Un selfie pour la science [Vidéo]
Grâce aux technologies, chacun peut faire progresser la recherche scientifique. La preuve : de simples photos de voyage contribuent maintenant à la protection des raies manta !
Majestueuses et très intelligentes, les raies manta fascinent. Mais la surpêche menace leur survie. Pour étudier et suivre les déplacements de ces géants des mers, les scientifiques peuvent doter chaque raie d’une sonde-émettrice à 6 000 $ pièce… ou demander aux plongeurs du monde entier d’envoyer leurs selfies sous-marins au projet Manta Matcher !
Fondée en 2012, cette base de données accessible en ligne contient déjà plus de 21 000 photos de 8 939 raies observées partout dans le monde : Brésil, Thaïlande, Mozambique, Hawaii…
« Touristes, plongeurs et photographes amateurs ou professionnels peuvent contribuer à ce projet mondial de science citoyenne en soumettant leurs photos sur le site », dit Anna Flam, coordonnatrice de Manta Matcher.
Il suffi t d’indiquer la date et l’endroit où la photo a été prise, ainsi que toute autre information pertinente – profondeur, comportement de l’animal, cicatrices… Des spécialistes valident le tout avant d’ajouter une observation à la base de données, qui contient aussi les images prises par des chercheurs lors d’expéditions scientifiques.
Reconnaissance ventrale
« On peut identifier les raies grâce aux taches sur leur ventre. Chaque motif est unique, comme une empreinte digitale », explique Anna Flam. Un algorithme de « reconnaissance ventrale » créé spécialement pour Manta Matcher vérifie donc si la raie se trouve déjà dans la base de données ou s’il s’agit d’un nouvel individu.
En récoltant des données sur plusieurs années, on accumule parfois une vaste collection de clichés d’un même animal. C’est très précieux. « On peut suivre leur cycle de vie : savoir quand elles sont en gestation, connaître l’âge approximatif des individus, suivre leurs déplacements… », dit Anna Flam.
Des retombées réelles
En 2014, Manta Matcher a ainsi permis de confirmer que certaines raies d’Indonésie migraient d’une région à l’autre, ce qui a poussé le gouvernement à renforcer leur protection dans ses eaux. « Comme notre base de données était très riche, on savait qu’on n’avait pas affaire à quelques raies égarées loin de chez elles, mais bien à une véritable migration », explique Anna Flam.
La base de données Manta Matcher est actuellement utilisée par une centaine de chercheurs à l’échelle mondiale. Et plus elle s’enrichit, plus elle est utile.
« Manta Matcher est née à l’ère de la photo numérique, mais rien n’empêche les photographes d’ajouter des photos prises il y a 20 ou 30 ans… Comme on estime que les raies peuvent vivre plus de 40 ans, ces images permettent de faire des suivis à long terme », dit Anna Flam.
Une raie nommée Triangle
Aux débuts du projet, l’algorithme n’était pas au point. La chercheuse devait classer les photos manuellement, un travail long et fastidieux. L’avantage ? Elle a fi ni par apprendre par coeur les noms et caractéristiques distinctives de plusieurs raies.
Depuis qu’elle habite à Praia do Tofo, petit paradis de la plongée sous-marine situé sur la côte du Mozambique, Anna a même croisé certains de ses protégés : « Six mois après mon arrivée ici, j’ai reconnu Triangle alors que je faisais de la plongée. C’était magique de reconnaître dans la nature une raie que j’avais déjà vu mille fois à l’écran ! »
FOULE SCIENCE !
Quatre idées pour faire progresser la science en direct de votre chambre.
Ce projet de Google vise à entraîner des ordinateurs à reconnaître les gribouillis simples. On vous donnera 20 secondes pour dessiner un crabe, un avion ou une maison. Trop cool de voir les dessins des autres participants ! (En anglais seulement)
Votre mission ? Classer les galaxies selon leur forme pour aider les astronomes à choisir lesquelles méritent d’être observées plus en détail. Le temps de télescope est limité et précieux ! (Disponible en français)
Les biologistes ont installé des caméras automatiques dans le Parc National du Serengeti, en Tanzanie. Il faut identifier les animaux et ce qu’ils font dans la photo. (En anglais seulement)
Transcrire des fragments de manuscrits anciens, annoter des photos prises dans la jungle, classer des images de galaxies… Des dizaines de projets de science citoyenne sont disponibles sur le portail Zooniverse, qui compte plus de 1,6 million de membres volontaires.
Texte : Raphaëlle Derome
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