Histoire d’ados: L’héritage de ma mère
De la couleur, du frou-frou, de la musique pop et des fleurs. Ça c’est moi. Je suis « une fille arc-en-ciel ».
À l’âge de 11 ans, ma famille et moi nous sommes retrouvées en Nouvelle-Calédonie, à l’autre bout du monde en plein milieu du Pacifique. Je vivais ma première canicule. Je m’en souviens encore : à peine sortie de l’avion, paf ! Un mur de chaleur immense m’a frappée de plein fouet. 35 degré Celsius ! Alors que j’avais quitté le Canada, à -40… Adieu les tempêtes hivernales et bonjour les cocotiers !
Mais, enivrée par la beauté exotique de mon nouveau chez-moi, quelque chose de plus grand m’attendait …
Nous avons accompagné ma mère dans son combat contre le cancer.
Ma mère était un vrai soleil pétillant de beauté, de joie de vivre et d’amour. Je crois qu’elle est née sur la planète « bonheur » ! Des perruques de clown, des vêtements extravertis, des lunettes des années 60, elle aura tout porté ! Un vrai chefd’oeuvre, ma maman !
Mon séjour de 5 ans en Nouvelle-Calédonie a donc été ensoleillé malgré les épreuves que ma famille et moi avons traversées. En plus, je suis devenue une fille homard avec mes coups de soleil, j’ai fait de la voile avec des dauphins, joué au cirque avec les poissons-clowns et nagé avec des requins sauvages pour la première fois ! Aujourd’hui, de retour au pays des bonshommes de neige et des chocolats chauds, j’ai enfin rencontré le garçon de mes rêves. Mon amoureux me fait voir encore plus la beauté du monde depuis que ma mère, mon héroïne, est devenue notre ange gardien. Grâce à cette battante exceptionnelle, j’ai appris à toujours garder un soleil dans mon coeur. La vie mérite d’être vécue. La vie mérite d’être savourée et dégustée. Et c’est ce que je fais tous les jours.
RÉFLEXION DE LA RÉDAC
Voilà un bel exemple de résilience. Malgré le deuil de sa mère à un jeune âge, Marguerite poursuit sa route.
La résilience, selon le psychiatre Boris Cyrulnik, c’est la capacité d’une personne à faire face à une situation difficile, à rebondir et vaincre ainsi des situations traumatiques. Hélas, nous n’avons pas tous la même capacité de résilience.
Pourquoi ? Tout dépend de nos facteurs de protection personnels, familiaux et environnementaux. Des exemples de ces facteurs ? Les personnels : une bonne estime de soi, la capacité à réguler ses émotions, la capacité à donner un sens à l’événement difficile… Les familiaux : un attachement sécurisant en bas âge, un modèle parental adaptatif devant les épreuves… Les environnementaux : un bon réseau social, la fréquentation d’un bon milieu scolaire…
La bonne nouvelle, c’est qu’il est toujours possible d’améliorer et d’entretenir sa résilience. En travaillant sur soi et sur son environnement. Voici un conte inspirant en ce sens : un vieil Amérindien explique à son petit fils que chacun de nous a en lui deux loups qui se livrent bataille. Le premier loup représente la sérénité, l’amour et la gentillesse. Le second loup représente la peur, l’avidité et la haine. « Lequel des deux loups gagne ? » demande l’enfant. « Celui que l’on nourrit », répond le grand-père.
Sophie Leroux, psychologue
publiez votre commentaire
dites-nous ce que vous en pensez