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Les tatouages – L’électron libre

18 février 2022 - Mathieu Charlebois

Après deux décennies d’hésitation et de niaisage, j’ai finalement eu mon premier tatouage. Le dessin, un œil avec une pupille en cœur et des flammes au-dessus, est gravé sur l’intérieur de mon bras gauche pour le restant de mes jours.

 

Le restant de mes jours, ça fait beaucoup de jours. En tout cas, je l’espère. Trouver quelque chose que je voudrais avoir pour toujours dans la peau, littéralement, ça m’a pris du temps. J’ai pensé au logo de mon groupe préféré, mais… et si leur prochain album est inécoutable? J’ai songé à une petite phrase, un peu brillante, un peu drôle, mais j’ai eu peur de ne plus être d’accord avec moi-même, un jour. Un dessin sans sens caché, qui se contenterait d’être beau, alors? Encore là, les goûts changent, et j’ai peur de me lasser.

L’indécision s’est donc étirée sur des années. Des années qui, ironiquement, ont été remplies de choix autrement plus cruciaux.

Il y a les choix que je savais importants. Aller étudier en musique. Puis en journalisme. Accepter d’écrire dans Curium, sans être certain d’avoir quelque chose à dire. Adopter mon chat. Aller en appartement.

Et il y a les choix faits sans trop y penser, et sans savoir qu’ils deviendraient importants par la suite. Pourquoi ai-je swipé cette fille qui n’avait qu’une seule photo, un peu floue, sur Tinder?

Je ne le sais toujours pas, mais on sort quand même ensemble aujourd’hui et c’est le grand amour. En allant à un party de fête, je ne savais pas que je me ferais une amie avec qui j’écrirais un livre, sept ans plus tard.

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Toutes ces décisions sont comme des tatouages que je traîne et qui font de moi ce que je suis maintenant.

Voici le tatouage de ma décision de prendre l’option Concentration musique, plutôt que Math 536. Ici, celui de l’emploi qui aurait pu changer ma vie, mais que je n’ai pas eu parce que je ne me trouvais pas assez bon pour envoyer mon CV. Et ici, le tatouage de la fois où j’ai partagé mes raisins avec Vincent, qui habitait au bout de la ruelle et qui est devenu mon ami.

Pourquoi un vrai tatouage aujourd’hui, après des années d’hésitation? Me suis-je débarrassé de la peur de ne plus être d’accord avec mon choix dans quelques années? Pas du tout. Peut-être qu’en 2045, je vais toujours porter des manches longues, pour cacher mon œil en feu.

Mais ce dessin, c’est moi, maintenant. On se trompe rarement en étant soi-même.

Mathieu Charlebois
Chroniqueur et auteur d’humour

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