L’éclat de ma transparence- Livre [ CRITIQUE ]

9 août 2019 - Curium

« Ça va me prendre une éternité à lire! », que je me disais en regardant le tout nouveau bouquin de Simon Boulerice. C’était le début des vacances et enfin libérée du poids des dix mille travaux qui me grugeaient tous mes temps libres, je pouvais me lancer dans L’éclat de ma transparence, qui, en effet, n’est ni plus ni moins qu’une brique de 560 pages.

Pourtant, 4 jours plus tard, j’avais déjà dévoré le roman en entier, encore secouée par les émotions. Retour sur une lecture qui m’a certainement marquée.

L’éclat de ma transparence, c’est l’histoire de Cybèle, une jeune fille rousse à la peau translucide qui voit sa paisible vie d’adolescente basculer lorsque sa superficielle collègue de classe « Magali-pas-de-E » inscrit leur polyvalente à la téléréalité M’as-tu vu?, compétition dans laquelle cinq écoles s’affrontent dans le but d’obtenir le titre de l’école la plus « cool » du Québec.

L’école de Cybèle se faisant sélectionner pour participer à l’émission, celle-ci doit déménager au fond de sa classe, n’étant supposément pas assez belle pour passer à la télé. L’héroïne y rencontre Marie-Jeanne et Maxime, deux élèves bien différents des autres avec qui elle se liera rapidement d’amitié. Cybèle se fera pourtant remarquer par les projecteurs et ce sera le début d’une longue aventure pour elle et ses amis…

Ce roman est tout simplement extraordinaire!

L’histoire est d’un si grand réalisme qu’on croit connaître les personnages comme nos propres amis! Il est tellement facile de se reconnaître dans tous les ados qui y figurent, chacun avec des personnalités complètement différentes, qui essaient tant bien que mal de faire face aux situations typiques à l’adolescence, avec les mêmes questionnements et doutes qui nous préoccupent.

Je pense entre autres à l’héroïne du livre, Cybèle, qui a beaucoup de difficulté à s’accepter telle qu’elle est, en remettant constamment en question son apparence. Trop grosse, trop rousse, pas assez bronzée. Sa confiance en soi fera des montagnes russes tout au long des péripéties, mais c’est beau de voir qu’elle continue tout de même à foncer avec plein de détermination et à ne pas se laisser piler sur les pieds.

En plus, elle n’hésite pas à répliquer et à dénoncer les injustices haut et fort, même devant la caméra! Cette rouquine est une vraie girl boss!

Autre élément que j’ai adoré du bouquin : Simon Boulerice a tellement une belle plume! C’est personnellement ce qui me marque le plus dans ses livres. C’est dur à décrire, mais je trouve que son écriture ressemble un peu à de la poésie. Unique en son genre, l’auteur nous accroche avec ses métaphores aussi drôles que touchantes, ses phrases-chocs à la fin des chapitres, ses références à la culture populaire ici et là, et j’en passe!

Ce roman traite intelligemment de plusieurs sujets sensibles qui touchent notre société : la diversité corporelle, l’homophobie, la déficience intellectuelle, la « course » à la popularité, le divorce… Il nous ouvre l’esprit à toutes les réalités et c’est ce qui le rend si riche et émouvant. La différence est un thème si peu souvent abordé dans la littérature jeunesse et ça fait du bien de lire une histoire qui en traite sans tabou et sans flafla.

Ah oui, c’est aussi bien important de le mentionner : ce livre est une 2^e édition « pimpée » des trois tomes de la série de livres M’as-tu vu?, le premier paru en 2013. Cela explique pourquoi L’éclat de ma transparence est séparé en trois parties, qui représentent trois saisons différentes de la téléréalité. Je crois toutefois que de refaire une beauté à cette histoire est une merveilleuse idée, puisque les thèmes abordés sont encore tellement d’actualité!

Un beau récit d’amitié, un roman franc et réaliste, une ode à la différence, L’éclat de ma transparence est un baume au cœur. À lire absolument!

POUR LIRE ENCORE DU SIMON BOULERICE

Si vous êtes intéressé.e.s à plonger dans l’univers de Simon Boulerice, je vous conseille fortement ces romans:

– Je t’aime beaucoup cependant. Un livre touchant sur la perte d’un être cher, mais raconté avec légèreté et brio. C’est l’histoire de Rosalie, une jeune cégépienne, qui voit son quotidien basculer lorsqu’elle apprend que les ossements de sa meilleure amie d’enfance, disparue à l’âge de neuf ans, ont été retrouvés dans un boisé. L’auteur s’est inspiré du drame de Cédrika Provencher et s’est beaucoup informé auprès de la meilleure amie d’enfance de celle-ci, ce qui rend les sentiments du personnage principal encore plus réalistes. Traitant d’un sujet assez lourd, il sait toutefois parsemer son oeuvre d’éléments qui nous mettent le sourire aux lèvres. J’ai adoré ce livre, et pas seulement parce que le personnage principal a le même nom que moi! 😉

– Jeanne Moreau a le sourire à l’envers. Un sympathique récit mettant en vedette une famille attachante dont le plus jeune, Léon âgé de quinze ans, entretient une correspondance avec une fille de Lévis, Léonie. Ce que j’ai trouvé particulièrement beau dans ce livre, c’est l’inspirante relation d’entraide et d’affection qu’entretient le personnage principal (Léon) avec son grand frère, Antoine, qui cache un lourd secret…

–Paysage aux néons. C’est un genre de « suite » à Jeanne Moreau a le sourire à l’envers, mais cette fois, on suit Léon dans ses aventures au gym, s’amusant à y répandre de la poésie. Entre ses séances de vélo stationnaire, il se lie d’amitié avec une coiffeuse qui s’hydrate au Coke Diet! Assez court, mais tellement passionnant, ce bouquin est un petit trésor!

– L’enfant mascara, un incontournable dans l’œuvre de l’auteur. Une histoire percutante qui traite du meurtre d’une jeune trans aux États-Unis. Basé sur une tragique histoire vraie, ce roman merveilleusement écrit saura vous faire réfléchir autant que vous émouvoir.

– Mon cœur pédale, un magnifique roman graphique illustré par Émilie Leduc. Cette lecture légère, mettant en vedette un enfant hyper attachant qui nous raconte ses vacances dans les années 80 avec sa tante excentrique, saura plaire à tous et toutes!