Accro aux séries

15 février 2018 - Curium

Vendredi soir, vous démarrez la nouvelle série dont tout le monde parle, sans vous méfier. Emballé, vous enchaînez avec le second épisode, puis un autre. Vous retrouvez vos esprits six heures plus tard, affamé, déshydraté et en proie aux plaies de sofa. Que s’est-il passé ?

Vous ne voyez pas le temps filer devant Pretty Little Liars, The Walking Dead ou 13 Reasons Why ? Vous n’êtes pas seul ! Les 13-24 ans passent en moyenne neuf heures par semaine sur Netflix et douze heures à regarder la télé. Les deux tiers enfilent plusieurs épisodes en rafale.

« On vit un véritable âge d’or des séries télé ! » croit le réalisateur Martin Cadotte. D’abord, on en tourne beaucoup plus qu’avant. Alors que les chaînes de télévision étaient très limitées, il y en a aujourd’hui des centaines. Plus besoin de plaire à tout le monde : on peut créer des séries plus audacieuses et diversifiées, chacune trouvant son propre public.

Facilement accessibles sur le web, portées par les médias sociaux, les séries provoquent un effet d’entraînement, de vrais mouvements de foule. Pensons à la websérie norvégienne Skam : des ados du monde entier ont signé des pétitions pour obtenir une version officielle avec sous-titres anglais.

Pourquoi vous êtes dépendants ?

Les artisans actuels ont grandi avec une richesse télévisuelle sans précédent. Ils connaissent donc les ingrédients essentiels pour nous tenir en haleine.

Une intrigue ficelée serrée

À la télé, il faut accrocher rapidement le téléspectateur, car il peut zapper à tout moment. Rien à voir avec le cinéma, où le public est captif dans une salle… Un évènement dramatique survient donc dès les premières minutes. Will voit le monstre à la cinquième minute du premier épisode de Stranger Things. Et Jason Blossom disparaît dans la rivière de Riverdale à 1 minute 23 secondes. Pas le choix, on doit connaître la suite !

Le reste de la saison conserve habituellement un rythme soutenu, avec les épisodes les plus intenses à la fin. Selon Netflix, le point critique à partir duquel 70 % des utilisateurs deviennent accros au point de visionner toute la saison varie d’une série à l’autre : dès l’épisode 2 pour Stranger Things, à l’épisode 3 pour Narcos et pas avant l’épisode 7 pour Gilmore Girls.

Des personnages attachants

L’intrigue et le drame, ce n’est pas tout. « Des comédies de situation comme Friends ou The Big Bang Theory récoltent un bon succès, même s’il n’y a pas de catastrophes à chaque épisode comme dans Game of Thrones », souligne l’auteure télé Danielle Létourneau.

Pourquoi ? On est attachés aux personnages ! Après tout, on apprend à les connaître beaucoup plus intimement qu’au cinéma. Quand Sheldon Cooper frappe ses trois coups obligatoires à la porte, ça ne nous énerve plus. On trouve ça adorable ! Pas étonnant que certains fans ressentent un grand vide ou pleurent carrément à la fi n d’une série : c’est un vrai deuil.

Un tournage cinéma

La qualité des séries télévisuelles rivalise avec celle des films hollywoodiens : « L’écriture s’est raffinée, les méthodes de tournage aussi, dit Martin Cadotte. L’esthétique participe autant à l’action que l’intrigue et les dialogues. » Gros plans, décors magnifiques, effets spéciaux, montage serré… Nos yeux sont rivés à l’écran !

Les budgets explosent aussi : la saison 8 de Game of Thrones représente un budget de 15 millions par épisode. Pas étonnant que les projets télévisuels attirent désormais de gros noms, tant à l’écran que derrière la caméra.

Tous des junkies ?

L’écoute compulsive de séries télé n’est pas reconnue comme un trouble mental – ouf ! Mais comme toute activité à laquelle on consacre beaucoup (trop ?) de temps, elle peut entraîner des conséquences négatives : manque de sommeil, mauvaise alimentation, échecs scolaires, sentiment de culpabilité… Et les algorithmes qui nous suggèrent des contenus susceptibles de nous plaire et qui lancent automatiquement le prochain épisode ne nous aident pas à garder le contrôle. Les plus impatients peuvent même sauter le générique du début, question d’aller directement au but !

Si on utilise les séries télé pour oublier nos émotions négatives ou combler un manque, notre passe-temps peut être malsain. Mais, en règle générale, si on a des centres d’intérêt variés et de bons liens sociaux, on n’est pas un bon candidat à la dépendance. Question d’équilibre…

Petite cure de désintox

  • Décréter des journées sans télé.
  • Se limiter à deux épisodes par jour.
  • S’obliger à atteindre un certain objectif (finir ses devoirs, ranger sa chambre…) avant d’écouter un nouvel épisode.
  • Attendre quelques jours avant de commencer une nouvelle saison.
  • Suivre une seule série à la fois.
  • Appuyer sur stop avant que le prochain épisode ne démarre.
  • Si le suspense est trop important à la fin d’un épisode, regarder juste le début du prochain et attendre un moment plus calme dans l’histoire pour arrêter.
  • Regarder un film au lieu d’enfiler 4 ou 5 épisodes d’une série.

Texte : Raphaëlle Derome

Lisez l’article complet dans le numéro de mars 2018.

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