Momie au menu
Si la momification assure une vie éternelle dans l’au-delà, pourrait-elle aussi améliorer la santé des êtres vivants?
Dès le 5e siècle, en Occident, on tente par tous les moyens de guérir les maux du quotidien. La solution divine ne provient pas d’une plante aux vertus médicinales incroyables ni d’un animal sacré : l’antidote réside dans le corps humain.
Le sang des gladiateurs peut ainsi soulager l’épilepsie. La graisse humaine est un incontournable dans les remèdes maison. Bref, le cannibalisme médical a la cote.
Au 11e siècle, les promesses d’un nouvel ingrédient sont sur toutes les lèvres : la poudre de momie. Les apothicaires vantent ses propriétés médicales et surnaturelles. Les médecins prescrivent de la chair ou des os broyés pour guérir les maux de tête, les douleurs à l’estomac ou encore la peste bubonique.
Les corps embaumés auraient-ils le pouvoir de soulager les malades et les personnes souffrantes?
Vols de morts
La demande explose, chez les riches comme chez les pauvres. Il n’en faut pas plus pour lancer une véritable chasse à la momie! Les tombes égyptiennes sont pillées les unes après les autres. Un effroyable saccage pour récupérer les précieux corps emmaillotés.
Bien vite, les dépouilles égyptiennes ne suffisent plus. Un commerce de fausses momies voit le jour. La nuit tombée, des malfrats visitent les sites d’exécution pour s’emparer des cadavres de la journée. On vole également les dépouilles d’esclaves ou tout autre corps fraîchement décédé.
Consommer des personnes défuntes au passé inconnu, est-ce vraiment l’idéal pour guérir? Et d’où vient cette idée que la poudre de momie est porteuse de vertus miraculeuses?
Au fil du temps, les effets de la consommation de momies sont remis en question. À la fin du 19e siècle, l’Europe passe au prochain appel.
Surprise pharaonique
Il faut attendre les recherches de l’historien Karl Dannenfeldt, en 1985, pour jeter un éclairage sur les origines de ce mystérieux engouement. Il s’agirait, ô malaise, d’un simple malentendu.
Dans le monde arabe du Moyen Âge, on s’arrachait la mumia, une substance cireuse naturelle s’écoulant des flancs rocheux d’une montagne persane. On l’utilisait pour soigner les blessures ou traiter les empoisonnements.
Lors des croisades, du 11e au 13e siècles, deux cultures se rencontrent. L’Occident veut en apprendre davantage sur l’Orient. Pour ce faire, on lit et traduit les ouvrages arabes. À cette occasion, l’appellation mumia, venant de mum pour la cire, se transforme en mummy (momie en anglais).
Cette malencontreuse erreur de traduction aura poussé des milliers de personnes à croquer des momies des siècles durant. #oupsidoupsi
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