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Environnement: mon expérience à Opération Wallacea

19 mars 2019 - Curium

Par Victor René de Cotret

 

On entend souvent parler de changements climatiques ou d’espèces invasives, mais nous avons rarement l’occasion de réellement voir leur impact de nos propres yeux.

En juillet dernier j’ai eu la chance de pouvoir participer à des études sur la faune et la flore de Dominique, un petit pays entre la Guadeloupe et la Martinique. À travers l’organisation Operation Wallacea, je suis allé une première semaine dans la jungle pour aider des chercheurs à collecter des données sur les chauves-souris, les oiseaux et les anolis (une espèce de lézard) aussi bien que des insectes et même des larves de mouche. La deuxième semaine, j’ai pu rester à Fort Shirley, un ancien fort français et britannique chargé de défendre la Baie de Prince Rupert.

Notre travail cette semaine-là était orienté vers les coraux et les espèces invasives telles que les microalgues et les lionfish (ou poisson-lion). Ces deux semaines m’ont donné un point de vue complètement différent sur la fragilité et la balance des écosystèmes de la planète, ainsi que l’impact que l’Homme a sur cet équilibre.

Wallacea

En octobre 2017, la Dominique a été frappée de plein fouet par l’ouragan Maria, qui était passé de catégorie 2 à 5 (la plus haute catégorie de force d’ouragans) en l’espace d’un jour. Balayée par des vents de 270 km/h et des pluies torrentielles, l’île était complètement dévastée. Les ponts étaient tombés. Plus aucun arbre n’avait de feuilles. Cette catastrophe a eu un impact sans précédent sur la faune et la flore de la jungle. Sans feuillage pour protéger certaines espèces de l’ombre, les oiseaux volaient de moins en moins pendant la journée. Les vignes ont pris possession des forêts.

Mais suite à cette catastrophe et les conséquences qu’elle a eue sur l’écosystème de la Dominique, les habitants se sont rendu compte à quel point la balance de la nature de leur île est fragile. Un simple évènement peut faire changer l’équilibre de tout l’écosystème. Les Dominicains cohabitent avec leur environnement. Ils en retirent ce dont ils ont besoin, mais la laisse se rétablir. C’est une leçon qu’il est difficile pour les pays plus riches d’apprendre, eux qui ne voient pas les impacts de leur train de vie.

En voyant la destruction -même un an plus tard- les forêts dévastées et silencieuses, j’ai compris la fragilité de la nature, et comment son équilibre peut tomber si rapidement. Mais ce n’est pas que les catastrophes naturelles qui peuvent débalancer cet équilibre: l’Homme lui aussi peut affecter cette balance.

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Wallacea

La collection de données sous-marines lors de la deuxième semaine m’a donné l’occasion d’observer des récifs coraliens dans toute leur splendeur. Les coraux sont ce qu’on appelle une espèce clef. C’est l’espèce centrale à son écosystème, sans laquelle le tout s’effondrerait. À cause du réchauffement climatique et de l’émission de gaz à effet de serre, les coraux sont en dangers. L’océan absorbe 50% du CO2 émis sur Terre, ainsi que l’excès de chaleur.

Malheureusement, les coraux poussent à un rythme extrêmement lent (près de 1cm par an), et ils ont besoin d’une condition idéale pour grandir. Or si la température des océans excède 29°C, les coraux ont de la difficulté à se développer, surtout si l’eau des océans s’acidifie (si l’océan absorbe plus de CO2).

Wallacea

Pendant cette deuxième semaine, nous avons pu nager dans la Baie de Prince-Rupert et même dans la Baie Douglas, dans laquelle nous avons vu des centaines d’algues, des milliers de poissons, et des centaines de mètres de coraux, le tout bordé d’une plage de sable noir. En voyant la beauté des coraux et de l’univers qu’ils abritent, j’ai compris le trésor que la nature nous offre. Nous ne sommes pas maîtres de la Terre au contraire, c’est grâce à elle que nous pouvons vivre. Mais ses ressources sont limitées, et si nous ne faisons pas attention à la façon dont nous la traitons, nous pourrions être la dernière génération à voir bien des espèces, et la première à les voir s’éteindre.

Cette expérience était si puissante que j’ai décidé de faire des études en conservation de la faune et flore. Le bien-être de la Terre et de la diversité de la vie qu’elle tient m’a pris à cœur, et je souhaite que chaque personne de notre génération puisse avoir la même réalisation, question de pouvoir conserver la planète dans le meilleur état possible.

Un dicton pour moi résume tout ce que j’ai appris durant ce projet de recherche: on n’hérite pas de la Terre de nos ancêtres, on l’emprunte simplement à nos enfants.

Il y a tellement de choses à dire sur ce sujet qui ne peuvent pas rentrer dans ces pages. Si le sujet vous intéresse, informez-vous davantage, ou participez à l’Opération Wallacea!

www.opwall.com

 

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