Suzy Basile, anthropologue : le rapport à la nature des autochtones
Entrevue avec Suzy Basile, anthropologue atikamekw, spécialiste de l’environnement et des enjeux liés aux femmes autochtones à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Le rapport des Autochtones à la nature est-il différent ?
Je vais faire une généralisation, mais on peut dire que les traditions autochtones ont plus tendance à « vivre avec », alors que les occidentaux « vivent de ». Pour nous, la nature est un tout incluant l’humain. Chaque bibitte compte, et la relation entre chaque partie est équitable.
Est-ce source d’incompréhension ?
Souvent. Au Canada, plusieurs conflits paraissent injustifiés aux non-Autochtones. Quand ça arrive, il faut se rappeler qu’en touchant un territoire autochtone, on touche un garde-manger, une pharmacie, une maison. Les Autochtones ne sont pas distancié·e·s du territoire.
Ces peuples sont-ils gardiens de l’environnement, comme on le dit souvent ?
Oui, mais pas de façon passive. Ils interviennent, par la chasse, la trappe, la pêche, la cueillette.
Ça permet de garder un œil sur le territoire à l’année, de constater des problèmes éventuels, et d’agir en conséquence. Nous tenons compte des sept prochaines générations.
Est-ce encore vrai aujourd’hui ?
Les pensionnats ont créé une rupture dramatique. Heureusement, les jeunes se réapproprient leurs traditions. Pendant les Fêtes par exemple, mon Facebook débordait de photos de repas traditionnels autochtones. Il n’y a pas que des aînés qui cuisinent le castor !
Les savoirs autochtones sont-ils pris au sérieux ?
Ils sont encore souvent méprisés. Au quotidien, je cherche du financement pour des projets scientifiques incluant ces savoirs. Il faut toujours justifier que ça a de la valeur pour tous, pas juste pour les Autochtones.
À 14, 15 ou 16 ans, qu’est-ce qu’on peut faire ?
S’intéresser ! Vous pouvez, par exemple, visionner les courts-métrages réalisés par des jeunes Autochtones sur le site de la Wapikoni mobile, ou lire les BD du site de l’Institut du développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador.
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