novembre 2015

23 octobre 2015 - Curium S'abonnerAcheter ce magazine

Débranchez-moi SVP !

Je m’appelle Noémie. Et je suis immortelle : rien de plus banal. Vous aussi.

Wô… pas si vite ! Attendez avant de vous balancer dans le vide pour faire l’essai de votre nouveau prototype d’ailes en matériaux récupérés. Et évitez les selfies extrêmes enchaînés sous l’eau à la Houdini. Parce qu’à moins d’être un super-héros (si c’est le cas, écrivez-nous, on aimerait bien vous avoir en entrevue), ça risque de faire mal. Et seul votre « double numérique » s’en sortira indemne.

Personne ne meurt sur le web : tous, nous sommes destinés à l’éternité virtuelle. Vos coordonnées, vos commentaires, vos « j’aime », vos intérêts (selon les groupes auxquels vous adhérez), votre avatar (si vous en avez un), votre réseau de connaissances, votre réputation (ce que les autres disent de vous sur le net), vos publications (photos, textes, vidéos) : tout ça vous survivra.

Le jour de votre Xe anniversaire, deux ans après votre mort, pendant que vous célèbrerez avec les vers de terre, Facebook invitera-t-il vos proches à vous souhaiter bonne fête ? OK. C’est un peu glauque. Personne ici n’est sur le point de mourir. Certains diront même qu’il s’agit d’une heureuse révolution. Peut-être. Mais c’est tout de même un peu effrayant, non ? On a tous relâché une confidence ou l’autre sur Internet. Combien de millions de secrets en suspension dans le cloud ?

Et le hic, c’est qu’on n’a pas véritablement le contrôle. On ne peut pas dire : « Hey, Internet, au fait, ce que je te raconte, ça reste entre nous deux… OK ? » Alors, je vous le dis à vous : à moins qu’Internet et moi devenions les meilleurs amis du monde, et le web, un confident muet comme une tombe… si je meurs, débranchez-moi.

Noémie, rédactrice en chef