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La poésie, c’est la liberté !

18 novembre 2022 - Lucile de Pesloüan

Une effervescence nouvelle s’empare du milieu littéraire. La poésie rejoint un public grandissant, en plus d’être souvent déclamée dans les festivals, les cafés et autres scènes libres.

Plusieurs maisons d’édition québécoises, comme La courte échelle, La Bagnole, Boréal ou encore Héritage, mettent de l’avant les mots de plumes éclatées, dans des collections pensées spécialement pour les ados.

 

Livres de poésie
Peigner le feu par Jean-Christophe Réhel, La pluie des autres par Daphné B. et La voix de la nature par Gabrielle Boulianne-Tremblay

Tout écrire, tout dire

« La poésie est un univers parallèle, dit Catherine Cormier-Larose, poète et directrice du Festival de la poésie de Montréal. Un safe space où non seulement il est permis de tout dire, mais où c’est même célébré ! La poésie peut tout. Cet espace de liberté est crucial à l’adolescence. »

La poète Daphné B. a ressenti l’urgence d’écrire à dix ans : « Je vivais beaucoup de tristesse et c’est la façon que j’avais trouvée d’exorciser mes émotions. » Si elle a d’abord imité la poésie enseignée à l’école, Daphné B. a ensuite tenté de mettre en mots comment elle se sentait, de livrer ses émotions à chaud.

Cette autrice se donne toujours plus de liberté dans la forme : « La poésie, c’est une manière d’écrire qui permet tout, il n’y a aucune règle. Quand j’écris, j’essaie de désapprendre les règles intériorisées à l’école. »

La pluie des autres
Je vais sortir nos secondes de ma poche et perdre des heures
à les regarder – Daphné B.

La fresque adolescente

Les poètes d’aujourd’hui bousculent les conventions. Ouste les vers indéchiffrables et les références dépassées ! Une fois de plus dans son histoire, la poésie s’est métamorphosée pour mieux raconter son époque, avec émotion et clarté.

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Dans La voix de la nature, Gabrielle Boulianne-Tremblay s’est replongée dans ses souvenirs pour parler de son vécu d’adolescente née dans un corps de garçon. Plus qu’un recueil sur la transidentité, c’est l’histoire d’une jeune fille qui cherche à s’affirmer, à être reconnue et à trouver sa place dans le monde. L’autrice a choisi la poésie, car ce genre littéraire l’aide à mettre des mots sur ses émotions. « C’est comme ça que je peux continuer à avancer dans la vie », confie-t-elle.

Peigner le feu
Je cache mon lunch dans mon sac à dos
J’aimerais me mettre en boule
Être très petit et vivre dans mon sandwich
Éteindre toutes les lumières dans mon sandwich.
– Jean-Christophe Réhel

De son côté, Jean-Christophe Réhel parle d’anxiété et des difficultés de l’existence dans son recueil Peigner le feu. Avant d’entamer ce projet, il pensait qu’écrire pour les ados serait complètement différent que d’écrire pour les adultes : « Je me trompais, c’est la même chose. Ce sont les mêmes peurs, les mêmes joies. »

Daphné B. a tout de suite été emballée par l’idée d’écrire pour les jeunes : « Je peux leur parler de situations que j’ai vécues, mais que je ne retrouvais pas à l’époque dans les trucs en alexandrins qu’on me faisait lire en classe. » Dans La pluie des autres, elle parle d’amour sous toutes ses formes, « des relations hyper intenses, magiques, mais aussi un tantinet toxiques ».

La voix de la nature
Je superpose ma voix à celle de la chanteuse. Les paroles trouvent de l’ordre dans le chaos de mes journées, soulagent les sanglots de mes nuits.
– Gabrielle Boulianne-Tremblay

La liberté de mieux se comprendre

Écrire de la poésie permet de mettre des mots et des images sur nos émotions. « C’est une manière de dire les choses autrement, explique Catherine Cormier-Larose. Ça nous permet d’inviter les autres à l’intérieur de notre histoire. »

Par contre, rien ne nous oblige à dévoiler nos écrits avec notre entourage ! La poésie est libre, c’est correct de ne pas avoir envie de dévoiler nos états d’âme. « C’est une forme d’art qui pousse à l’exploration. On prend des risques, et cela peut nous aider à découvrir ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas », souligne Daphné B.

Pour ceux et celles qui souhaiteraient se lancer, le site web de l’organisme Les voix de la poésie propose plusieurs exercices de création. Comme écrire à partir de votre chanson préférée, ou encore réfléchir au quotidien d’un objet qui vous entoure. Si certains textes se forment rapidement, d’autres demandent plus de temps.

Quelle que soit la manière de procéder, on recommande aux poètes en herbe de ne pas jeter leurs brouillons. Ils pourraient servir d’inspiration plus tard.

Sortez vos crayons ou branchez votre clavier et gardez en tête cette réflexion de Catherine Cormier-Larose : « On sait rarement où le poème va nous mener et c’est ce qui en fait sa beauté. » 

Voici des extraits poétiques à écouter. Jean-Christophe Réhel vous présente Peigner le feu et Daphné B. vous présente La pluie des autres.

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