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L’amour qui tue

11 janvier 2019 - Curium

Je tiens à vous partager mon histoire. Une histoire d’un adolescent ordinaire écrite sous forme de lettre à soi-même. Une histoire qui vous fera, je l’espère, réfléchir sur tout ce qu’on peut vivre en silence.

2014. T’as 13 ans. Tu vas être dans la même classe que Julianne. Monsieur Gilbert comme titulaire. Tu vas capoter. En diagonale arrière gauche de toi, elle va être là. Tu vas te rendre ami avec elle et ça n’ira pas plus loin, mais tu vas passer une année extraordinaire. À la fin de l’année, en science, vous allez étudier dehors. Vous allez plus jaser. Et tout le monde attend juste que tu l’embrasses, parce que oui, c’est évident que pour toi c’est plus qu’une amie. Mais non, tu ne le feras pas. Tu vas le regretter encore aujourd’hui, mais bon. Ça va rester ton amie.

Pendant l’été, tu vas aller voir des photos de son camp de jour aux États-Unis pour continuer de la voir. Juste avant l’année suivante, tu vas trouver les listes de classes. Tu vas voir que ton nom et celui de Julianne sont sur la même liste. Tu vas crier, sauter de joie. Quasiment trop beau pour être vrai, non ? Eh bien oui. Quand tu vas voir ta classe officielle, tu as été changé à la dernière minute. Ça va pincer. Tu vas en pleurer une shot. Tu remarqueras qu’au moins, tu as un cours d’informatique avec elle ; le mardi et le jeudi. Oui, tu vas t’en rappeler.

Tu vas t’en rappeler parce que c’était les meilleurs moments et ta raison de te lever chaque matin. Un jour tu vas y dire que tu l’as toujours aimée. Mais elle va te répondre que t’es juste son ami. Ouch. Celle-là va pincer, mais tu t’en doutais. Ça va juste être difficile de l’entendre.

Le temps va passer et tu vas profiter de chaque moment que tu passes avec elle.

Elle changera d’école. Tu penses la perdre à tout jamais. C’est fini. Elle t’a glissé entre les doigts. Tu l’as échappée. Mais un jour elle va te texter et te demander subtilement si tu as encore de l’intérêt. Après un peu de conversation, tu comprends tout.

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Et c’est le 31 juillet 2017 que man, ton rêve de petit gars va se réaliser. Tu capotes, tu n’en reviens toujours pas. Julianne est ta blonde. Mission accomplie. Tu peux mourir en paix.

2 mois et demi plus tard, le jour où tu vas lui donner la date du bal de finissants, tu reçois le message fatal : « faut qu’on se parle ». Exactement ces mots-là. Comme une autruche, tu ne te douteras de rien, tu l’appelleras. Autour de 20h, mardi, 17 octobre. Tu vas te souvenir de cette journée comme si c’était hier. Impossible à oublier. Tu apprendras que tu n’as plus de blonde.

Comme excuse, tu sauras que tout est allé trop vite et qu’on ne se parlait pas assez. Tu partiras. Dehors. Tu sortiras et la seconde où tu mettras le pied dehors, en main ton cell et tes écouteurs, tu marcheras. Rendu deux rues plus loin, tu crieras. Crier comme t’as jamais crié. Avoir mal comme jamais. Vouloir t’écrouler. Ne plus voir de solutions. Tu appelleras Laura, une amie. Pas de réponse.

Jeanne, occupée, dit qu’elle va te rappeler. Tu crieras. Tu pleureras. Tu hurleras. Je suis certain que tout le monde devait t’entendre. C’était tellement fort et puissant. Tu marcheras jusqu’au parc 2 rues plus loin. Tu texteras Caro « Appelle-moi ». Elle t’appellera. Tu passeras 45 minutes à lui parler. Merci. Elle t’a peut-être sauvé la vie. Parce que oui, tu avais des plans. T’as jamais rien tenté, mais tu y as pensé fort. 2 plans.

Le premier, marcher jusqu’au pont, appeler Julianne. Après : sauter dans l’eau, en vidant ton souffle avant d’entrer dans l’eau pour être sûr de réussir. Le deuxième, te lancer devant une auto. Tu ne sais toujours pas à ce jour si tu aurais eu le courage. Ce que tu sais par contre c’est ce qui t’a sauvé ; c’est parler à Caro et à tes parents. Parce qu’après 45 minutes, ton père parcourait le quartier à pied pendant que ta mère était dans l’auto à ta recherche. Les deux t’appelaient à répétition. T’as fini par répondre et laisser ton père te rejoindre. Dur moment. Vers 21h30-22h tu es revenu chez toi. Man, le plus dur est à venir.

Le matin, tu es arrivé à l’école et t’as pris une grande respiration avant de rejoindre ta gang. C’était trop dur. Et t’as fait ce que tu n’as jamais fait. Tu es arrivé le matin, sans rien dire, tu as déposé tes choses et fait un câlin à Jeanne. Wow. Merci.

Quand tu débarques de l’autobus le premier soir, tes jambes tremblent. Tu trembles. Tu te changes et essayes de descendre au sous-sol, là où tout a commencé. Impossible, t’es pas capable. Tu sors prendre une longue marche, encore. Ce sera la même chose pour la semaine au complet. Impossible de descendre. Tu ne vis plus, tu survis. Le midi, tu manges dans ton coin, tu ne dis pas un mot. Tu ne parles juste pas jusqu’au lundi. Tu recommences petit à petit à parler, tu parles surtout à Laura. T’as de la misère. Beaucoup.

« Avec le temps ça va passer. »

Entre temps, tu auras une autre blonde. Ça t’éloignera de tout le monde, mais ça, tu vas t’en rendre compte après. Comment ça après ? Parce que la vie t’a offert une deuxième chance.

T’as recommencé à parler à Julianne et tu connais la suite. Eh bien, c’est maintenant ta blonde. Encore. Mais cette fois-là, tu ne laisseras pas filer ta chance. Cette fois-là, elle a l’air d’être la bonne. Mais criss, tu stresses tellement. T’as peur de la perdre. T’as peur que tout aille trop vite, et de l’échapper comme la dernière fois. Elle t’a dit qu’elle est jalouse de ce que tu as fait avec ton ex. Ça veut dire quoi ?

Ah pis, le 17 octobre, ça te stresse. Mais tellement. Le 17 octobre, c’est la fameuse date. La date de fin. C’est stupide comme stress, non ? Mais mon dieu, ça te fait capoter. Ah pis, tu sais que tu vas la perdre pour ses études. C’est perdu d’avance. Trois-Rivières, l’Ontario. Mais tu ne peux rien changer à tout ça. Tu ne peux rien changer au passé ni au futur. Faque fais juste en profiter, arrête de t’inquiéter.

On verra où ça t’amènera.

 

 

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Une réponse à “L’amour qui tue”

  1. Mélyna dit:

    Je me suis déja faite flushée et ça fait vraiment mal!