Enquête : Nos déchets de plastique autour du globe
Les déchets de plastique sont parfois recyclés localement, mais plus souvent envoyés vers d’autres pays. Faute d’infrastructures adéquates, une portion du plastique est enfoui, brûlé ou simplement jeté dans la nature.
Au Canada, on jette 3 millions de tonnes métriques de plastique par année. C’est l’équivalent du volume de 1 300 piscines olympiques. Or le recyclage est un processus coûteux. Voilà pourquoi le Canada, comme plusieurs autres pays, exporte une partie de ses matières résiduelles.
Pendant des années, c’est la Chine qui recevait la majeure partie des ses matières recyclables. Mais le pays a fermé ses portes à ces importations en 2017. Les déchets ont alors déferlé dans plusieurs pays ne possédant pas les infrastructures adéquates pour recycler de grands volumes. La Malaisie et les Philippines ont notamment retourné des conteneurs de plastique vers leur port d’origine, dont le Canada.
Le Québec n’a pas été épargné par le moratoire de la Chine. Les centres de tri se sont mis à accumuler d’immenses quantités de matières, sans trouver de recycleurs. Chaque année, on produit 786 000 tonnes de matières recyclables, incluant 59 000 tonnes de plastique dans la province.
À Istanbul, comme les déchets ne sont pas triés, les centres de tri manquaient de matière première. La Turquie a donc commencé à importer du plastique… trop de plastique ! Le pays est devenu la principale destination des déchets
de l’Europe depuis le moratoire chinois.
Le hic, c’est que le pays n’a pas suffisamment d’infrastructures pour traiter de grands volumes. Une portion du plastique n’est donc pas recyclé. Selon l’ONG Greenpeace, il est enfoui, brûlé ou simplement jeté dans la nature.
Triste record
La Méditerranée comporte l’un des plus hauts niveaux de pollution par le plastique en mer. Sa concentration en microplastiques est près de quatre fois plus importante que dans le vortex de déchets du Pacifique Nord, une sorte d’île flottante de déchets concentrés par les courants marins.
Le plastique provient des pays riverains ayant une mauvaise gestion des déchets. Le plastique jeté dans des décharges ouvertes ou illégales peut facilement s’échapper dans l’environnement, transporté par les rivières vers la mer.
Dans la Méditerranée, les deux tiers de ces fuites proviennent de trois pays : l’Égypte, la Turquie et l’Italie. À elle seule, la Turquie y rejette chaque jour 144 tonnes de plastique – l’équivalent du contenu de 29 camions-remorques !
Une grande partie du plastique retrouvé en mer provient aussi du secteur touristique et des engins de pêche, observe Zafer Kizilkaya, biologiste. Il a déjà collecté des kilomètres de fils de pêche à la dérive dans une aire protégée.
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