Sept bizarreries du cerveau
Se souvenir avec exactitude des chaussettes qu’on portait le 18 mars 2013, ne reconnaître aucun visage, se réveiller d’un coma en parlant une langue étrangère. Gros plan sur sept bizarreries du cerveau.
1. NE RECONNAÎTRE AUCUN VISAGE
Le nom scientifique : prosopagnosie
Discerner les formes abstraites et les objets ? Aucun souci. Mais quand vient le temps d’identifier un visage, les prosopagnosiques pourraient ne pas reconnaître leur meilleur ami sur le trottoir. Ils saluent le miroir avant de réaliser qu’il s’agit de leur reflet !
Au lieu d’intégrer toutes les informations du visage dans une configuration globale, les personnes atteintes de cette maladie n’ont accès qu’aux détails individuels. Elles se servent donc de la voix ou de marques distinctives, comme une cicatrice ou un grain de beauté, pour identifier les gens. Mais rien n’est acquis : si une amie aux cheveux détachés ressort de la salle de bain avec un chignon, c’est foutu !
2. IGNORER LA MOITIé DU MONDE
Le nom scientifique : héminégligence
Maquiller ou raser la moitié de son visage, écrire son texte d’un seul cà´té de la feuille, ne voir que la moitié de la télévision, ne manger qu’un côté de son assiette…
À la suite d’une lésion ou d’un accident vasculaire cérébral, les patients héminégligents ignorent totalement une moitié de leur corps et de leur champ visuel, le droit dans 80 % des cas. Les yeux fonctionnent, mais le cerveau ne reçoit pas toutes les informations. La plupart du temps, les personnes atteintes ne se rendent pas compte de leur condition, mais l’entourage la détecte assez rapidement !
3. SOUFFRIR EN ÉCOUTANT DE LA MUSIQUE
Le nom scientifique : Amusie
Qu’ont en commun Che Guevara, Sigmund Freud et Theodore Roosevelt ? Ils auraient tous souffert d’amusie, un désordre génétique qui embrouille la perception de la musique. Impossible pour eux d’identifier une mélodie sans paroles, de distinguer deux airs différents ou même de suivre le rythme. Aller à un concert ? Très peu pour eux.
La musique n’est pas une activité plaisante, elle peut même être franchement désagréable. Pour sauver les meubles, les amusiques peuvent toutefois faire comme Che Guevara et demander à leur ami de les prévenir d’un coup de coude quand l’orchestre joue un tango, afin de pouvoir inviter leur conquête à danser!
4. SE RÉVEILLER EN PARLANT UNE LANGUE ÉTRANGÈRE
Le nom scientifique : syndrome de l’accent étranger
Vous sortez d’un long coma, tout semble rentré dans l’ordre excepté pour cet étrange accent britannique ou le fait que vous parlez espagnol muy bien. Pourtant, vous ne connaissiez presque rien de cette langue avant l’accident. What’s happening, darling ?
Chaque fois que vous apprenez une nouvelle langue, l’apprentissage se fait dans une zone différente du cerveau, parfois même dans un hémisphère différent. Si la zone utilisée pour la langue maternelle est endommagée par un traumatisme, une autre peut ainsi prendre le relais. Le simple fait d’avoir entendu un mot dans une langue étrangère laisse une empreinte pouvant être amplifiée par l’accident.
5. SE SOUVENIR DE TOUT (MAIS VRAIMENT TOUT)
Le nom scientifique : hyperthymésie
Vous rappeler précisément de tous les événements de votre vie, ça vous dirait ? Une centaine de personnes dans le monde ont cette mémoire infaillible. Les vêtements portés, le temps qu’il faisait dehors, les chapitres complets d’un livre lu il y a des années, les conversations détaillées, même les plus banales! Tout est répertorié. Plus encore, les émotions restent aussi vives qu’au premier jour. Un don pratique pour les examens, mais moins pour oublier une mauvaise journée ou une peine d’amour!
6. SE PERDRE DANS SA MAISON
Le nom scientifique : désorientation topographique développementale (DTD)
Les pires ennemis du GPS, c’est eux ! Les gens souffrant de DTD perdent systématiquement leur chemin, même en se rendant à l’école ou au travail, même entre deux pièces de la maison ! Découvert il y a quelques années, ce trouble rare, mais chronique, s’explique par une incapacité de former des cartes cognitives.
Quand vous explorez un nouvel endroit, vous identifiez des repères autour de vous : les édifices, les signes, les panneaux, les arbres… Vous notez leur localisation et comment ils sont reliés les uns aux autres. Votre cerveau élabore une carte cognitive, une représentation de l’espace impossible pour les personnes DTD.
7. ÉTERNUER SOUS LE SOLEIL
Le nom scientifique : le réflexe Le nom scientifique : hyperthymésie photo-sternutatoire
à€ la vue du soleil, votre nez démange et vous éternuez, une fois, deux fois, parfois une vingtaine de fois. Incommodant, mais rien d’alarmant. Comme près d’une personne sur quatre, vous souffrez peut-être du réflexe photo-sternutatoire, une confusion momentanée du cerveau.
La cause ? Deux nerfs crâniens très proches : le nerf trijumeau, qui vous indique quand éternuer, et le nerf optique, qui analyse ce que voient vos yeux. À la lumière du jour, le nerf optique envoie un message électrique pour indiquer au cerveau de réduire la taille de vos pupilles, signal que le trijumeau perçoit aussi et interprète comme un urgent besoin d’éternuer. À vos mouchoirs !
Texte : Julie Champagne
Illustrations : Baptiste Cazin
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