Crise climatique : Les 7 barrières de l’inaction
Il est urgent d’agir contre les changements climatiques. Des solutions existent. Pourquoi tardons-nous à les appliquer? La psychologie de l’environnement apporte des explications et des leviers pour enclencher le mouvement. Dans cette grande quête environnementale, la volonté ne suffit pas. Sur quels obstacles butons-nous?
La planète ne peut plus attendre : il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les scientifiques le martèlent et 85% de la population québécoise est d’accord. Pourquoi les choses bougent-elles si lentement?
Certains obstacles sont structurels : difficile de prendre le bus si on habite un petit village sans transport en commun. Mais il existe aussi des freins psychologiques. Le professeur canadien de psychologie environnementale, Robert Gifford, a regroupé ces barrières en sept catégories. Il les a nommées
«les dragons de l’inaction».
1. Les limites de notre cognition
Notre cerveau d’Homo sapiens répond plus efficacement aux dangers immédiats (un prédateur affamé, par exemple) qu’aux menaces à long terme. Il est donc difficile de prendre la pleine mesure de la crise climatique.
«Malgré l’intensification des conséquences des changements climatiques, la majorité des Québécois et des Québécoises ont l’impression que ce n’est pas une menace urgente pour eux-mêmes, constate Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de marketing à l’Université Laval et coordonnatrice scientifique du Baromètre de l’action climatique. Une menace pour le monde, oui. Pour le Canada, pour le Québec. Mais pas pour eux personnellement. Cette distance psychologique se creuse un peu plus chaque année.»
2. Les idéologies
Nos croyances influencent grandement nos comportements. Pour certaines personnes, la technologie résoudra les problèmes environnementaux. Pour d’autres, la solution passera par le capitalisme et une «croissance verte». Enfin, plusieurs croient que Dieu nous sauvera.
«Au Québec, le techno-optimisme est très fort, souligne Valériane Champagne St-Arnaud. Oui, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous rappelle qu’on devra, entre autres, miser sur la technologie, mais ce n’est pas suffisant. Si on veut suivre les recommandations de la science, il faut transformer radicalement notre mode de vie.»
3. La comparaison sociale
Nous sommes des animaux sociaux. Nous nous comparons aux autres pour déterminer les comportements à adopter. Personne n’aime faire cavalier seul, surtout à l’adolescence.
«L’école secondaire, c’est comme un microcosme, illustre Anne-Sophie Denault, professeure de psychoéducation à l’Université Laval. Il se passe plein de choses sur le plan social : des cliques, des groupes, des étiquettes… Les comparaisons y sont importantes. Être écolo n’est pas toujours cool et la crainte de la marginalisation est un frein à l’implication.»
4. Les DÉPENSES irrécupérables
Au fil des ans, les gens investissent temps et argent dans des projets : une maison, une voiture, un chalet au loin… Il est difficile de remettre en question ces choix de vie, encore plus de les modifier ou de les abandonner.
5. Les risques perçus
Plusieurs personnes tardent à agir, car elles craignent les conséquences sur leur mode de vie. N’est-ce pas plus risqué de faire du vélo que de prendre mon auto? Ma facture d’épicerie augmentera-t-elle si je change mon alimentation? Sera-t-il plus long de cuisiner des plats sans viande ou de magasiner dans une friperie? Bref, vais-je y gagner ou y perdre?
6. La défiance
On entend tout et son contraire sur l’environnement. Qui croire? Les scientifiques? Le gouvernement? La publicité?
«Le déni climatique est en augmentation, malgré le fait que les connaissances s’affinent et que les effets des changements climatiques sont de plus en plus concrets, souligne Valériane Champagne St-Arnaud. Ça peut sembler surprenant, mais le déni est souvent un mécanisme de protection face à la peur. La désinformation alimente aussi beaucoup ce phénomène.»
7. La satisfaction facile
Nous avons tendance à privilégier les petites actions faciles, puis à nous reposer sur nos lauriers. Encore pire, l’effet (limité) de ces petits efforts est parfois annulé par d’autres habitudes carrément néfastes. Par exemple, des propriétaires de voitures hybrides utilisent davantage leur véhicule en se disant que ça pollue moins.
«Malgré notre bonne volonté, on ne comprend pas toujours le poids véritable de nos gestes sur l’environnement», dit Valériane Champagne St-Arnaud.
À lire dans le même dossier : Crise climatique : À l’action!
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