculaire de deux beagles en supprimant un gène inhibiteur de la croissance musculaire.
La technique CRISPR-Cas9 a été utilisée sur les embryons afin de rendre ces chiens plus forts et plus rapides. Cette première soulève la perspective d’un marché d’animaux génétiquement personnalisés – un pitbull doux comme un agneau…. ou un labrador transformé en chien de combat !
Capitaine Mammouth
Disparu il y a 10 000 ans, le génome du mammouth laineux a été reconstitué grâce à des morceaux de dents et de tissus retrouvés dans les glaces sibériennes. L’Université Havard a recréé 14 gènes propres au grand disparu – résistance au froid, taille des oreilles, pilosité… Grâce à CRISPR-Cas9, l’équipe les a ensuite intégrés à un génome d’éléphant, une espèce proche du mammouth.
Résultat : les cellules d’éléphant contenant de l’ADN de mammouth fonctionnaient normalement. C’est la première fois depuis leur extinction que des gènes de mammouth revivent… même si ce n’est qu’en laboratoire !
Giant Fish
En 2013, le Canada devient le premier pays à autoriser le saumon génétiquement modifié dans nos assiettes. Un gène issu du saumon du Pacifique a été implanté dans le saumon de l’Atlantique afin d’accélérer la croissance naturelle du poisson, tout en nécessitant moins de nourriture.
Résultat : le saumon AquAdvantage atteint la taille requise de commercialisation en seulement 15 mois, alors que la moyenne est normalement de 30 mois. Pour l’industrie, ce poisson transgénique offre plus de volume à moindre coût. Pour ses détracteurs, ce « frankenfish » ou « saumonstre » élevé en bassins pourrait mener à de la pollution génétique.
Sheepverine
Faire pousser un organe humain dans un mouton ou un cochon, un délire de savant fou ? Pas pour les nombreux patients en attente de greffe. Encore au stade embryonnaire, ces expériences représentent un espoir de remédier au manque de donneurs. Ce printemps, des scientifiques ont injecté des cellules humaines à des embryons de moutons.
Les cellules de moutons ont été modifiées par CRISPR-Cas9 – ces embryons ne peuvent plus fabriquer de pancréas. Leur seule option : fabriquer un pancréas à partir de cellules humaines. Le mouton naît avec un organe humain transplantable chez l’humain sans rejet de greffe. Les embryons ont été détruits 21 jours plus tard, faute d’autorisation légale. Ils nous rapprochent toutefois de la culture d’organes humains dans des animaux.
Super-Porcelet
Les cochons miniatures mis au point par un institut chinois ont d’abord été conçus pour la recherche. Mais parce que leur micro taille, obtenue par modification génétique, les rend particulièrement attachants, le laboratoire en question a décidé de les commercialiser. Pour 1 600 dollars américains, on peut se procurer cet animal de compagnie.
Du loup au Chihuahua
Le chihuahua, comme le pitbull, résulte de mutations génétiques échelonnées sur des millénaires. Tout en haut de la chaîne se trouve le loup. On doit les animaux domestiques à des modifications naturelles ou induites.
Par exemple, en faisant se reproduire un animal porteur d’albinisme (maladie causant une dépigmentation), on obtient des générations de chiens aux poils et aux yeux pâles. Par croisements de toutes sortes, on a ainsi créé, au fil du temps, une diversité de spécimens canins.
Texte : Sophie Mangado
Ce texte est tiré du dossier Tous des mutants, paru dans le magazine de mai 2018.
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