Jardinage extrême
Sur le toit des gratte-ciel, dans les églises, sous un froid polaire et même dans l’espace. Les initiatives végétales repoussent les frontières et investissent des territoires étonnants.
Jardin divin
Une serre verticale dans une église. Voilà une façon originale de préserver un bâtiment patrimonial, tout en diminuant ses frais de chauffage! L’idée a germé à Saint-Pacôme, dans le Bas-Saint-Laurent. Depuis l’automne dernier, l’organisme à but non lucratif Jardins du Clocher y cultive des légumes-feuilles. Une série de tablettes éclairées aux DEL permet aux pousses de germer et de croître en 7 à 12 jours, précise Claire Boivin, responsable de la recherche agronomique chez Inno-3B, qui a fourni l’équipement à l’OBNL.
Du Nunavut à l’espace
Naurvik signifie «lieu de croissance» en inuktitut. C’est aussi le nom d’un projet
à Gjoa Haven, une petite collectivité du Nunavut. Depuis 2019, trois conteneurs y ont été adaptés pour cultiver des laitues et des micropousses, même s’il fait -40 °C dehors!
L’objectif: produire une diversité d’aliments pour des communautés éloignées où les aliments frais se font rares. L’Agence spatiale canadienne (ASC), partenaire du projet, y a aussi vu l’opportunité de tester ces technologies pour les futures bases spatiales.
En 1971, l’Union soviétique a été la première à faire pousser des poireaux et des oignons dans l’espace. Aujourd’hui, beaucoup d’études sur la culture de plantes sont menées à bord de la Station spatiale internationale… dans des installations pas plus grosses qu’un four micro-ondes. Il en faudra plus pour nourrir les missions d’exploration sur la Lune ou sur Mars!
«Pour des missions de longue durée, on ne peut pas transporter beaucoup
de terre», explique Matthew Bamsey, porte-parole de l’ASC. Et justement, le système hydroponique de Naurvik ne nécessite aucune terre. Il est aussi presque entièrement chauffé et éclairé aux énergies solaire et éolienne.
Architecture végétale
Deux hectares de forêt s’élèvent vers le ciel à Milan, en Italie! Inauguré en 2014, le projet Bosco Verticale prend racine sur deux tours de 26 et 18 étages. L’architecte Stefano Boeri voulait créer une «maison pour les arbres qui abrite aussi les humains et les oiseaux».
Des milliers de végétaux sont suspendus aux surfaces et empotés sur les balcons. Ils protègent les bâtiments et leurs locataires du soleil, en plus de produire de l’oxygène et d’absorber le CO2 ainsi que les microparticules dans l’air.
Des fermes sur les toits
Depuis 2011, les Fermes Lufa cultivent concombres, tomates, poivrons et laitues sur des toits à Montréal et à Laval. Les quatre serres en activité ont une superficie totale comparable à six terrains de football. Elles produisent 26 variétés de légumes et d’herbes. Dans la serre plus expérimentale d’Ahuntsic, on fait même pousser des bananes et des fruits de la passion!
Les plantes en culture hydroponique sont fixées sur un substrat alimenté en eau. Elles reçoivent en continu les nutriments nécessaires. Les légumes sont récoltés à maturité, 24 heures avant la livraison. Les Fermes Lufa effectuent 20 000 à 25 000 livraisons par semaine avec une flotte de véhicules électriques.
Thérapie par la nature
Au Japon, des recherches ont permis de mesurer les bienfaits du shinrin-yoku (ou «bain de forêt»). Une promenade en nature abaisse la pression artérielle, la fréquence cardiaque et le niveau de cortisol, l’hormone du stress.
Ces bienfaits ont été reconnus récemment au Canada. Par l’entremise du programme PaRx, les médecins de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan et du Manitoba peuvent dorénavant prescrire des visites dans les Parcs Canada à leurs patient·e·s souffrant de dépression ou de troubles anxieux.
Avoir les deux mains dans la terre est aussi bénéfique. Audrey Marineau utilise le jardinage comme outil thérapeutique. Ergothérapeute à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, elle accompagne des personnes aux prises avec des troubles psychotiques dans un jardin communautaire.
Ces gens souvent isolés créent des liens autour des plants de tomates, témoigne Audrey Marineau. Ils se partagent les récoltes et échangent des recettes. Et pendant qu’ils vivent le moment présent, leurs troubles s’atténuent.
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