Suicide: le côté obscur du cerveau
Chaque jour, le suicide emporte environ dix personnes au pays. Dix morts et une question qui persiste : pourquoi ?
Quand le désespoir, la solitude, la noirceur et le découragement occupent toute la place, quand on a l’impression que plus rien ni personne ne peut soulager le mal qui nous ronge, le suicide devient parfois la seule échappatoire», explique la psychologue Stéphanie Léonard.
Loin de la décision froide et rationnelle, le suicide est plutôt le résultat d’un processus complexe, un cocktail explosif d’ingrédients biologiques, psychologiques et environnementaux.
Passer à l’acte
Bien sûr, le fait de traverser un épisode sombre ne conduit pas directement au suicide. Les idées noires sont très fréquentes, surtout à l’adolescence. On estime qu’elles touchent de 7 à 10 % des gens. On peut donc être dépressif et avoir des idées noires sans nécessairement passer à l’acte.
Comment alors cibler les personnes à risque ?
De nouvelles études suggèrent une composante génétique au suicide : « Certaines personnes sont plus vulnérables, admet le psychiatre Gustavo Turecki, aussi directeur du Groupe McGill d’études sur le suicide et codirecteur de la banque de cerveaux de l’Institut universitaire en santé. On sait par exemple que les maladies mentales sont le principal facteur de risque lié au suicide. Et les maladies mentales ont en partie des composantes génétiques. » On note également une différence dans la production de sérotonine chez les personnes qui se sont suicidées.
Normalement, la sérotonine (un messager chimique ou neurotransmetteur) est produite dans les noyaux du raphée et distribuée partout dans le cerveau. Chez les personnes suicidées, on constate que les neurones produisaient davantage de sérotonine, mais que celle-ci n’atteignait pas le lobe préfrontal en quantité suffi sante. Résultat : un « dysfonctionnement » du cortex préfrontal (centre du raisonnement).
La recherche indique que le tempérament peut également peser dans la balance. L’impulsivité, l’émotivité et l’agressivité sont d’importants facteurs de risque.
Et puis, il faut généralement ajouter un élément déclencheur pour mettre le feu aux poudres. Intimidation, rupture amoureuse, difficultés scolaires, tensions familiales… Le contexte environnemental joue donc un rôle majeur dans l’équation.
Des chiffres qui font mal
-Aux États-Unis, les hommes se suicident QUATRE FOIS PLUS souvent que les femmes. Ils représentent 78 % de tous les cas de suicides.
-Le Québec détient le triste record du plus haut taux de suicide au pays, avec une moyenne de 3 personnes par jour.
–40 000 à 50 000 : nombre de Canadiens en deuil chaque année à la suite du suicide d’un proche.
–9 fois sur 10, le suicide est lié à une forme de trouble mental, plus généralement à une dépression majeure, mais aussi à la toxicomanie, à la schizophrénie et aux troubles bipolaires.
Texte : Julie Champagne
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