Dans la tête d’un manipulateur
Il vous persuade d’accepter une invitation pour un weekend de ski, alors que vous détestez la neige ? Elle vous fait rater une super soirée, parce qu’elle n’a pas envie d’y assister ? Consciemment ou pas, les maîtres de la manipulation savent tirer les bonnes ficelles pour arriver à leurs fins. Décryptage.
Certains sont dictateurs, gourous ou politiciens, mais il s’agit aussi parfois d’une amie, un amoureux, une cousine… Sous leur apparence inoffensive, les manipulateurs dissimulent leur véritable objectif : dominer.
« C’est un rapport de force et de pouvoir, explique la psychologue Stéphanie Léonard. Le manipulateur influence sa victime pour qu’elle agisse ou pense comme lui le veut. Pour réussir, il mise sur une série de stratégies socialement inadéquates, mais parfois subtiles. »
Les principaux talents du manipulateur
Mise en situation. Un ami vous demande de remplacer un joueur de son équipe de soccer samedi soir. Comme vous n’en avez aucune envie, vous déclinez poliment son invitation. Votre ami a un comportement manipulateur si…
• Il insiste malgré vos refus persistants. « Allez, une soirée ! Ce n’est quand même pas la fin du monde ! »
• Il cherche à vous culpabiliser. « Pourquoi est-ce que tu ne me donnes jamais rien, alors que je fais tout pour toi ! ? »
• Il ramène de vieux trucs qui n’ont aucun rapport avec la discussion. « Quand je pense que j’ai partagé avec toi ma barre tendre en septembre 2011… »
• Il vous menace et fait du chantage. « Si c’est ainsi, tu peux m’oublier pour le cinéma de vendredi prochain ! »
• Il tire des conclusions hâtives. « Je savais que tu étais un monstre »
En plus de ces réactions franchement détestables, le manipulateur en rajoute une couche avec des ruses sournoises qui contribuent à intimider, rabaisser ou contrôler son interlocuteur :
• claquer les portes ;
• raccrocher au nez ;
• partir en trombe sans donner d’explication ;
• refuser de parler ;
• bouder ;
• grimper aux rideaux pour un oui ou un non ;
• multiplier les sarcasmes.
Peu empathique, le manipulateur a perdu les notions de respect et d’écoute de l’autre. C’est un bulldozer sans pitié qui ne craint pas de tout pulvériser sur son passage !
Cinq techniques de contre-manipulation
Dans un monde idéal, on chasserait tous les manipulateurs de notre entourage d’un simple coup de balai. Mais la réalité est parfois plus complexe. La bonne nouvelle ? Les psychologues ont élaboré des techniques de contre-manipulation pour court-circuiter les stratagèmes du manipulateur.
1. Cesser de pardonner les agissements du manipulateur en se disant qu’il est simplement fatigué, stressé, impatient… Rien n’excuse le manque de respect.
2. Développer la répartie. Les manipulateurs excellent dans l’art de déstabiliser. La victime doit riposter du tact au tact.
3. Éviter de donner des détails. Les manipulateurs carburent aux informations, car elles leur donnent ensuite des munitions. C’est également pour cette raison qu’ils posent beaucoup de questions. Ils vont à la pêche !
4. Oublier les justifications. Toute argumentation rationnelle est inutile avec un manipulateur. Il faut clore la discussion au plus vite. Il traite sa victime de paresseuse ? Au lieu de lui prouver qu’il a tort en listant les 292 gentillesses qui lui ont été accordées, il suffit de lui clouer le bec avec une réplique sans appel : « C’est ton opinion », ou « Je ne suis pas d’accord, mais tu penses bien ce que tu veux » ou encore plus déconcertant un « Peut-être » bien indifférent. Dans les dents !
5. Faire preuve d’humour. La dédramatisation, la caricature et surtout le sarcasme peuvent lui couper l’herbe sous le pied.
Au secours, on me joue dans le cerveau!
Selon Stéphanie Léonard, la première chose dont la victime prend conscience, c’est le cocktail d’émotions désagréables que lui cause le manipulateur – colère, confusion, déception, doute, tristesse, culpabilité… Elle a toujours l’impression de devoir marcher sur des oeufs pour ne pas déplaire.
Au fil des mois, son estime personnelle s’effrite. Elle en vient à douter d’elle-même et finit même par donner raison au manipulateur. Et si elle était véritablement égoïste, paresseuse, ingrate ? «Pour éviter de revivre ces émotions négatives, la victime préfère acheter la paix, conclut la Dre Léonard. Elle perd son identité, sa valeur, son jugement… et s’en remet à l’autre pour ses décisions et ses opinions. Prise dans la toile de l’araignée.»
Attention danger
La manipulation a parfois de graves conséquences. La violence, qu’elle soit verbale ou physique, prend racine dans ce genre de comportement destructeur. Même chose pour l’intimidation.
Persuasion ou manipulation?
Un téléthon qui fait défiler des images touchantes pour nous convaincre de donner. Une publicité qui fait saliver avec ses gros plans de burgers bien juteux. Une vendeuse qui assure que cette robe un peu moche est la future tendance. Tout le monde (ou presque) cherche à nous convaincre.
Et c’est normal. « Le problème, nuance la Dre Stéphanie Léonard, c’est quand on bascule dans un rapport de domination. Les manipulateurs s’efforcent d’obtenir ce qu’ils veulent, sans égard pour la personne qui se trouve en face. Tous les coups sont permis ! »
Un texte de Julie Champagne
Excellent résumé de ce à quoi on peut faire face !
Ce que j’aime particulièrement, ce sont les exemples concrets de même que les contre-mesures, et … la nuance à faire. En effet, on peut être tous un petit peu manipulateurs à nos heures, sauf quand on veut TOUJOURS que ça se passe comme on l’entend. C’est ça, prendre du pouvoir sur les autres.
Excellent texte ! Wow!
Nous connaissons tous des étudiants dans nos écoles qui manipulent les autres comme s’ils étaient des marionnettes… Ce billet est très bien expliqué et bien détaillé.
Super !
Les manipulateurs humilient aussi par leur silence, quand ils ne répondent pas lors d’une discussion car ils ne sont pas d’accord ou pire encore, quand on a besoin de leur soutien et qu’ils fuient encore. Fuite par le silence, par le fait de s’en aller.
Pour ma part, je trouve que le silence est déstabilisant, presque pire qu’une agression physique. Le silence est égal à l’indifférence.