La rancune : mauvais pour la santé !
Pas toujours facile de pardonner… Mais la rancune, c’est mauvais pour la santé. Alors, autant essayer.
« Le pardon est une vertu morale, c’est-à-dire une tentative d’être bon envers les autres, explique Robert Enright, psychologue et fondateur de l’International Forgiveness Institute. Elle est même considérée comme la plus héroïque de toutes (plus que la patience, la bonté et la justice, par exemple), parce qu’elle implique d’être délibérément bon envers ceux qui ne le sont pas envers nous. » Pas facile…
Mais l’avantage, c’est qu’en pardonnant on se débarrasse de la rancune. « C’est a colère sur les stéroïdes», selon Robert Enright. Une colère qui survient face à un sentiment d’injustice et qui persiste pendant des semaines, des mois, des années et parfois même une vie entière.
« La rancune perturbe les systèmes immunitaire et cardiovasculaire, la pression artérielle, le sommeil et le niveau d’énergie. Elle peut complètement détruire une personne », affirme le psychologue. Robert Enright cite en exemple une étude qu’il a lui-même réalisée auprès d’hommes souffrant d’une maladie cardiovasculaire.
Deux groupes ont été formés. Les membres du premier ont adhéré à un programme de sensibilisation au pardon, les seconds, non. Après quatre mois, les participants qui avaient complété le programme présentaient un meilleur afflux sanguin vers le coeur, diminuant ainsi le risque de douleurs à la poitrine et de mort subite.
Inné ou appris ?
Selon Maryam Abdullah, directrice du programme parental au Greater Good Science Center, un centre de recherche sur le bien-être à l’Université Berkeley, en Californie, pardonner ne vient pas naturellement aux enfants. Au contraire ! Une étude néerlandaise effectuée en 2017 révèle que leur premier réflexe est plutôt de riposter !
Comment passe-t-on alors de bambin assoiffé de vengeance à adulte capable de pardonner ? C’est un apprentissage. Une étude réalisée en 2008 auprès de 95 familles britanniques révélait d’ailleurs que les parents qui accordent le pardon à leurs enfants profitent de cette même « clémence » en retour. Cela expliquerait d’ailleurs pourquoi certaines personnes ont plus de facilité à pardonner que d’autres. Tout dépend du modèle familial dans lequel on grandit.
LE PARDON : MODE D‘EMPLOI
LA PRISE DE CONSCIENCE
On reconnaît avoir été traité injustement. Juste ça, parfois, ça prend du temps, surtout lorsque le comportement vient d’un proche. Il est souvent difficile d’admettre qu’une personne qu’on aime nous fait du tort. Tant qu’on nie la situation, on ne peut cheminer vers le pardon.
LA PRISE DE DÉCISION
On examine l’impact de l’injustice sur notre vie. C’est généralement à ce moment qu’on ressent de la rancune et ses effets néfastes. On réalise qu’on doit trouver une solution, parce que ce qu’on a fait jusqu’à présent (rien du tout !) ne fonctionne pas.
LE TRAVAIL
On observe la personne qui nous a fait du mal sous un angle plus large que celui de son simple geste négatif. La démarche vise à comprendre qu’il s’agit d’une personne avec des faiblesses, qu’elle peut se tromper, qu’elle peut parfois faire du mal, même délibérément, mais qu’elle est aussi capable de faire du bien.
On reconnaît sa valeur en tant qu’humain. Mais attention ! On ne doit pas nécessairement excuser la personne. Il n’y a aucune raison de blesser autrui, peu importe son vécu. Autre distinction importante : le pardon n’implique pas la réconciliation. Si la personne persiste dans un comportement abusif, on peut choisir de pardonner sans se réconcilier.
L’APPROFONDISSEMENT
La rancune s’efface tranquillement, ce qui nous amène à pardonner. On expérimente ainsi le fabuleux paradoxe du pardon : lorsqu’on fait du bien aux autres, notre propre souffrance s’apaise.
Texte : Andréa Sirhan Daneau
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Magnifique! J’avais un doute dans le passé, mais après avoir lu et compris la définition et la solution apportée à la rancune, j’estime avoir appris tout en ayant la solution sans vraiment le savoir.