Nucléaire : entre danger et espoir [vidéo]
Les atomes sont infiniment petits, mais leur noyau renferme une force phénoménale. Destruction de populations, production d’énergie sans gaz à effet de serre (mais avec des déchets hautement toxiques), guérison de cancers… Le nucléaire est à la fois terrifiant et prometteur.
Guerre nucléaire : y a-t-il un risque ?
Les vives tensions entre la Corée du Nord et les États-Unis, deux nations détenant l’arme nucléaire, inquiètent le monde entier. Les risques d’une guerre dévastatrice sont-ils réels ?
Les armes atomiques existent depuis 1945. Cette année-là, deux bombes ont été larguées sur Hiroshima et Nagaski, au Japon, puis… plus rien. En 73 ans, aucune bombe de l’arsenal nucléaire mondial n’a été lancée durant un conflit. Pourquoi ?
Plusieurs croient que c’est précisément à cause de ces deux bombardements des États-Unis sur le Japon : « Le monde entier a vu les horribles conséquences de ces explosions, dit Sara Kutchesfahani, du Centre pour le contrôle et la non-prolifération des armes, à Washington. Des milliers de vies, des villes entières ont été anéanties en quelques secondes. »
En clair, personne ne veut que ces tragédies se reproduisent. Il y a bien sûr une considération morale : aucun dirigeant ne veut tuer des innocents. Mais il y a aussi une considération politique : aucune nation ne veut être celle qui a utilisé de nouveau cette arme de destruction massive, ce qui l’isolerait automatiquement de la communauté internationale.
Théorie de la dissuasion
Un des objectifs des bombes nucléaires serait de faire peur : « Ne m’attaque pas ou alors je t’attaquerai en retour, explique Alex Wellerstein, historien des armes nucléaires. La menace d’utiliser une violence inimaginable évite cette même violence inimaginable. »
Durant la guerre froide, les États-Unis et l’Union Soviétique avaient chacun suffisamment d’ogives nucléaires pour se pulvériser mutuellement (et bousiller une bonne partie de la planète, par le fait même). Pourtant, aucune de ces nations n’a osé lancer la première attaque. L’autre aurait aussitôt riposté, entraînant la disparition des deux pays. Personne ne gagne dans une guerre nucléaire.
La théorie de la dissuasion explique aussi pourquoi les pays qui détiennent des armes atomiques ne veulent pas s’en débarrasser. Tant qu’ils la possèdent, aucun pays n’osera les attaquer.
Le principe de la dissuasion n’est pas infaillible : « Il reste le danger que des humains ou des ordinateurs fassent des erreurs de calculs ou de communication qui entraînent une guerre nucléaire involontaire, prévient Alex Wellerstein. Une fois enclenché, le processus est difficile à arrêter. »
États-Unis versus Corée du Nord
La dissuasion et le tabou moral sont des barrières qui fonctionnent avec des chefs raisonnables, ce qui n’est peut-être pas le cas dans le conflit américano-coréen. Plusieurs observateurs considèrent que Donald Trump et Kim Jong-un sont des dirigeants particulièrement impulsifs et imprévisibles, qui n’ont aucune gêne à s’insulter publiquement. À travers cette surenchère de menaces, il y a un risque que l’un des deux rivaux mésinterprète les intentions réelles de l’autre (est-ce du bluff ou pas ?) et décide d’envoyer une première bombe, déclenchant ainsi un effet domino.
De leur côté, les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU* tentent depuis des années d’empêcher la Corée du Nord de poursuivre ses essais nucléaires, que ce soit par des mesures diplomatiques ou des sanctions économiques. Mais on peut douter de l’efficacité de ces stratégies, puisque le gouvernement de Kim Jong-un ne cesse de tester de nouveaux missiles et de narguer le monde entier.
Il y a donc toujours des risques. C’est pourquoi plusieurs, comme Sara Kutchesfahani, militent pour l’élimination complète de ces armements, à long terme. « Les armes atomiques sont une mauvaise chose. Que vous en ayez des milliers ou des centaines, leur effet sera toujours dévastateur. Une bombe nucléaire est une bombe nucléaire de trop. »
*Organisation des Nations Unies
Le dossier complet dans notre numéro de février.
Texte : Philippe Marois
À voir : rares vidéos d’essais nucléaires
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