Des rumeurs courent sur moi
On va se le dire : je ne suis pas la personne la plus populaire de mon école. On m’intimide souvent et je suis victime de rumeurs.
J’essaie de rester positive malgré tout, et même d’en rire quand je peux. Mais en vérité, ça me fait mal. J’aimerais juste qu’on me tolère, rien de plus!
C’est difficile d’ignorer les rumeurs, surtout quand j’imagine qu’elles pourraient détruire mes amitiés. D’ailleurs, je vais rarement vers de nouvelles personnes. Je crains qu’elles soient méchantes ou qu’elles aient une opinion négative de moi.
On dirait que les rumeurs m’angoissent encore plus que l’intimidation.
L’intimidation, c’est comme une vague. Elle arrive… et repart. Même si ça se produit à répétition, on finit par avoir une pause.
Les rumeurs, elles, sont comme un nuage gris foncé. C’est une menace indirecte.
Tu sais que c’est là, que le nuage n’arrête pas de grossir. Mais tu ignores ce qu’il transporte. Une petite pluie ou la tempête du siècle?
En général, mes ami·e·s gardent le silence sur ces rumeurs. Mais dernièrement, j’ai voulu savoir. J’ai demandé à une amie qui parle avec les plus populaires de l’école.
Elle m’a sorti une liste de 17 rumeurs! La grande majorité sont complètement farfelues. Je ne prendrais jamais de douche (faux), je serais raciste (tellement pas!), je dormirais à l’école (tiens, ça pourrait être cool 😉) et je sortirais avec un prof (surtout pas!). Je vous épargne les pires.
Honnêtement, ça ne m’a pas choquée tant que ça. Je m’attendais à pire, du genre : «Java n’est pas une bonne personne», ou «Elle prend de la drogue». En fait, je crois même que ça m’a fait du bien de savoir un peu ce qui se dit dans mon dos.
Java, 16 ans, (nom fictif)
Vous voulez répondre? Vous avez une histoire à raconter?
La réflexion de Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue :
Faire courir une rumeur pour isoler une personne ou pour la rendre moins populaire, c’est une forme d’intimidation sociale. Quand des rumeurs circulent à notre sujet, on peut craindre que les autres aient une mauvaise opinion de nous. On peut avoir l’impression de ne pas être estimé·e, et même sentir du rejet. Le sentiment d’appréciation et de connexion aux autres est un besoin psychologique fondamental.
La rumeur est une menace indirecte permanente. On ne sait pas ce que les gens ont entendu. On ignore comment et quand ça pourrait éventuellement surgir.
On est donc constamment à l’affût. Pour tenter de savoir et de prévoir, on devient hypervigilant·e aux propos et aux réactions des autres.
Être victime de rumeurs affecte le bien-être au quotidien. C’est très souffrant. La personne qui en est la cible peut se sentir plus déprimée ou anxieuse, moins motivée. Souvent, elle aura tendance à s’isoler et, comme Java l’exprime, à s’empêcher de faire de nouvelles rencontres. Comment se sentir zen quand on ressent une menace constante?
Java dit que ça lui a fait du bien de savoir ce qui se dit dans son dos. Ce qu’on imagine est souvent pire que la rumeur elle-même. Prendre connaissance de ce qui s’est dit, c’est un premier pas pour sortir du sentiment d’impuissance.
On a tous et toutes un rôle à jouer face aux rumeurs. On a le choix de continuer à les répandre ou non. Si on les ébruite sans vérifier leur véracité, on participe à l’intimidation. On aggrave ainsi les conséquences négatives sur la victime. Si on décide de ne pas la propager, ou même de la démentir si on a des arguments, on aide à ce que la rumeur s’estompe… puis s’éteigne.
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