La peur du regard des autres
Plusieurs personnes ont tendance à croire que l’anxiété sociale, c’est juste quelqu’un de timide. Hahaha. Ben. Non. Pas du tout!
Évidemment, tout le monde a déjà vécu un moment de gêne extrême mais la timidité est un trait de caractère et ne bouleverse pas la vie de cette personne, alors que l’anxiété sociale, ça veille, ça rampe et ça t’engloutit tous les jours. Crois-moi.
Ça m’a frappée en pleine face durant ma rentrée au secondaire, jamais il n’y avait eu autant de monde et jamais je m’étais sentie aussi inconfortable. J’avais absolument détesté monter dans l’autobus. Ce que je portais était-il trop chic? Pas assez? Est-ce que je marche normalement? Comment je m’assois? C’est quoi ces pensées bizarres là?! Bonne question, mais c’était mon quotidien : La peur du regard des autres.
Honnêtement, les trois années qui ont suivi, c’était déstabilisant émotionnellement. Je ne me comprenais pas, c’était le chaos. Je me croyais constamment jugée par les autres. Est-ce que mon habit est trop noir (oui. Vraiment.)? Ils vont penser que je vais à des funérailles. Est-ce que mange/bois correctement? Arriver en classe alors que le cours est déjà commencé. Je pratiquais silencieusement à dire « oui » et « présente » lors des présences. Je ne me levais quasiment jamais pour aller demander une question au professeur à l’avant de la classe. Les eye contact, ma faiblesse ultime, surtout avec les enseignants. Les regarder dans les yeux, c’était ma mort.
Ça, c’est à l’école, mais dans la vie hors de ça : marcher seule dans la rue (peur que les personnes dans les maisons me regardent marcher), commander, téléphoner; que ce soit des amis ou autre, penser à la petite parole bizarre que j’ai dite deux semaines auparavant, demander de l’aide aux employés dans les épiceries, compter mon argent 2491 fois avant de payer, aller à la piscine (alors que je suis nageuse), dire bonjour à des inconnus, etc. Et la liste ne finit plus. La sensation de cette peur est vicieuse, toujours tapie dans un recoin et sort juste assez pour te mettre inconfortable pendant longtemps.
Maintenant, en secondaire 5, ça va un peu mieux car j’ai pris en compte mon environnement, je sens que j’ai plus ou moins le contrôle, je comprends ma situation et que je ne suis pas folle. Franchement, je peux dire que ça gâche ma vie et je suis tellement frustrée contre moi parfois mais certains éléments vont mieux et ça fait un méga changement.
L’année prochaine, c’est le cégep et tout le monde est au 7e ciel et il y a moi, horrifiée et découragée de devoir tout refaire.
L’adolescente qui a écrit ce texte préfère rester anonyme.
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