Un peu, beaucoup, intensément, à la folie…
Au rayon des guides de survie, il y a ceux qui vous enseignent à faire un feu et un abri de fortune avec trois branches d’épinettes, deux roches et une écorce de bouleau, mais il y a aussi ceux destinés aux parents d’adolescents. Vivre avec un ado, guide de survie ou, pire encore, Apprivoiser son ado (celui-là me laisse perplexe).
Étrange, tout de même. Par définition, un adulte a déjà été ado. Pourquoi un manuel ? Et le guide « d’interprétation » de la faune adulte (pas toujours facile à comprendre, non plus), on le trouve où ?
Les adultes, c’est parfois compliqué, c’est vrai. Mais ce n’est pas aussi intéressant. Je ne sais pas ce que disent ces bouquins sur les ados, mais ce que raconte la science – sur vous – est fascinant.
Il y a une dizaine d’années, certains neuroscientifiques pensaient encore que le cerveau adolescent était dysfonctionnel. Les adolescents de ma génération avaient des cerveaux défectueux (charmant).
Puis la recherche a démontré qu’il est plutôt d’une étonnante plasticité. Jusqu’au début de la vingtaine, le cerveau est en perpétuelle transformation. Résultat ? Une remarquable capacité d’apprentissage et… tout un bordel.
Un cerveau qui vous fait pleurer toutes les larmes de votre corps sans que vous sachiez pourquoi. Un cerveau qui trouve que c’est une super bonne idée de grimper la tour du CN pas attaché(e) et en sandales. Un cerveau qui fait tilt chaque fois que « l’autre-qui-vous-énerve-juste-à exister » passe à côté de vous.
Un cerveau qui vous fait prendre des risques et vivre des émotions plus grandes que nature. Parce que, oui, tout est plus intense à l’adolescence.
À cause de lui, en partie.
Et c’est aussi, disons-le, une période où on vit plusieurs de nos « premières fois ». Évidemment, ces émotions ne sont pas moins réelles. Une peine d’amour, c’est une peine d’amour. Et, puberté ou pas, on a envie de dévisser la tête de l’abruti qui lance le déprimant : « Un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s. »
Et là, vous ne serez peut-être pas d’accord avec moi, mais je trouve qu’il y a quelque chose de beau dans cette intensité. Ça dépend des jours, bien sûr. Les hauts sont à la mesure des bas. Or, vous vivez, messieurs, mesdames, pleinement. Et ça, c’est précieux.
Adulte, on gagne de nouveaux acquis, on en perd d’autres. Et c’est souvent lorsqu’on est privé de quelque chose qu’on en mesure toute la valeur.
Noémie, rédactrice en chef
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