L’Électron libre web : La longue marche
Au moment où j’écris ces lignes, les pancartes de la grande marche pour le climat du 15 mars sont à peine rangées et on regarde encore les photos en se disant « Wow ». Parallèlement, trois ou quatre fatigants n’ont pas encore fini de se plaindre que c’était difficile de rouler en voiture à cause des manifestants. Bouhouhou, emoji de bonhomme triste.
Toi qui est dans le futur, tu sais déjà quelle a été la suite. Le mouvement a-t-il pris tellement d’ampleur que les professeurs donnent leurs cours en marchant ? Est-ce que les politiciens ont compris le message, l’environnement est sauvé et les bélugas nous font des high five? Cool!
Mais… je doute que ce soit ce qui est arrivé. C’est assez rare que ça fonctionne, les manifestations. Honnêtement, je ne sais pas si j’en ai déjà fait une qui ait directement mené à un changement concret. On n’a pas empêché la guerre en Irak en 2003. Raïf Badawi est encore en prison six ans plus tard. Et même si on était 250 000, juste à Montréal, pour le Jour de la Terre en 2012, laissez-moi vérifier… hum hum… c’est bien ce que je pensais : l’environnement ne va pas vraiment mieux.
Mais on ne mesure pas l’efficacité d’une manifestation par ses résultats immédiats.
Le plus souvent, quand on manifeste, on le fait surtout pour ne plus être seul. On s’y rend pour réaliser que nous sommes des milliers à vouloir la même chose. Ce sentiment puissant qu’on ressent quand on marche dans une mer de monde, c’est le gaz qu’on met dans la machine pour continuer à rouler même quand rien ne semble vouloir bouger.
Bon… c’est sûr qu’une métaphore de machine à essence pour parler d’environnement, ce n’est pas l’idée sur siècle. Mais vous comprenez ce que je veux dire.
La motivation qui s’étire dans le temps et qui ne fléchit pas, c’est ÇA qui fait bouger les choses. La manif, ce n’est pas une fin, c’est un début.
On va marcher ensemble. On va crier ensemble. On partage la rue ensemble. On se sent invincibles ensemble. On rentre ensuite à la maison, tout seul, pour se rendre compte qu’on ne l’est plus, tout seul. Nous sommes des milliers, et le monde n’a qu’à bien se tenir!
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