Je, me, moi… ou le narcissisme
S’aimer trop, c’est possible? Quand il s’agit d’un trouble de la personnalité, le narcissisme n’est pas sans conséquence.
Tout le monde est narcissique à ses heures. Il est nécessaire de se préoccuper un minimum de soi, ne serait-ce que pour survivre, selon le psychologue Hubert Van Gijseghem.
À petite dose, le narcissisme nous pousse au dépassement de soi et nous permet de contempler avec fierté nos accomplissements. On peut très bien déborder de générosité et d’empathie tout en cultivant un brin d’égocentrisme. On parle alors d’un trait de personnalité. Rien de problématique jusque-là.
Mais parfois, le narcissisme prend des proportions exagérées. On le considère alors comme un trouble de la personnalité narcissique.

Mon formidable nombril
Le narcissisme extrême n’est pas l’apanage des riches et célèbres. Il peut toucher un membre de votre famille, votre partenaire romantique ou même votre professeur.
Ce trouble se caractérise par une gestion problématique des relations interpersonnelles. La personne narcissique se croit supérieure aux autres. En tout temps et en tout. Le centre de l’univers, c’est elle!
Comme la personne narcissique possède une empathie limitée, elle manipule les autres sans remords ni culpabilité. Toutes les ruses sont permises pour parvenir à ses fins. Ses comportements malsains entraînent une souffrance importante, chez elle comme chez son entourage.
Décerveler pour mieux régner
Une technique de manipulation couramment utilisée par ce type de personnalité est le détournement cognitif, ou gaslighting. Elle consiste à faire douter l’autre de ses propres pensées. De discréditer les propos et les émotions des autres afin d’imposer sa propre supériorité.
Alerte au diagnostique bon marché
Un gars de votre fil Instagram publie des dizaines de photos de lui par semaine? «Trouble de la personnalité narcissique», scandez-vous aussitôt!
Pas si vite! Peut-être cherche-t-il simplement à combler un manque d’estime de soi? Ou est-il en quête de témoins bienveillant·e·s de son existence, comme l’ensemble des humains? Ne perdez pas votre énergie en tentant de diagnostiquer tout comportement jugé problématique. Une évaluation psychologique exige temps et expertise. Laissez ça aux spécialistes!
Ça se soigne?
Selon le psychologue Hubert Van Gijseghem, les narcissiques ne consultent pas pour soigner leur trouble : «Comme ces personnes n’ont pas l’impression d’avoir un problème, elles ne cherchent pas à se faire aider en thérapie.»
Du haut de leur sentiment de toute-puissance, les narcissiques ne font que peu d’introspection. À quoi bon, puisque c’est toujours la faute des autres? (tousse-tousse) Il ne faut donc pas s’attendre à ce que votre narcissique à charge se transforme un jour en Calinours!
Selon le psychologue, les troubles de la personnalité ne se guérissent pas. En revanche, ils ont tendance à s’estomper avec l’âge.
Des cicatrices profondes
Pour l’entourage, les blessures sont loin d’être superficielles. Ces dommages collatéraux ont poussé la psychologue américaine Ramani Durvasula à développer une expertise sur ce trouble. Dans ses ouvrages, elle décrit ainsi le modus operandi de la personnalité narcissique :
Étape 1
La campagne de séduction commence! Des cadeaux et des compliments à profusion dans le cas d’une relation amoureuse, des encouragements et des privilèges dans une relation de travail. Vous êtes sous le charme!
Étape 2
Le ou la narcissique vous glisse des remarques désobligeantes. Votre habillement est étrange, votre maquillage n’est pas approprié, votre façon de regarder les autres filles est suspecte… La confusion s’installe.
Étape 3
À force de reproches, la victime se culpabilise de tout. «Qu’ai-je fait de mal pour que cette personne autrefois si gentille et si attentionnée se dise perpétuellement blessée par mon comportement?» Elle perd confiance et développe une hypervigilance : elle surveille tout ce qu’elle dit, tout ce qu’elle fait. Des séquelles qui nécessitent plusieurs années de guérison.
Un «psy» conseil
Vous soupçonnez un cas dans votre entourage? La meilleure chose à faire est d’analyser la relation, et non pas l’individu. Comment vous sentez-vous en sa présence? Ressentez-vous un niveau élevé d’anxiété lorsque cette personne se trouve près de vous? Avez-vous le sentiment de marcher constamment sur des oeufs pour ne pas attiser sa colère?
L’important n’est pas de mettre un nom sur le trouble psychologique. On laisse ça aux spécialistes de la santé mentale! Votre responsabilité, c’est de veiller sur votre bien-être. La relation vous apporte plus de mal que de bien? Narcissisme ou pas, prenez vos distances!
publiez votre commentaire
dites-nous ce que vous en pensez