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La révolution est dans le pré

24 mars 2025 - Simone Caron iconfb iconth iconbs iconred

Les changements climatiques représentent un défi majeur en agriculture. Comment s’adapter? Trois jeunes nous ouvrent la porte de leur ferme.

Photo : © Joe Alvoeiro

Georges Drouin
13 ans
Ferme de l’étang du Vallon
Maïs et production laitière
Compton, Estrie

Georges sait déjà ce qu’il veut faire plus tard : agriculteur. «Je me trouve tellement chanceux d’habiter dans une ferme! Je m’amuse à tester différentes manières de faire pousser le maïs pour voir ce qui marche le mieux.»

Il se sent surtout privilégié de vivre aussi près des animaux. «Nos vaches sont vraiment affectueuses. Quand j’étais petit, je me couchais sur leur dos pour faire la sieste.»

Une ferme avant-gardiste

La famille de Georges participe au laboratoire vivant pour un lait carboneutre. Cet important projet de recherche vise à réduire l’empreinte carbone de l’industrie laitière.

Pendant cinq ans, différentes méthodes écologiques sont testées sous l’oeil attentif des scientifiques. Quelles sont les plus efficaces, réalistes et rentables?

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Une empreinte plus digeste

Près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’industrie laitière viennent du méthane, un gaz 28 fois plus puissant que le CO2. En cause : les rots du bétail. Peut-on vraiment réduire l’empreinte carbone du lait, alors que les vaches polluent autant? «Oui!», s’exclame Georges.

En offrant aux vaches une alimentation plus riche en gras et en amidon, on réduit la fermentation dans leur estomac. Ce qui diminue la production de rots!

Éventuellement, la ferme souhaite aussi s’allier avec d’autres propriétaires agricoles pour entreposer leur fumier dans un méthanisateur. Cet équipement récupère le méthane qui s’échappe du fumier pour en faire du gaz naturel renouvelable.

Au puits, le carbone!

En plus de réduire ses émissions de GES, la famille de Georges s’efforce de maximiser l’absorption de carbone dans ses champs.

Les sols ont le pouvoir de capter du carbone de l’atmosphère et de l’enfouir dans la terre sous forme de matière organique. Pour ce faire, les champs ne doivent pas être laissés à nu entre les récoltes. La ferme mise donc sur des cultures de couverture. Ces plantes ne sont pas récoltées, mais elles captent du carbone grâce à la photosynthèse.

Photo : © Joe Alvoeiro

Victoria Grégoire
15 ans
Ferme Grégoire-Dorantes
Maïs, soya, pois
Saint-Cyprien-de-Napierville, Montérégie

Une génération au front

Trois générations travaillent ensemble à la ferme Grégoire-Dorantes. Victoria et son frère Mathéo prêtent main-forte à leurs parents et à leur grand-père paternel, surtout lors des récoltes.

Inspirée par ses parents, Victoria a aussi la fibre entrepreneuriale. Elle souhaite un jour reprendre la ferme avec son frère.

«Les jeunes de mon âge se trouvent un emploi à l’épicerie vers 14 ans, mais pas moi. D’une certaine manière, je travaille déjà depuis longtemps, mais sans m’en rendre compte. J’apprends mon futur métier en passant de beaux moments en famille. J’aime beaucoup ça!»

Cultiver la bienveillance

Le monde agricole est souvent pointé du doigt lors des débats environnementaux. À cela, Victoria réplique : «On vit de la nature, alors on est les mieux placés pour vouloir la protéger.»

Elle précise aussi que les agriculteurs et agricultrices n’utilisent pas de pesticides par plaisir. Après tout, ces personnes sont les plus exposées aux risques.

Les conditions de travail et la santé mentale des gens de l’industrie sont des sujets qui touchent particulièrement Victoria. Une ferme, c’est aussi des humains!

«On fait notre possible, mais on doit aussi prendre soin de nous. Si on s’épuise, qu’on déprime ou que notre entreprise n’est plus rentable, on devra tout arrêter. Il faut protéger les fermes familiales, sinon il ne restera plus que d’immenses fermes industrielles.»

La techno au rendez-vous

La technologie s’est beaucoup améliorée dans les dernières années. Victoria et sa famille réduisent les impacts environnementaux de leur ferme grâce à l’agriculture de précision. «On utilise un drone pour géolocaliser les endroits précis de la terre qui manquent d’un certain nutriment. De cette manière, on évite d’épandre inutilement des engrais et on réduit le gaspillage!»

Réduire l’épandage de fertilisants, c’est bon pour le climat! Les engrais chimiques azotés sont responsables de 10 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole.

Les tracteurs de la famille Grégoire-Dorantes sont maintenant équipés d’un filtre à urée qui élimine les oxydes d’azote émis par la combustion du diesel. Les silos de séchage du grain ont été réaménagés pour limiter les pertes de chaleur. La consommation de propane a ainsi été réduite de moitié.

Photo : © Joe Alvoeiro

Jordan Roberge
27 ans
Agronome et maraîcher
Ferme Roberge-Innov
Cultures maraîchères
Saint-Isidore, Beauce

Le maïs dans le sang

Jordan a grandi dans une ferme, comme son père et son grand-père. À l’école, il parlait de vaches et de blé avec ses ami·e·s. «J’ai toujours su que je voulais être agriculteur!»

Après des études universitaires en agronomie, Jordan a démarré sa propre ferme maraîchère. Sa mission : innover pour contribuer à une industrie agroalimentaire plus durable et autonome.

Le secret est dans le sol

«La machinerie lourde compacte les sols au point où les racines des plantes ne poussent plus assez profondément pour capter les nutriments nécessaires. Il faut compenser en ajoutant toujours plus d’engrais. Après quelque temps, le sol n’est plus rentable à cultiver.»

Pour renverser cette tendance, Jordan pratique l’agriculture régénératrice. Cette approche conserve et restaure les fonctions du sol en imitant la nature plutôt qu’en essayant de la contrôler. Par exemple, Jordan enrichit le sol avec des végétaux et du fumier.

«Je fais aussi pousser du trèfle entre mes rangées de maïs, au lieu de laisser le sol à nu. Ça empêche l’érosion. En plus, les racines aèrent le sol, ce qui favorise la biodiversité microbienne.»

Les semences s’éclatent!

Une variété de maïs qui goûte le beurre, ça existe! Jordan la cultive et la vend sous forme de pop-corn. «J’ai testé une vingtaine de variétés de maïs avant de choisir. Je veux produire de la nourriture saine, nutritive et goûteuse, mais je veux aussi que les plants soient adaptés à notre climat.»

L’agriculture durable ne dépend pas uniquement de l’entretien des champs. Au-delà de leur rendement, les plantes choisies doivent être adaptées à nos conditions climatiques.

Un système à repenser

Jordan souhaite rallier ses collègues autour de sa vision de l’agriculture durable. «L’aspect financier peut faire peur, mais il est possible de travailler autrement.»

Il ajoute toutefois que l’agriculture responsable ne repose pas uniquement sur le dos des agriculteurs et des agricultrices. Toute l’industrie alimentaire doit revoir ses façons de faire.

«Les fermes doivent toujours produire plus pour être compétitives, au point d’appauvrir nos sols, déplore Jordan. Pendant ce temps, 40 % de la nourriture est jetée! Il faut réduire le gaspillage.»

 

Pour lire le dossier complet, consultez le magazine d’avril 2025.

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